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À Vichy, le dossier maudit de la revitalisation commerciale du Casino des Fleurs

Cette fois, c’était la bonne. Tout était prêt, tout était ficelé, le Casino des Fleurs allait renaître de ses cendres, et il ne manquait plus que tambours et trompettes pour que la fête du renouveau soit totale. Et puis patatras. Après quelques semaines de discrets travaux, en ce deuxième semestre de l’année 2022, tout s’est arrêté. Et là, dans le cœur commercial de la ville, le lieu a aussi vite replongé dans cette ère de léthargie ouverte au début des années 2000, à la manière d’une nuit sans fin.

Des travaux… sans fin

Un dossier maudit, alors, que cette réhabilitation d’un espace ayant longtemps accueilli un théâtre puis des commerces, jusqu’au début des années 2000 ? Au pied des immeubles d’habitation, entre rue Lucas et rue Sornin, il semble en tout cas que rien ne soit vraiment simple pour le groupe Barneoud, qui porte depuis plusieurs années un projet de revitalisation commerciale de ces cellules désespérément vacantes. Un groupe qui, avant même la crise sanitaire, envisageait de pouvoir rapidement opérer cette réhabilitation, en attirant là plusieurs commerces, dont une enseigne « moteur ».

Dans le patio central, un jardin exotique, ceint par des galeries refaites à neuf, devait voir le jour. Il n'a jamais vu le jour. Et les passants peuvent toujours traverser ce secteur peu accueillant.

L’espoir était tel que même la municipalité, lors de la rénovation de la rue Sornin en 2019, avait refait le dallage jusqu’aux portes du Casino des Fleurs. Trois ans plus tard, en 2022, au moins trois enseignes s’étaient portées candidates pour intégrer les cellules, et un plan de chantier était dévoilé avec un agenda de travaux étira jusque fin 2023. L’horizon semblait tellement dégagé que même une boutique de créateurs d’art s’était installée au cœur du patio central, qui devait devenir un jardin exotique à en faire pâlir les parcs andalous.

Entre dépit et lassitude

Las. De cette boutique, la porte est désormais close. Car pour le groupe Barneoud, tout ne s‘est pas vraiment passé comme prévu. En cause, d’après la société spécialisée dans la revitalisation commerciale : le désistement de l’une des enseignes qui devait intégrer l’une des cellules. Un coup dur « qui a totalement remis le projet du Casino des Fleurs en sommeil », assure-t-on du côté de Barneoud, alors que d’autres commerces étaient prêts à s’implanter.

Plusieurs cellules avaient même été curées, afin de pouvoir être aménagées. En vain, donc. Mais Barneoud l’assure encore : deux ans après ce projet avorté, toute perspective de réhabilitation n’est pas encore tout à fait vaine. Mais avec quel porteur de projet ? Le groupe parisien, refroidi par les derniers rebondissements de ce dossier au long cours, n’exclut plus, en tout cas, de passer la main. Et de revendre à une autre société commerciale ce site « qui a pourtant tant de potentiel ».

Encore un espoir ?

Encore un germe d’espoir, alors, pour voir le Casino des Fleurs sortir de sa déshérence ? À l’entrée du site, en tout cas, nombre de commerçants ont fini par ne plus y croire. À l’image de Bénédicte et Pascale, dont la boutique North 21 était passée d’un trottoir à l’autre, en 2022, pour faire place à des travaux jamais terminés. Un provisoire qui dure, donc, pour des commerçantes qui n’auraient pas vu d’un mauvais œil que cette « verrue » change de visage, elle dont l’image vétuste et insécuritaire n’incite pas vraiment à faire du lèche-vitrine dans les boutiques du secteur. « C’est dommage, d’autant que depuis que la rue Sornin a été refaite, il y a du passage par ici ». 

Des travaux de curage des cellules commerciales avaient été engagés il y a deux ans. Ils n'ont jamais été poussés plus loin.De l’autre côté du patio, où le désarroi a aussi gagné le cabinet de notaires, Johnny, à l’Univers du Bambou, croit aussi de moins en moins dans ce renouveau. « On entend tellement de choses, mais ça fait vingt ans que ça dure. Or là, ça a l’air bien enlisé. Et le fait que ça soit dans un tel état a forcément un impact sur le commerce alentour ». L’« état » du lieu, en l’espèce, entre dalles cassées et végétation anarchique, ne devrait encore pas évoluer durant plusieurs mois. Même si la mairie, qui suit de près ce dossier, espère bien qu’un projet de revitalisation puisse enfin aboutir un jour. Et même si aucun acteur du dossier ne se risque plus, aujourd’hui, à donner une date.

Pierre Geraudie

Photos François-Xavier Gutton et Dominique Parat

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