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Pourquoi l'avenir du plus gros employeur privé de Haute-Loire inquiète salariés et syndicats ?

La fabrication d’équipements pour l’automobile est, depuis plus d’un demi-siècle, une source d’emploi importante dans le Bassin minier. Après l’arrêt progressif, puis définitif, de l’extraction du charbon, de nombreux mineurs ont retrouvé du travail chez Ducellier, au fil des années 1960 et 1970. Cette entreprise, spécialisée dans l’équipement automobile, basée à Issoire, Brassac-les-Mines, Sainte-Florine ou Vergongheon, a compté jusqu’à 2.200 salariés à la fin des années 1970. Mais, le 31 octobre 1985, la veille de la Toussaint, Ducellier cesse toute activité. Un traumatisme. La cicatrice ne s’est jamais refermée et, 40 ans plus tard, reste dans les mémoires collectives.

Alors, le Bassin minier va-t-il connaître à nouveau une telle difficulté ? Les emplois de Valeo, à Sainte-Florine, qui compte près de 600 salariés, sont-ils menacés ? C’est les questions que se posent les représentants syndicaux de l’entreprise après l’annonce de l’installation d’une nouvelle ligne de production en Hongrie, et non à Sainte-Florine, comme attendu. Cela s’ajoute à la mise en vente, par Valeo, de trois sites en France, La Suze-sur-Sarthe, L’Isle-d’Abeau et La Verrière, et l’officialisation, par l’équipementier français, de l’installation d’une toute nouvelle chaîne de production sur son site de Veszprém, en Hongrie. Or, pour les syndicats, cette dernière devait initialement arriver à Sainte-Florine, d’ici la fin de l’année 2024. "On est dans un contexte compliqué avec Valeo qui annonce la fermeture de trois sites en France et d’autres vont arriver derrière je pense", s’alarme Chantal Jouve, déléguée syndicale CGT à Valeo Sainte-Florine. 

Les équipementiers européens n’ont pas eu des ventes extraordinaires. La Chine a pris 50 % du marché. J’ai peur pour Sainte-Florine car cette nouvelle ligne devait arriver et nous permettre d’avoir du travail en plus. Moi, je suis là depuis 20 ans, et c’est la première fois que je vois si peu de travail. On a des changements de direction sans arrêt. L’usine tourne mais ça fait peur.

Du côté de FO, autre force syndicale, un droit d’alerte économique a été lancé. D’après le comité central du syndicat, la prochaine étape pourrait « être la délocalisation d’une nouvelle activité et un PSE ». Selon le site Service-public.fr : "Le Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) vise à faciliter le reclassement des salariés dont le licenciement économique est inévitable". En somme, des suppressions de postes. Une situation inconcevable pour FO qui rappelle : "Sainte-Florine est une des usines Valeo les plus rentables de France et le premier employeur privé de Haute-Loire".

La direction porte un autre regard sur la situation

Face à cette situation, la direction de l’entreprise tient à tempérer les propos et livre une version assez différente. "Déjà, pour les trois sites, il s’agit de deux usines et d’un centre de recherche pour lesquels nous cherchons des repreneurs. Ce ne sont pas des fermetures, c’est important de le préciser", annonce-t-on du côté du service presse.

En ce qui concerne la ligne de production : "Nous souhaitons produire au plus près de nos marchés afin d’être le plus efficace possible pour nos clients. La capacité de Sainte-Florine est insuffisante pour répondre à la demande des clients. Par contre, le site de Veszprém, en Hongrie, dispose de capacités. Et il a été décidé d’y installer une nouvelle ligne. Mais cela ne remet pas en cause Sainte-Florine qui est vraiment en pleine capacité."

Alors, entre la peur des syndicats et la temporisation de la direction, il n’est pas simple de définir quel sera l’avenir du site de Sainte-Florine, et de ses 600 employés, à court et moyen terme. Mais une chose est sûre, dans le Bassin minier, l’ombre de la catastrophe Ducellier plane toujours, même 40 ans plus tard.

Nicolas Jacquet

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