"Le voleur a été volé" : un Montluçonnais condamné après le cambriolage d'un salon de coiffure
«Il est très difficile de démêler le vrai du faux avec vous. Vous avez donné plusieurs versions dans le dossier et encore une nouvelle aujourd’hui », déplore la procureure lors de ses réquisitions au cours de l’audience en comparution immédiate, au tribunal judiciaire de Montluçon, lundi 30 septembre.
Le prévenu, un Montluçonnais de 50 ans, était poursuivi pour un vol avec effraction, en état de récidive suite à une condamnation de février 2021, dans un salon de coiffure pour homme, rue Victor-Hugo. Le lundi 30 septembre, entre 4 h 20 et 4 h 30, il aurait cassé une vitre avant de dérober une télévision, une tablette, 250 euros restés dans la caisse et six tondeuses.
Diverses versions des faitsEn l’absence de témoins, il aurait été reconnu par les policiers sur les images de vidéoprotection d’une caméra filmant la rue. L’homme, qui habite à proximité, est interpellé à son domicile et placé en garde à vue.
Tout au long de ses auditions, les versions s’enchaînent. Il aurait été dehors pour aller voir sa mère malade, pour s’acheter des stupéfiants, pour aller voir une prostituée, pour payer une dette de stupéfiants… Il nie en revanche, de manière constante, l’effraction et avoir pris autre chose que la télévision. Le prévenu affirme l’avoir trouvée dans la rue. Une autre fois, il dit être entré dans le salon alors que la vitre était déjà cassée.
« Le voleur a été volé »Rien n’a cependant été trouvé chez lui. Le quinquagénaire aurait laissé la télévision dans le couloir de son immeuble, où elle aurait été dérobée. « Le voleur a été volé », ironise la présidente.
Pour la procureure, les photos de vidéoprotection et les incidents du bracelet électronique du prévenu concordent et correspondent aux faits. Elle requiert douze mois de prison dont quatre mois avec un sursis probatoire de deux ans ainsi que des obligations de soins et de travail.
Vingt-trois mentions au casier judiciaireDe son côté, Maître Héas estime que le fait que son client soit très connu des services de police avec 23 mentions à son casier a influencé le dossier. Il pointe la mauvaise qualité des images de vidéoprotection qui ne permet pas de le reconnaître et l’absence totale d’éléments matériels. Rien de ce qui a été déclaré volé n’a été retrouvé. « En dehors des aveux de mon client, vous n’avez rien dans le dossier », plaide le conseil.
La plaidorie a convaincu le tribunal qui a requalifié le dossier en vol simple. Le Montluçonnais a été condamné à quatre mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans et des obligations de soins et de travail. Il devra verser 884 euros au coiffeur en remboursement de la télévision et 200 euros de préjudice moral.
Florence Farina