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Puy-de-Dôme : dix ans après, saura-t-on ce qui est vraiment arrivé à Séverine, en 2014, près de Billom ?

Le 22 mai 2014. 23 h 30. Un homme circulant au volant d’un monospace Chrysler Voyager arrête une ambulance des sapeurs-pompiers qui sort du CHU Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand. Visiblement paniqué, il les supplie "de sauver [sa] femme", âgée de 37 ans, qui gît dans son véhicule, couchée entre la banquette arrière et les sièges avant. Elle présente notamment des blessures gravissimes à la tête. Les efforts pour la réanimer resteront vains. Son décès est constaté quelques minutes plus tard.

Son compagnon, Joaquim Augusto, alors âgé de 44 ans, expliquera rapidement avoir passé la soirée dans des bars de Billom avec la victime, Séverine Parrain, avec laquelle il est en couple depuis environ deux ans, puis dans une auberge d’Égliseneuve-près-Billom.

Que s'est-il passé sur la route départementale 997 ?

Une dispute aurait alors éclaté, poussant la jeune femme à décider de le laisser là et de repartir seule, à pied, vers Billom, avant que son conjoint ne décide de la rattraper à bord du Chrysler. Selon lui, il l’aurait rapidement rejointe, avant de tenter de la persuader de monter à bord. Ce qu’elle aurait fini par accepter.

Mais, toujours selon son récit, elle aurait ensuite subitement sauté du véhicule, qui roulait à 50 ou 60 km/h sur la route départementale 997, depuis le siège passager. Joaquim Augusto l’aurait retrouvée agonisante sur la chaussée, avant de la charger tant bien que mal dans le monospace et de la transporter au CHU, à 35 km de là. Sa version ne variera jamais.

"Ce que l'on veut et que l'on attend de ce procès, dix ans après les faits, c'est que justice soit faite".

les trois enfants de la victime

La nature, très suspecte, des faits, avait entraîné l’ouverture d’une information judiciaire, deux jours plus tard, puis la mise en examen de Joaquim Augusto pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne étant ou ayant été conjoint, concubin ou partenaire lié par un pacte civil de solidarité", mais aussi pour "violences sans incapacité" et son placement en détention provisoire (*).

Près de dix ans plus tard, cet homme aujourd’hui âgé de 55 ans est jugé, depuis hier et jusqu’à ce soir, devant la cour criminelle départementale, à Riom. Avec une ligne de défense qui n’a pas changé, au grand dam de la famille de la victime, qui s’est constitué partie civile et n’a jamais cru à ses explications. Il maintient que Séverine Parrain a bien sauté en marche et qu’il ne l’a jamais écrasée, ni renversée ou percutée…

Des experts qui ne s’accordent pas

Pour tenter de confirmer ou d’infirmer les déclarations immuables de l’accusé, les cinq magistrats professionnels, tout comme l’avocate générale, Amélie Louis, et les avocats (Mes Bertrand Chautard pour les parties civiles et Jean-François Canis pour Joaquim Augusto) attendaient sans doute beaucoup des auditions, dès ce jeudi après-midi, du médecin légiste clermontois ayant autopsié la victime, mais aussi d’un médecin légiste bordelais ayant rendu un rapport commun avec un expert en accidentologie, puis d'un autre accidentologue, tous mandatés, pendant l’instruction, par le magistrat en charge de ce dossier complexe et maintenant très ancien.

Si l’un a "la certitude absolue" que la victime "n’a techniquement pas pu sauter de la voiture en marche" et estime qu’"elle aurait pu être heurtée à la tête, peut-être involontairement, par la roue arrière droite du monospace lors d’une manœuvre de recul, alors qu’elle se trouve au sol, inconsciente", les autres, tout en notant qu’"il n’existe pas d’arguments formels pour privilégier une hypothèse", considèrent cependant que la jeune femme "a pu sortir par elle-même du véhicule en mouvement en ouvrant la portière". Seul point sur lequel ils semblent s’accorder : la victime n’aurait pas été percutée par le Chrysler.

Et l’un des experts aura cette phrase de conclusion : "Il n’y a qu’une personne qui sait vraiment ce qui s’est passé et elle se trouve dans cette salle…".

Les débats reprennent ce matin, à 9 heures.

Christian Lefèvre

(*) Mis en liberté en juin 2015, il avait ensuite été placé sous surveillance électronique, puis sous contrôle judiciaire, en juin 2016. Il comparaît donc libre devant la cour criminelle.

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