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L’élevage allaitant se dirige-t-il tout droit vers une « catastrophe économique et industrielle » en France ?

L’élevage allaitant se dirige-t-il tout droit vers une « catastrophe économique et industrielle » ? C’est ce que craint la Fondation pour la nature et l’homme, qui publie, ce mardi 1er octobre, un rapport inédit sur un modèle qu’elle juge à bout de souffle, qui s’intensifie au détriment des éleveurs et de la planète.

Revenus

Intitulé « Élevage allaitant : changer de logique pour sortir de l’impasse », il révèle que du fait d’une rentabilité en baisse, les subventions aux éleveurs allaitants ont augmenté de 20 %, sans que cela ait d’impact positif pour les éleveurs. Pire, ils se paupérisent toujours plus.

« De 0,85 Smic net horaire en 2010, leur revenu est passé à 0,6 Smic horaire en 2021 », alerte le rapport. Pourquoi ? Parce que leurs charges fixes ont augmenté, alors que leurs recettes n’ont pas cru, avec des prix de vente des bovins inférieurs aux coûts de production, malgré la loi Egalim. Cette difficulté pour les éleveurs à couvrir leurs coûts de production s’explique d’abord par le boom du steak haché : 25 % de la viande bovine étaient consommés sous forme de hacher en 1995 ; c’est 61 % aujourd’hui.

Concurrence

Cette augmentation de la consommation de viande bovine sous forme de hacher et non piècée est défavorable aux vaches allaitantes puisque historiquement, c’était plutôt le débouché des vaches laitières. S’ajoutent une concurrence avec les autres types de viande, notamment de volaille, plus l’importation de viande également issue du troupeau laitier.

Un autre point, « c’est qu’on est aujourd’hui, à l’aval, dans une situation d’asymétrie des pouvoirs. On a une structure oligo-polistique à la transformation et à la distribution », note Thomas Uthayakumar, directeur des programmes FNH et du plaidoyer. Les éleveurs se retrouvent donc dans l’incapacité de négocier de meilleurs prix.

Propositions

Alors que faire ? La Fondation émet cinq propositions pour offrir un avenir à la filière, tout en agissant pour le climat et la biodiversité : une refonte du cadre des négociations commerciales ; le lancement d’un grand plan de relocalisation de l’engraissement à l’herbe des broutards et de redéveloppement de races mixtes ; la conduite d’un état des lieux des financements publics, directs ou indirects, alloués à tous les maillons de la filière bovine et le fléchage de ceux-ci vers un modèle agroécologique ; une évolution de la consommation de viande bovine vers le moins et mieux ; un vaste plan de soutien aux abattoirs publics et aux filières laitières territorialisées.

Ces propositions, comme l’ensemble des travaux de la Fondation, seront présentés au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, du 1er au 4 octobre. Aux visiteurs comme aux politiques…

Gaëlle Chazal

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