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Une école dernier cri en plein bourg de Neuvéglise

«Enfin, nous y voilà ! » lançait, dans un soupir et un sourire, la maire de Neuvéglise-sur-Truyère, Céline Charriaud, lors l’inauguration de l’école du bourg de sa commune. Il faut dire qu’il aura fallu plus d’une scolarité, et près de deux mandats, pour voir cet ambitieux projet aboutir.

10 ans de projet

« 10 ans, reprenait-elle. 10 ans. 10 ans de doutes et de frustration, 10 ans de résignations et d’aléas. Mais aussi 10 ans d’espoirs, de persévérance et de ténacité. Nous n’avons jamais baissé les bras, et les équipes municipales ont su rester ô combien soudées, les services ont effectué un travail formidable, et nous avons pu compter sur des soutiens sans failles, du programmistes, des équipes d’architectes et des services de l’État pour voir, enfin, ce projet aboutir. » Avant de rembobiner : 

 à notre arrivée à la municipalité, nous avions une école éclatée sur deux sites, avec des bâtiments en bout de vie, qui ne correspondaient pas au cadre d’une école du 21e siècle. Nous voulions une école sur site unique. Cela aurait été certainement plus simple, et moins coûteux, d’en construire une nouvelle. Mais je tenais à ce qu’elle reste en cœur de bourg, proche des commerces, pour maintenir sa dynamique. 

Aléas

Mais pour cela, il fallait acquérir une parcelle entre l’école et la mairie. « Après trois ans de négociations à l’amiable infructueuses, nous nous sommes résolus à exproprier, ce qui est rare dans nos campagnes. Au moins, nous avons mis à profit ce temps pour affiner le projet, avec l’équipe enseignante, les parents. Comme nous avons profité de la crise Covid pour, encore, travailler le dossier, les financements. »

 Trois cours, dont deux interdites aux ballons, sont proposés aux enfants.Et il le fallait car, à l’heure des appels d’offres, « ce fut la douche froide, avec 600.000 € de surcoût sur ce que nous avions prévu. Mais le soutien de l’État, via le plan de relance, a levé nos hésitations. » Le chantier pouvait débuter, en octobre 2021, sur site occupé. Pour se terminer en cette rentrée, avec près d’un an de retard.

Résultat

Mais le résultat, présenté par la directrice, Marie Orliac, et les architectes du cabinet Brughat et Buchaudy, s’est attiré un concert de louanges. « C’est une des plus belles écoles qu’on peut trouver dans le département » selon le président du conseil départemental, Bruno Faure. « Un résultat exceptionnel, exemplaire », selon le sénateur Bernard Delcros. Et Céline Charriaud de détailler : « nous voulions qu’elle soit de plain-pied, accessible à tous types de handicaps, fonctionnelle, et confortable, biosourcée. » Sur 1.091 m2 couverts et 1.365 m2 extérieurs, elle est tout cela, mêlant bois et grandes baies vitrées sécurisées, panneaux d’isolation phonique et linoléum naturel. Avec des cours aussi vastes que coquettes, végétalisées, où le patrimoine communal répond à la structure boisée des bâtiments.Un projet qui aura aussi permis la création de quatre logements dans le bourg, et au sujet duquel le préfet, Laurent Buchaillat, a affiché sa « pleine satisfaction. 

Vous pouvez être fier, car il s’agit d’un outil éducatif remarquable, mais aussi un bel exemple d’aménagement urbain, sans étalement. 

Un hommage inédit. « L’école de Neuvéglise n’avait pas de nom jusqu’ici, expliquait Céline Charriaud lors de cette inauguration. J’ai pensé qu’il en fallait un, et alors j’ai connu l’histoire de Marguerite et Madeleine Mallet. On connaît Louis et Pierrot, le père et le fils, héros de la Résistance, mais peu Marguerite, l’épouse du premier, et Madeleine, la jumelle du second. Pourtant, elles ont joué un rôle essentiel dans la Résistance cantalienne. Et elles ont payé un lourd tribut, en perdant un mari et un fils, un frère et un père, et en étant toutes deux déportées en Tchécoslovaquie en 1944. Elles sont revenues vivre à Saint-Flour, et Marguerite est devenue la première femme conseillère générale du Cantal, mais aussi conseillère municipale à Saint-Flour. Madeleine a toujours eu une santé très fragile, mais elle n’a eu de cesse de témoigner de ce qu’elle avait vécu auprès des jeunes. Cela me tenait à cœur de donner un nom de femme à cette école et ainsi, on rend hommage à deux femmes à l’action essentielle, qui ont défendu les valeurs de la République. Et qui plus est deux femmes de l’ombre : aucune rue, aucun bâtiment ne portait leur nom jusqu’ici. Enfin, Marguerite était de Cordesse, et toute la famille Mallet repose à Neuvéglise. Pour toutes ces raisons, le conseil municipal m’a suivi unanimement. » Une initiative saluée par l’insepecteur d’académie, Jean-Marc Messager qui estimait que « se placer sous leurs patronymes donne aux élèves des repères, et souligne les valeurs que cherche à transmettre l’école », comme le préfet, Laurent Buchaillat, qui ajoutait qu’« il fallait rendre hommage au rôle remarquable que ces deux femmes ont joué. »

Yann Bayssat

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