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Un choix du coeur et non un choix de peur : malgré la guerre, ce jeune Français juif s'est installé en Israël, cet été

« J’ai eu peur mais je me suis senti à ma place. » Lorsque l’alerte a retenti pour annoncer l’attaque de missiles iraniens, mardi dernier, Raphaël Yadan est descendu se réfugier dans un abri. Aussi effrayant soit le moment pour un Parisien de 29 ans, fraîchement débarqué d’une ville apaisée par les Jeux Olympiques, il en retient seulement qu’il a fait communauté avec d’autres juifs. Le sens de sa venue. Ce jeune Français a émigré en Israël, fin juillet. Installé, depuis dans un kibboutz, entre Tel Aviv et Haïfa, il apprend l’hébreu, travaille pour le collectif et se familiarise avec la culture locale pour se l’approprier.

L'envie était là...

Si elles ne sont pas la cause, dit-il, de ce départ sans retour, les attaques terroristes du 7 octobre 2023 ont été le déclic. Plus que jamais, il a ressenti le besoin d’embrasser la cause de ce pays, de partager sa destinée, d’être de son histoire. Faire son Alyah - “la montée” vers Israël, le taraudait depuis un moment. Il avait même entamé les premières démarches, au sortir du Covid, s’arrêtant au dépôt de dossier.

Pourtant, Israël était loin...

Il y a dix ans, ce Français, fils de Sépharades, se désintéressait totalement de ce coin du monde entre la Méditerranée et le Jourdain qu’il regardait de haut. « Quand j’étais petit, pour moi, Israël, c’était Rabbi Jacob, c’est-à-dire le pays des Loubavitch, des religieux. Je ne me sentais pas juif », confie ce non pratiquant. Son regard change radicalement à ses 18 ans, après sa première visite, à la faveur du « Taglit » - voyage de découverte d’Israël offert aux jeunes de la diaspora. S’ensuit un nouveau séjour d’un an. Le coup de cœur est absolu, tous ses a priori, en tant que juif, laïc et de gauche, tombent.

Déflagration intime

Le 7 octobre 2023, Raphaël Yadan était chez ses parents. « Ça a été le week-end le plus long de ma vie. » Les semaines qui suivent, difficile retour à une vie sociale et professionnelle pour le Parisien, traumatisé par l’ampleur du massacre et suspendu au sort des otages du Hamas. Ce sioniste, qui milite à gauche depuis ses 16 ans, a besoin d’agir pour Israël, les victimes, et se mobilise tous azimuts dans la rue et sur les réseaux sociaux.

L'extrême gauche et l'antisémitisme

Il prend ses distances avec sa famille politique, affiche du ressentiment devant « l’extrême gauche, qui tient des discours devenus haineux et antisémites ». Il réfute, pour sa part, une empathie sélective : « Des enfants, des civils qui meurent à Gaza, ça ne me rend pas heureux. Ce sont les premières victimes de cette guerre et du Hamas. Aucun parent israélien n’envoie ses enfants à la guerre de gaîté de cœur, - (mais il n’y a pas le choix) -, sauf les extrémistes qui soutiennent ce gouvernement de dingos. » « Soutenir Israël, ce n’est pas soutenir Netanyahou », plaide-t-il, en vain, de nombreux amis et collègues coupant les ponts.

S'accrocher, comme on peut

Pour autant, insiste-t-il, ce n’est pas par peur qu’il a quitté la France. « C’est mon pays. Il m’a façonné durant 30 ans, je suis profondément Français. Si je veux revenir, dans 10, 20 ou 30 ans, j’espère pouvoir le faire sereinement », s’interroge-t-il, tout de même, face à la flambée de l’antisémitisme. Le Franco-Israélien croit-il, encore, à la possibilité de vivre, en paix, avec les Palestiniens. « Au lendemain du 7 octobre, on ne va pas se mentir, j’avais du mal… Malgré tout, on va essayer de s’accrocher comme on peut à l’espoir de paix. » 

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