“Le Robot sauvage”, le meilleur film d’animation de l’année ?
Satisfaisons d’emblée notre appétit de bookmakers : Le Robot sauvage devrait, sans trop de doute, remporter l’Oscar du meilleur film d’animation en mars prochain, une récompense que DreamWorks n’a plus obtenue depuis 20 ans avec Wallace et Gromit : le Mystère du lapin-garou. Après Lilo et Stitch, Dragons, Les Croods et L’Appel de la forêt, Chris Sanders poursuit sa filmographie animalière avec une nouvelle épopée insulaire d’apprentissage, située quelque part entre Bambi et Wall-E.
L’unité ROZZUM 7134, alias Roz (dont la conception rappelle celle des robots du Château dans le ciel de Miyazaki), se retrouve échouée à la lisière d’une forêt. Initialement programmée pour accomplir des tâches de service afin de soulager le quotidien des humains, Roz désespère de pouvoir remplir sa mission auprès de sa nouvelle compagnie : la faune locale. La barrière de la communication est rapidement levée grâce au programme interne d’apprentissage des langages inconnus dont l’androïde est équipé.
Éprouver la nature
Parmi les renards, les opossums et autres castors, c’est sur un oison tout juste sorti de son œuf que le robot va jeter malgré elle son dévolu, endossant le rôle inédit d’une mère. Sa nouvelle tâche : lui apprendre à se nourrir, à nager et surtout à voler avant la prochaine migration. Une machine se découvre alors un instinct maternel, ce qui perturbe ses systèmes. Le film interroge ainsi la programmation, non seulement des robots, mais aussi des animaux, une sélection naturelle qui sous-tend tout l’écosystème de l’histoire, où les humains restent hors-champ. Dans une très belle scène, une flopée d’espèces doivent, le temps d’une nuit, réfréner leurs instincts de prédation car forcés de cohabiter dans une cabane exiguë.
Derrière les balises d’une histoire qui prend à cœur ce dépassement de nos fonctions pour mieux éprouver la nature, Chris Sanders se fait surtout un paysagiste fabuleux. Avant que le film ne flirte avec le space opera, où l’esthétique futuriste et technologique s’immisce sous les feuillages, la première et longue partie se passe intégralement en forêt, sculptée avec une minutie étourdissante. Si Le Robot sauvage n’est jamais animiste, comme peuvent l’être les films de Miyazaki, son esprit mystique se loge dans sa foi en une peinture numérique aux vibrations neuves, et qui magnifie la nature comme seuls des programmes informatiques peuvent le faire. Les machines ont accouché d’une miraculeuse frondaison.
Le Robot Sauvage de Chris Sanders avec les voix de Lupita Nyong’o, Pedro Pascal.