Week end en Terres Baujues (la suite)
Après un samedi en juin (cf article « Samedi Trail en Terres Baujues » ), nous revoici dans les Bauges. Nous ne sommes plus vraiment le même groupe, mais nous sommes tous bien décidés à passer un bon week-end à parcourir les pentes, parfois mordantes, de ce massif pré-alpin. Un seul petit bémol. Lequel me diriez-vous, et bien je répondrai toujours le même chose, la météo ! Une dégradation orageuse est annoncée pour dimanche après-midi. Soit ! Nous faisons donc preuve de souplesse -comme nous invite à le faire notre encadrant Alexandre ;) - et il est décidé de faire la sortie longue le samedi, puis la courte le dimanche. Nous réduisons ainsi les chances de nous faire tremper.
Comme en juin, il y a deux groupes, pour essayer de s’adapter au mieux au niveau de chacun. Les deux groupes partent finalement assez tard du parking du Nant Fourchu (vers 10h30). Il fait beau et chaud, rien à voir avec juin et cela donne la pêche à tout le monde. Pour le samedi, je parlerai pour le groupe qui a fait la plus grosse distance (25km, 2000mD+). Nous commençons par un sentier en lacets plus ou moins serrés et plus ou moins indiqué pour monter à la croix d’Allant. Il faudra pousser quelques génisses du chemin pour l’atteindre, quelle ambiance savoyarde ! Un peu de replat jusqu’au Plan de la Limace, avant de se relancer dans le passage de Plan Mollard, bien raide et parfois glissant.
Encore un effort et le Mont de la Coche (2070 m) est atteint. De là-haut nous pouvons constater que le Mont Blanc n’a pas été kidnappé par le mauvais temps comme en juin. Il est là, fier et immuable. Nous nommons les autres sommets aux alentours sur cette vue à 360° pendant que nous pique niquons : la Tournette, les Aravis, la Sambuy, les Dents d’Arves, les Belledonnes, le Granier, les Monts Colombiers (des Bauges et du Jura), etc. La liste est longue !
Pour la suite, nous visons l’Arcalod (2217 m), le toit des Bauges. Il faut donc redescendre du mont de la Coche, viser sous le Banc Ferrand, puis remonter à un petit col. La terre humide et les cailloux lisses en feront tomber plus d’un. Heureusement, rassurez-vous, ces cascades sont assurées par des professionnels, il n’y a pas eu de blessé.e.s ! Une fois au petit col, le groupe monte quelques lacets avant d’atteindre la dernière partie pour arriver au sommet : la partie « si c’est trop dur, c’est que tu te trompes de chemin » puisque le sommet de l’Arcalod n’est accessible que pour ceux qui aiment poser les mains sur le caillou et qui ne sont pas sujets au vertige. Il y a environ 300m de D+ à faire avec des pas de cotation 3 en escalade, ou T4 pour nos amis randonneurs. Nous nous improvisons donc grimpeurs pour pouvoir ajouter l’Arcalod à notre tableau de chasse. L’ascension fait pousser le cardio, et entre deux prises, les plus observateurs peuvent voir des edelweiss. Nous savourons la vue au sommet, prenons le temps de faire un petit coucou au lac d’Annecy et nous redescendons, ou plutôt désescaladons.
Maintenant, nous allons refaire une partie que nous avions déjà faite la dernière fois : col d’Orgeval, ascension de la Pointe de la Chaurionde, redescente aux chalets du Four. Mais cette fois ci, nous savons que la vue sera dégagée sur Albertville et les sommets qui l’entourent. Nous croisons avec joie l’autre groupe au pied de la Chaurionde, qui va en sens inverse.
Aux chalets du Four, tout le monde fait le plein d’eau, c’était la sécheresse dans beaucoup de flasques ! Le soleil tape fort, les jambes sont bien sollicitées et les Bauges, massif karstique, compte peu de sources. Il commence à se faire tard, nous voulons tous arriver au parking au plus vite pour boire les bières astucieusement plongées dans le Nant Fourchu pour les maintenir au frais, et tremper, en retour, nos jambes dans l’eau glacée. Alors nous tentons une descente rapide par la piste, roulante (et accessoirement parfois montante). Après 5 km de descente, nous retrouvons le deuxième groupe qui barbote déjà dans le Nant Fourchu. Nous profitons un peu de la rivière dans les derniers rayons de soleil qui passent à travers la forêt, avec quelques boissons fraiches, des chips et des cacahuètes.
