“Le Dernier Jour de la vie antérieure” : dans la faille temporelle du Madrilène Andrés Barba
Dans une villa déserte qu’elle se prépare à faire visiter, une agente immobilière découvre un petit garçon silencieux. Au trouble causé par une telle apparition succède l’envie irrépressible de revoir cet enfant fantôme. Alors, chaque jour, la jeune femme trouve un prétexte pour retourner dans la maison.
Grâce à cet infime glissement vers l’irrationnel, Andrés Barba (né à Madrid en 1975 et traducteur d’Henry James) construit un court roman stylisé, où personne ne porte de prénom et qui se révèle être un récit intimiste totalement inattendu. Car les deux personnages vont se tendre la main et s’entraider.
Le temps figé
Chez la jeune femme, la rencontre crée une fracture qui va la conduire à s’observer et à prendre plusieurs décisions radicales, mais elle reste obsédée par le besoin de comprendre qui est ce petit garçon. Là réside sans doute l’aspect le plus émouvant du roman. L’enfant est immobilisé dans une faille temporelle, victime d’un terrible malheur qui s’est déroulé au sein de cette maison où il vivait avec ses parents et son grand frère.
Barba possède l’art de faire naître en quelques mots une atmosphère d’une étrange beauté : une journée dans la vie d’une riche famille où le temps s’est arrêté, une femme qui fait des allers-retours sous l’eau dans sa piscine sans jamais pouvoir s’arrêter, un petit garçon silencieux que le chagrin et la culpabilité écrasent, et qu’une jeune femme vient un jour délivrer.
Le Dernier Jour de la vie antérieure d’Andrés Barba (Christian Bourgois), traduit de l’espagnol par François Gaudry, 160 p., 18 €. En librairie le 3 octobre.