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Rendement, qualité, durée... Ce qu'il faut savoir des vendanges 2024 dans le Puy-de-Dôme

C’est la double peine pour Lisa Le Postec. Les vendanges s’annoncent maigres et elles se feront sous la pluie cette année. Installée à Aulhat-Flat, près d’Issoire, la jeune vigneronne a récolté ce samedi 28 septembre un peu moins de deux hectares plantés de gamay et de pinot gris. Elle n’aura pas de chardonnay puisque la parcelle a entièrement gelé.

Beaucoup d’eau et peu de raisin

Malgré ce contexte compliqué, la trentenaire ne se laisse pas abattre. "J’ai attendu autant que possible, mais je ne pouvais pas plus, car les nuits se rafraîchissent et, à cause de l’humidité, la pourriture commence à s’installer. On prend ce qui est le plus mûr même s’il reste des grains à moitié verts et un peu de mildiou séché. On triera plus tard, à l’abri, sur une table dans la cave", explique-t-elle.

Le 19 août dernier, dans La Montagne, Gilles Vidal, président de l’AOC côtes-d’auvergne annonçait déjà une "très, très, très mauvaise année."

Les années se suivent et ne se ressemblent pas !

En face, Yanis, un ami venu de Haute-Loire pour l’occasion, progresse tout en discutant. Originaire d’Anjou, le vendangeur aguerri ajuste son bonnet sous sa capuche en partageant ses souvenirs : "L’an dernier, il faisait super chaud, on était en short et en tee-shirt. On avait commencé vers 7 heures pour profiter de la fraîcheur et ça nous avait pris deux jours."

Gel, mildiou, grêle pour certains...

Cette année quelques heures suffiront ! Œnologue de formation et forte de nombreuses expériences en tant que salariée dans d’autres vignobles, Lisa analyse la situation avec lucidité : "Ce sera une toute petite vendange, car la vigne a gelé à 80 % en avril et ensuite, on a eu le mildiou. Si j’arrive à dix hectolitres, ce sera très bien."

Lisa Le Postec a vendangé ses parcelles samedi 28 septembre.

De 7.000 à 1.200 bouteilles

De 7.000 bouteilles l’an dernier, elle sera plutôt autour de 1.200 cette année. Une baisse de rendement qu’elle complétera par la vinification de vin de négoce avec son compagnon, également viticulteur. Pour cette activité parallèle baptisée L’Eau Qui Dort, le couple récolte des raisins bio en Auvergne et dans le sud de la France qu’il travaille pour produire des vins naturels.

"J’espère que ce sera mieux l’an prochain. On dit souvent qu’une année gélive est suivie d’une bonne année, car la vigne n’a pas mobilisé d’énergie pour les fruits…"

Du côté de Châteaugay, Pierre Goigoux partage cet état d’esprit positif. Lui a débuté sa récolte dimanche 29 septembre, sur une parcelle de pinot noir. "Pour le blanc et le gamay, j’ai fait le choix d’attendre encore", note le pionnier de la viticulture locale qui a gardé en mémoire quelques années où il a vendangé trop tôt. Désormais, il prend son temps. "La lune change mercredi et on pourrait avoir du beau temps. Il y a 20 ou 30 ans, les vendanges étaient en octobre ! La récolte n’est pas énorme, laissons mûrir le raisin ! On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise", détaille le viticulteur.

Vers "un beau millésime" ?

Confiant quant à la qualité du travail accompli sur les 400 hectares du vignoble puydômois, il espère "un beau millésime". Plus précisément, il annonce : "Le millésime s’annonce moins solaire que les précédents, on aura moins de puissance, mais on peut espérer beaucoup de finesse, de la fraîcheur et du fruit."

Texte : Maud TurcanPhotos : Thierry Lindauer

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