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L’or noir de cette carrière qui alimente les grands chantiers de Haute-Loire et d’ailleurs

Que se cache-t-il en bordure de la D 27, lorsque l’on prend la direction de Chadron depuis Solignac ? Derrière un talus surmonté d’une forêt anarchique de feuillus, se trouve un site industriel quasiment unique à l’échelle du département. Un domaine de 18 hectares, ceinturé par des terres agricoles au sud et une nature arborée au nord. Pour en savoir plus, il fallait être au rendez-vous, samedi matin, lors de la journée portes ouvertes organisée par le groupe Jalicot.L’entreprise exploite la carrière à ciel ouvert implantée en surplomb de la Loire, non loin des villages de Mussic et de Collandre. Là, sur une emprise morcelée par les contraintes d’acquisitions foncières, près de 100.000 tonnes de matériaux sont extraites chaque année.Les blocs de matière, détachés par des tirs de mine (un tous les deux mois), sont ensuite acheminés par camion vers les installations qui permettent la réalisation des granulats.Le « carreau » de la carrière de Solignac, où sont disposés une partie des stocks de granulats, les engins de travail et quelques blocs qui doivent être dégrossis. Photo Cédric DedieuLes travaux de minage sont sous-traités à une entreprise spécialisée. Après la réalisation des forages (d’une profondeur adaptée aux besoins), la société Exploroc se charge des tirs avec des cartouches à base de nitrate/fioul. Lors de ces opérations, un affichage d’information spécifique est posé au niveau du portail d’entrée et des vigies sont présentes sur les hauteurs du site.En ce moment, la fausse d’extraction principale se compose de deux paliers de 15 mètres de hauteur, auquel viendra s’ajouter prochainement un troisième et dernier pallier de 15 mètres (en dessous il n’y a plus de matériaux intéressants).Une demi-douzaine d’engins sont présents en permanence sur le site : deux dumpers pour transporter les matériaux, deux pèles mécaniques pour l’extraction et le chargement des camions, ainsi que deux chargeuses pour évacuer les granulats et charger les clients. Tous les éléments extraits sont travaillés, concassés, tamisés afin d’obtenir différentes coupures : du gravillon, du sable, de la grave, etc. Les réglages des machines sont ajustés en fonction des besoins de la clientèle.

À la base de tous  les gros ouvrages d’art construits  dans le cadre du contournement  du Puy

Les différentes classes de granulats sont stockées sur place (50.000 tonnes actuellement), avant d’être commercialisées. Les clients sont essentiellement locaux, pour les travaux publics (route), la construction, une centrale à béton (à Chaspuzac), etc.Le basalte extrait à Solignac-sur-Loire est une roche massive, issue d’une éruption volcanique qui a eu lieu il y a plusieurs millions d’années. En se refroidissant, cette coulée de lave s’est solidifiée pour donner corps aux fameuses orgues basaltiques que l’on peut observer un peu partout en Haute-Loire.

Jusqu’en Suisse, au profit  d’une base navale

Aujourd’hui, la qualité des sables de basalte extraits à Solignac est unanimement reconnue. Pour preuve, il est à la base de tous les gros ouvrages d’art qui ont été construits dans le cadre du contournement du Puy : viaduc de Taulhac, tranchée couverte, etc. « Dans ce domaine spécifique, on a encore une petite avance sur nos concurrents. Au niveau de la dureté, si l’on prend l’exemple des piles du viaduc de Taulhac, le béton à base de sable basaltique n’a rien à envier au béton à base de sable alluvionnaire », confirme Joachim de Araujo, chef de carrière.Autre signe de l’intérêt que portent les professionnels du BTP au basalte solignacois : l’un des spécialistes français du béton préfabriqué, l’entreprise parisienne Bonna Sabla, vient chercher du sable et du gravier concassé 4/6 mm à la carrière. Joachim de Araujo rappelle avoir fourni du 6/10 mm en Suisse, au profit d’une base navale pour sous-marin.

Ils avaient testé plusieurs carrières et ce qui leur allait le mieux, c’était les matériaux de Solignac.

Enfin, on peut citer les enseignes Lidl, dont les parkings sont souvent réalisés à partir de granulats vellaves.L’entreprise Jalicot s’est vue octroyer en 2017, par arrêté préfectoral, une extension de son permis d’exploitation jusqu’en 2032. Le site semble promis à un bel avenir, si l’on considère les besoins annuels de granulats en France. Chaque personne « consomme » ainsi près de 5,5 tonnes de matériaux par an, par l’intermédiaire des routes, des bétons, des infrastructures de génie civil ou encore des carreaux de lunettes, des carrosseries et des téléphones portables.Mais avant d’étendre une carrière, voire même de l’ouvrir, il est impératif de réaliser des sondages destructifs ou carottés et de procéder à des campagnes de géophysique. C’est ce qui a été entrepris à Solignac, où des signaux électriques ont été envoyés dans le sol pour obtenir des résistivités (résistance spécifique d’une substance) et définir les types de matériaux présents. L’intérêt est également de connaître l’épaisseur du gisement, afin de déterminer son cubage (son potentiel). L’exploitation du site fait l’objet d’une autorisation de la part de l’État.Dans ce sens, un lourd dossier doit être déposé auprès des services compétents. Il comprend notamment un chapitre « remise en état du site ». À Solignac, il est ainsi prévu un remblaiement partiel, avec des matériaux issus de la découverte du basalte et - à la marge - des matériaux de terrassement extérieurs. Pour privilégier la biodiversité, il y aura également un volet paysager, confié à une entreprise spécialisée. D’ores et déjà, des plans ont été établis et des murets ont été érigés pour accueillir une plantation de haies.

 

Cédric Dedieu

 

Des écoliers ont visité le site

L’exploitant de la carrière avait également invité les scolaires de Solignac, la veille de sa journée portes ouvertes. Ainsi, le matin, 24 élèves de cours élémentaires et de cours moyens de l’école privée sont venus visiter le site. Dans l’après-midi, c’est l’école publique qui était présente avec une quarantaine d’élèves (CE et CM compris). Les enfants ont pu suivre le parcours de découverte entre fosse d’extraction et installations de concassage/tamisage. Ils se sont aussi beaucoup intéressés au chapitre dédié à la faune et à la flore, avec une « chasse » aux insectes et petits animaux très appréciée.

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