Puis il faut déjà se mettre en route pour le camping, pour avoir le temps de monter les tentes et de se doucher (sûrement le plus essentiel !) avant d’aller au restaurant. Nous avons une grande langue de terre à nous partager au camping et de savants calculs se mettent en place pour optimiser la proximité aux sanitaires et maximiser la distance avec de potentiels ronfleurs. Nous apprendrons aussi que si nous occupons les 6 douches du sanitaire et que nous tirons tous sur l’eau chaude en même temps, systématiquement, l’eau devient plus froide … la section trail compte de nombreux ingénieurs, il faut bien leur donner quelques problèmes à observer !
Maintenant que tout le monde sent la rose et a revêtu ses plus beaux habits, nous pouvons aller satisfaire notre grande faim ! Certains se partagerons des fondues, d’autres tenterons des spécialités de Savoie et la plupart d’entre nous croquerons dans un hamburger avec un fromage local. La soirée est plaisante, elle passe vite, et bientôt nous serons tous dans nos duvets à récupérer de cette journée sportive !
Le dimanche, nous nous réveillons chacun à notre rythme pour un départ voulu à 7h30. Finalement, ce ne sont pas les ronfleurs qui ont causés le plus de tort à notre capital sommeil mais un lampadaire, éclairé jusqu’à 4h du matin, au milieu de notre camp de base… Le ciel est couvert mais pas menaçant, nous nous activons tous pour éviter au plus la rencontre avec la pluie. Aujourd’hui, tout le monde vise le même sommet : le Mont Pécloz (2197 m) qui est surtout connu pour ses « rails » : alternance de dépôts calcaire et marneux, retournés à 90° et qui, ne s’érodant pas à la même vitesse, donnent ce relief original. Il y a des variantes selon les groupes pour la suite du parcours mais tout le monde va monter les plus de 1100m D+, en 5 km … Qui a dit que les Bauges étaient faciles ?
La première partie, en lacets sous la forêt s’avale vite. Mais plus on avance, plus la pente se fait raide jusqu’aux derniers 400m D+ où il faut suivre l’arrête sur un chemin qui s’apparente de plus en plus à un escalier. Des chamois, plus loin, ne semblent pas être impressionnés : vu notre allure et notre grâce, ils restent pour sûr, les maitres de la montagne ! Les passages nuageux se densifient et le temps que le premier groupe atteigne le sommet, avec sa vue tourmentée sur le reste du massif, le vent s’impose et les gouttes commencent à tomber… C’est la dure loi du mauvais temps en montagne : le premier groupe oublie sa variante par les crêtes et le Mont d’Arménaz et le deuxième groupe fait demi-tour avant l’arrête.
La descente sous la pluie est plus ou moins facile, parfois hasardeuse mais les acrobaties sont toujours réalisées par des professionnels. Les chamois se moquent de nous une dernière fois avant que nous plongions dans la forêt et arrivions au parking. Tout le monde essaie de se réchauffer comme il peut, souvent en mettant des habits secs. Rien que ça, ça aide… Dans notre petit malheur, nous avons un bonheur : en finissant plus vite, nous avons le temps de passer à une fromagerie avant la fermeture dominicale ! Nous repartirons donc tous avec un petit bout de fromage des Bauges ou de Savoie, voir avec un peu d’alcool (il faut bien oublier la honte infligée par la boue à nos fesses…). Un dernier pique-nique ensemble et nous repartons à Lyon avec la certitude que le trail est un sport de montagne et que c’est toujours cette dernière qui décide !
Un immense merci aux encadrants qui rendent possible ce genre de week-end, bien plus enivrant et bien plus représentatif de ce que peut être une sortie trail (par rapport à un LUT !).