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On vous dit tout sur les vins qu'ont préférés les journalistes de la rédaction

Quels vins vous recommande chaudement la rédaction cet automne ? Terroir, vignerons, cépages, conseils pour l'associer à un mets... On vous dit tout sur ces bouteilles :

Cocalières sur un plateau

Vigneron explorateur. Ce n’était vraiment pas gagné. Qui savait que le terroir de Montpeyroux, à une trentaine de kilomètres au Nord de Montpellier, pouvait faire des merveilles quand Sylvain Fadat y a posé ses bagages dans les années 80 ? La France viticole snobait le Languedoc et, dans le coin, la production filait dans les coopératives. Lui, a voulu essayer autre chose. L’homme est un explorateur. Au fil des ans, ses vignes gagnent du terrain et à l’aube des années 2000, il conquiert une friche haut perchée. Les Cocalières. Il la met en bouteille. Mettez-la en cave. Des amphithéâtres de pierres chaudes. Au domaine d’Aupilhac, on balance entre fraîcheur et tension. La syrah s’oxygène en altitude. Avec une pointe de mourvèdre et de grenache, l’ensemble possède une belle profondeur dans laquelle on déniche une pointe poivrée propre à réveiller l’onglet de veau qui l’accompagne. Avec un peu d’imagination, vous verrez des amphithéâtres de pierres chaudes entre lesquelles des herbes chatouilleuses attrapent le soleil.  À l’ombre d’Aniane. Les Cocalières peuvent se boire jeunes, mais ne disent pas non à quelques années de vieillissement. Après cinq ans, elles se drapent dans un soyeux élégant, robe de velours qui enrobe la mûre et le cassis. C’est alors un vin de classe sur grande table. Dans le coin, il faut aussi aller voir Alain Chabanon, autre pionnier, autre style. Testez son blanc, Trelans, alliage rarissime de vermentino et de chenin. À quelques kilomètres du grand Aniane (Grange des pères, Daumas-Gassac), Montpeyroux prend la lumière. Enfin.

Stéphane Vergeade

La douceur des Terres Blanches 

Celui qui attire les abeilles. Vous le connaissez suave comme la joue poudrée d’une mamie-gâteau?? Vous l’adorerez sec, le muscat de Frontignan. Parce que si son indice glycémique est réduit à sa simple expression, le vin blanc conserve tous ses arômes floraux, les mêmes que dans la version moelleuse. Pas un hasard si ce cépage de muscat blanc à petits grains introduit par les Romains dans la Gaule narbonnaise était dit apiena uva, le raisin qui attire les abeilles. Les Terres blanches au pied du massif. Les Terres blanches IGP d’Oc, grandit au pied du massif de la Gardiole sur les sols argilo-calcaires caressés par la Tramontane, titillés par les embruns de la mer ou de l’étang de Thau que longent les terres de Frontignan. Autour du village héraultais, les 80 hectares de vignes permettent de produire quelque 300.000 bouteilles d’un nectar qui titre fidèlement à 13°. De l’apéro au fromage. Servi entre 6° et 8°, Les terres blanches, rappelons-le, vinifié en vin sec, se marie d’abord avec le soleil. Le cas échéant, il en délivre lui-même dès l’apéritif. Puis, il accompagne avec talent les fruits de mer, les poissons grillés et les fromages, plus particulièrement ceux de chèvre et de brebis. La cuvée 2024, dit-on au bord de la Grande Bleue, s’annonce aussi généreuse que l’a été la vendange à la mi-août. À la Coopérative de Frontignan, la bouteille s’achète à moins de 6 euros. Le prix d’un plaisir qui se consomme jeune – pas d’intérêt à la garde – et rapidement après l’ouverture.

Sophie Leclanché

Les Beaux jours

Joli sauvignon. C’est un joli nom, Les Beaux jours. Comme une promesse de bons moments, de plaisirs éternels et de sourires qui durent. Et dans la bouteille, Émile Balland tient la promesse joyeuse avec ce sauvignon doté d’un nez intensément floral, une bouche finesse et fruitée. En ouverture de repas, avec un apéritif bien doté, des crustacés aussi, les poissons, et, évidemment, il tient bien la route avec un crottin de chavignol, d’autant qu’il n’y a que la Loire à traverser. Discrets coteaux. Les coteaux-du-giennois, tout le monde ne maîtrise peut-être pas. C’est presque la plus petite appellation des vins du Centre-Loire, forcément un peu éclipsée par le voisinage du mastodonte sancerrois. Entre Gien tout au nord, dans le Loiret, et Cosne-sur-Loire au sud, dans la Nièvre, l’appellation possède à peine 200 hectares productifs, sur les coteaux du sud et le long de la Loire plus au nord, là où est installé le domaine d’Émile Balland, rive droite à Bonny-sur-Loire et rive gauche à Beaulieu-sur-Loire. Sancerre n’est jamais loin. Issu d’une famille de vignerons sancerrois, à Bué, Émile Balland a tenté l’aventure des coteaux-du-giennois – en AOC depuis 1998 seulement – au début des années 2000, en regroupant d’anciennes parcelles familiales, dont il a fait vingt ans plus tard l’un des fleurons de la petite appellation. Aujourd’hui, il produit également du sancerre, sur 2 hectares. Chez les cavistes, sa bouteille Les Beaux jours se trouve à partir de 14,50 euros.

Philippe Cros

Jusqu’au septième ciel

Un carton de sept. Brocard. En voilà un nom qui fait briller le Chablisien. D’abord grâce à Jean-Marc, le père, qui plante ses premières vignes sur les coteaux de Préhy en 1973. Né la même année, Julien, le fils, marche dans ses pas. Jusqu’à lancer sa propre gamme : les 7 lieux. Sept cuvées provenant de grands terroirs de Chablis, issues uniquement de parcelles cultivées en biodynamie. Sept bouteilles que l’on peut se faire livrer dans un carton de sept, la spécialité de la maison. Et parmi elles, l’originelle. Une philosophie du vivant. Brocard. Chevreuil de moins d’un an. Comme prédestinée, la famille entretient un lien tout particulier avec la nature. En 1997, Julien, pionnier du vignoble en la matière, plante des arbres fruitiers autour d’une parcelle, cultivée au rythme des cycles lunaires. Son idée?? Faire revenir les insectes et les oiseaux, et fournir à la vigne un environnement au plus proche de ce qu’elle peut connaître à l’état naturel. Une philosophie qui prend tout son sens lors de la sécheresse de 2003, lorsque la fameuse parcelle, La Boissonneuse, donne un vin bien plus équilibré que les autres. Cristallin et citronné. Élevé en foudre, ces grandes cuves en chêne, pendant une dizaine de mois, l’élixir ravira les palais en quête de délicatesse. D’une grande puissance aromatique, il reste frais et léger en bouche. Un vin charmeur qui se prête bien à un apéritif en amoureux, accompagnera parfaitement le poisson grâce à ses notes citronnées, et ne dénotera pas non plus avec le fromage. À se procurer pour 21 euros auprès du domaine, pour déguster sur l’heure ou dans les cinq ans.

Lucile Preux

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