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Jusqu’en 1766, il fallait passer par la prison pour entrer dans Guéret

Au début du XVe siècle, Jacques II de Bourbon, comte de la Marche, avait ordonné « par le singulier désir qu’il a d’accroître, multiplier et augmenter sa ville de Guéret… pour la perpétuelle seurté et préservation des manans et habitans en icelle […] qu’elle soit élargie ou close de novel, fortifiée et emparée convenablement pour résister à la volonté et entreprise de ses ennemis et adversaires ».

Son lieutenant (et fils), Bernard d’Armagnac, par une ordonnance datée du 17 novembre 1434, prescrivit l’achèvement des fossés protégeant les murailles. En 1446, celles-ci étaient complètement édifiées. Située à l’est, à l’emplacement de la rue Martin-Nadaud actuelle, la porte Marchedieu (nommée aussi Chancelière ou du Chancelier) donnait accès à la ville par l’actuelle Louis-Lacrocq. Un plan du XVIIe siècle nous la montre, avec une partie centrale où s’ouvre le passage, couverte d’un toit à lanternon, flanquée de deux tours rondes, sa façade extérieure garnie de mâchicoulis. L’intérieur servit de prison jusqu’en 1766.

Pas la vie de château

Qualifiée de prison royale, ses hôtes n’y menaient pas la vie de château, maintenus les fers aux mains et aux pieds dans leurs cachots. La gestion des lieux de détention était confiée à des adjudicataires, qu’une ordonnance de 1670 obligeait à fournir chaque jour deux livres de pain entre bis et blanc à chaque prisonnier ; de renouveler tous les quinze jours la paille sur laquelle il couchait ; de lui donner des pots de terre et terrines ainsi que l’eau nécessaire pour boire et faire sa soupe. Or, il arrivait que les détenus subissent la rapacité de ceux chargés de les garder et de les entretenir.

Au début des années 1730, l’adjudicataire, un aubergiste nommé Glomet, laissa la gestion de la prison à sa femme. Des détenus l’accusant de leur donner du pain dont même des chiens n’auraient pas voulu ; de ne jamais balayer la prison dans laquelle ils élevaient des oies et des volailles ; de les laisser dans l’ordure et la puanteur ; de ne changer la paille que toutes les cinq à six semaines ; de retenir leurs habits et l’argent qu’ils recevaient en aumônes ; de les avoir même violentés, le lieutenant général de police, Frogier de Villerambaud, se rendit à la prison le 22 juillet 1738, pour vérifier « de visu » les faits. La femme Glomet ayant refusé avec audace et arrogance de lui ouvrir la porte, il la fit forcer par un serrurier, changer les serrures et révoqua Glomet, bien qu’il eût joui de la protection du procureur du roi et du lieutenant de la maréchaussée.À la fin du XVIIe siècle, les fortifications de Guéret tombaient en ruines en l’absence d’entretien, car devenues obsolètes avec les progrès de l’artillerie.

Abandon des travaux

En 1750, la décision de ne plus y faire de travaux fut prise. Des particuliers récupérèrent les pierres pour construire leurs maisons à moindres frais et les riverains aménagèrent les fossés en jardins. Le 27 septembre 1782, le directeur des Domaines de la généralité de Moulins ordonnait que soit abattue la porte Marchedieu en raison de sa vétusté. Pour agrandir sa propriété, le sieur Baret de Beauvais, proposa de la démolir à ses frais (les pierres lui revenant) après avoir acquis le terrain sur laquelle elle s’élevait pour 2 sols la toise carrée (2 sols équivaudraient aujourd’hui à 1,11 euro et la toise carrée à 3,79 m²) auprès de l’administration.

À l’entrée de la rue Martin-Nadaud, une sculpture en tubes métalliques érigée à la fin des années 1990 début 2000 rappelle, par sa silhouette, la porte médiévale disparue. 

L'histoire se poursuit aujourd'hui

A Guéret, le haut du boulevard Carnot va changer de visage avec la démolition des bâtiments de l’ancienne imprimerie Lecante et du Pôle des arts plastiques.

À leur place, le bailleur social Creusalis édifiera un immeuble comprenant 21 logements, une surface commerciale de 400 m2 au rez-de-chaussée et un parking de 23 places ouvrant sur la rue du Prat au sous-sol, comme l’a annoncé la maire de Guéret, M.-F. Fournier, lors du dernier Conseil municipal.

Le début des travaux sera conditionné aux fouilles archéologiques préliminaires qui mettront peut-être au jour une partie de l’histoire de la ville.

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