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Le budget 2024 de l'Université Clermont Auvergne "en déséquilibre"

Soixante universités pourraient être en déficit en 2024, selon l’association France Universités, qui réunit les présidents d’université.

Parmi elles, l’Université Clermont Auvergne (UCA) n’a pas encore bouclé son budget. Analyse d’un déficit annoncé avec le président Mathias Bernard.

D’où viennent les recettes de l’UCA?? Le budget de 350 millions d’euros est alimenté à 80 % par l’État, sous la forme d’une subvention pour charge de service public (SCSP) qui couvre les dépenses de personnel et de fonctionnement. Les 20 % restants sont alimentés par d’autres ressources publiques (subventions de l’État, des collectivités, de l’Europe sur des équipements et des rénovations bâtimentaires, appels à projets…) et par les droits d’inscription.

"Notre inquiétude, aujourd’hui, c’est que notre SCSP soit en stagnation, voire, ce qui n’est jamais arrivé, en diminution. En 2023, la progression de la subvention a été moins forte que la progression d’un certain nombre de postes de dépenses, d’où le déséquilibre du budget."

mathias bernard

Pourquoi les dépenses augmentent-elles ? La masse salariale pèse 80 % des dépenses de l’UCA et progresse au rythme des revalorisations salariales des fonctionnaires.

Jusqu’en 2022, l’État compensait ces revalorisations en augmentant sa dotation. Ce n’est plus le cas. Les universités doivent donc piocher dans leurs réserves de quoi payer ce surcoût. Pour l’UCA, c’était 5 M€ en 2022, 7 M€ en 2023, probablement 7 M€ aussi en 2024.

Deuxième poste de dépenses (à hauteur de 10 % du budget), le fonctionnement intègre l’entretien courant, le mobilier et surtout les fluides. "Ces charges-là ont explosé du fait de l’inflation", constate Mathias Bernard.

L’augmentation du coût de l’énergie s’est traduite en 2023 par un surcoût de 15 M€ par rapport à 2022, à peine atténué par un versement de 4 M€ par l’État en fin d’exercice budgétaire.

Un deuxième déficit attendu. C’est seulement en fin d’année que les universités connaîtront le montant définitif de la dotation de l’État. D’où "un taux d’incertitude important sur notre atterrissage budgétaire en 2024", remarque le président de l’UCA.

Après un déficit de dix millions d’euros en 2023, Mathias Bernard s’attend pourtant à "un déficit comparable, si l’UCA a la même non-compensation" des hausses de salaires. L’université n’ayant pas droit à l’emprunt, il faudra de nouveau piocher dans le fonds de roulement, qui permet de faire face aux imprévus et de financer les investissements immobiliers.

"L’an dernier, l’UCA a pu financer le déficit en prélevant sur ses réserves, qui étaient de 70 M€. Elle a pu le faire une fois, elle va le refaire en 2024, mais elle ne pourra pas le faire une troisième fois sans mettre en périls les engagements qu’on a pris sur les campus."

Où faire des économies?? Principalement sur la masse salariale. Dès cette rentrée 2024, l’UCA n’a pas renouvelé une cinquantaine de contractuels, la moitié chez les personnels administratifs et techniques, l’autre moitié parmi les enseignants. Ce qui s’est traduit par des suppressions de cours ou de groupes de travaux dirigés.Le 16 septembre, Mathias Bernard a inauguré le learning centre de l'UCA, à Clermont-Ferrand. Deuxième mesure annoncée pour 2025, le non-renouvellement d’une partie des postes de titulaires qui partent à la retraite. Chez les enseignants, par exemple, un poste sur cinq ne sera pas renouvelé. À plus long terme, c’est l’offre de formation de 450.000 heures qui sera "redimensionnée", avec l’ambition de la réduire d’au moins 40.000 heures d’ici 2027.

Les investissements sont-ils menacés?? "L’objectif du plan de réduction des coûts, c’est justement d’éviter que la situation financière ait un impact sur les investissements immobiliers, répond Mathias Bernard. Surtout qu’ils concernent des bâtiments dont les coûts de fonctionnement sont exorbitants."

Comme ses collègues présidents d'université, Mathias Bernard demande "une visibilité pluri-annuelle sur le financement de l'Etat". "Le déficit 2023 n'a pas pu être anticipé, puisque nous avons appris la non-compensation des mesures salariales au moment où ces mesures ont été annoncées", rappelle le président de l'UCA. "Pour avoir une politique efficace sans altérer la qualité du service qu'on rend, on a besoin d'anticiper et de programmer."

Isabelle Vachias

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