Les tops et les flops de la saison tourisme "morose" en haute Corrèze
«L’été 2024 ne restera pas comme une référence en matière de fréquentation touristique… » A Tourisme haute Corrèze, on a le goût de l’euphémisme.Car la saison estivale a été « morose », souligne Sophie Bonnelie, la directrice de l’office de tourisme qui revient sur ce qui a fonctionné, moins marché et quels enseignements en seront tirés pour l’été 2025.
Météo, inflation font mauvais ménage avec le tourismeLe mois de juillet 2024 est à oublier. « Juillet a été très poussif, il a plu tout le temps. La saison n’a commencé qu’au 20 juillet, confie-t-elle. On a perdu en fréquentation à cause de la météo qui a beaucoup impacté les animations de plein air, mais aussi le pouvoir d’achat en berne. On constate que les touristes consomment moins, ils ont fait moins de restaurants, pris moins d’apéritifs, acheté moins de glaces… Ils ont fait attention. » Même si août a été meilleur côté météo, la saison globale reste « morose ».
Des nuitées en baisse mais plus de ParisiensEn juillet et août, 446.000 nuitées ont été comptabilisées en haute Corrèze. « C’est 10 % de moins qu’en 2023 », confie Sophie Bonnelie. Qui a aussi constaté une baisse de fréquentation dans les bureaux de tourisme : « on a vu moins de monde mais ceux qui ont poussé la porte cherchaient d’autres idées que celles des guides, ils voulaient des conseils éclairés… », ajoute-t-elle.En revanche, si l’office de tourisme constate une baisse de la fréquentation des touristes français (et un retour des vacanciers étrangers), elle note néanmoins une hausse de la présence des Parisiens en haute Corrèze. « En juin, nous avons fait une importante campagne de communication sur le télétravail via les réseaux sociaux et qui touchaient les Parisiens et habitants de l’Île-de-France. Et cela a fonctionné puisque cet été nous avons eu 28 % de Parisiens contre 23,5 % en 2023. »
Les activités nature touchées…Avec le mauvais temps, les sorties en extérieur ont été fortement impactées. « Les gens ne prenaient pas le risque de partir en randonnée alors qu’il pouvait pleuvoir. D’autant plus que nous sommes en altitude et qu’il peut vite faire froid… » indique Tourisme haute Corrèze. La Station sport nature a dû, à plusieurs reprises, fermer son accrobranche.
En revanche les marchés de producteurs ont cartonnéC’est l’une des tendances qui se confirment depuis plusieurs années. Les marchés et marchés de producteurs sont très courus l’été. À Ussel, difficile de trouver une place lors des Jeudis de l’été, idem au marché des producteurs à Meymac… « C’est festif, les gens sont fans des produits locaux, des circuits courts », constate la directrice de Tourisme haute Corrèze.Les touristes ont plébiscité les produits locaux.
Le plein des animations gratuitesPouvoir d’achat en berne, les touristes ont plébiscité les animations gratuites. Ainsi, les Granités, avec treize spectacles gratuits tout au long de l’été en haute Corrèze, ont fait le plein…
Des enseignements à tirer de cette saisonLa saison n’est pas terminée pour le tourisme de groupe qui a plutôt bien fonctionné. Mais déjà, Tourisme haute Corrèze tire des leçons de cet été : « on va retravailler avec les musées, avec les stations sport nature pour voir ce qui peut être proposé pour les jours où il pleut ou il fait très chaud. » Autre point d’évolution : les temps d’ouverture. « Si on veut être une destination touristique, il faut que les équipements soient ouverts tous les jours, les jours fériés, le soir, constate Sophie Bonnelie. Il faut aussi que les vacanciers puissent dîner le soir, déjeuner après 13 heures, prendre l’apéro à 18 heures sans qu’on leur dise que ce n’est pas possible parce que les tables sont dressées pour le dîner… On a l’hiver pour aller à la rencontre de nos partenaires pour aborder ces pistes-là… »
Le carton des visites de barrageLes visites du barrage de Bort ont cet été attiré 3.000 personnes. Une fréquentation en baisse liée au plan Vigipirate. Mais la demande était toujours aussi forte. photo Agnes GaudinC’est une tendance touristique qui se confirme d’année en année : le tourisme industriel et notamment celui de la visite des barrages hydroélectriques sur la Dordogne a le vent en poupe. L’été 2024 aura à nouveau été positif pour les visites de barrages dont ceux de Bort-les-Orgues (3.000 visites) et de l’Aigle à Soursac. « Ce tourisme industriel fonctionne très bien, constate Sophie Bonnelie. On a la chance d’avoir de beaux équipements à faire visiter. » En revanche, il a fallu s’adapter au plan Vigipirate qui, en début d’été, a imposé aux touristes de réserver leurs places deux jours à l’avance. « On a donc eu moins de monde parce que cela demande aux gens de s’organiser en amont. Quand on est en vacances, on n’y pense pas forcément donc on a été obligé de refuser environ mille personnes venues directement au barrage de Bort. »
Estelle Bardelot