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Drapeaux palestiniens : comment Mélenchon divise encore un peu plus la gauche

Il est tout juste dix-neuf heures ce vendredi 4 octobre lorsque Jean-Luc Mélenchon s’apprête, une fois de plus, à fracturer l'union de la gauche. Sa méthode : évoquer le conflit au Proche-Orient, un sujet qui semble autant polariser la gauche que la société française. Invité par l’association Action populaire - antenne de La France insoumise (LFI) - dans le cadre de son format baptisé "sur le moment politique", le leader insoumis monte sur l’estrade, se glisse derrière le pupitre.

Détaché de ses notes, il déroule son discours, ponctué des vivats d’une centaine de jeunes visages venus l’acclamer. Au premier rang, les députés LFI Manuel Bompard, Louis Boyard et Antoine Léaument, qui comptent parmi ses plus fidèles lieutenants, l’écoutent religieusement. A neuf heures moins quart, les mêmes applaudissent lorsque celui-ci émet sa "recommandation" pour les prochains jours. Celle de mettre "partout où l’on peut", des drapeaux palestiniens. Ce, dès le 8 octobre, soit le lendemain du premier anniversaire du pogrom du 7 octobre 2023, qui marque le point de départ de la résurgence du conflit entre l'Etat hébreu et l'organisation terroriste palestinienne.

Les fidèles insoumis font bloc derrière leur chef

Une idée qui lui serait venue à la suite d’une "lettre" de Patrick Hetzel, fraîchement nommé ministre de l’Enseignement supérieur en septembre dernier. Une référence directe au communiqué de presse du ministère de l’Enseignement supérieur qui "condamne fermement" les "manifestations et prises de position de nature politique, en lien avec le conflit au Proche-Orient" de "ces derniers jours dans plusieurs établissements, à Sciences Po Paris notamment". Ainsi, Jean-Luc Mélenchon appelle-t-il "la jeunesse étudiante" à "s’insoumettre" face à ce qu’il présente comme "un interdit" du gouvernement.

Comme d’usage, une fois le signal donné par le patriarche insoumis, les soldats emboîtent le pas. "Alors que la guerre embrase maintenant toute la région, la mobilisation doit redoubler et accrocher des drapeaux palestiniens dans les universités, est une bonne idée", fait valoir samedi le député insoumis Aurélien Taché sur BFMTV. Dans son sillage, Louis Boyard, présent à la manifestation en soutien aux peuples palestinien et libanais, réitère depuis son compte X l’appel de son mentor. "Le 8 octobre, nous dresserons leurs drapeaux [celui de la Palestine et celui du Liban] n’en déplaise à l’interdiction du ministre des universités".

Moins attendus parmi les soutiens à l’appel de Jean-Luc Mélenchon, les purgés de LFI n’ont rien trouvé à objecter à l’idée. Au micro de Franceinfo samedi matin, Raquel Garrido estime que l’initiative "peut être" perçue comme un signe d’attachement de la France à la paix. Au même moment, Clémentine Autain est l’invitée à la matinale de France Inter. Bien qu’affirmant "découvrir cette proposition", et "ne pas y avoir réfléchi", la cofondatrice de "L’Après" - mouvement crée à l’initiative de plusieurs dissidents insoumis - a martelé "l’importance de manifester notre solidarité avec les Palestiniens et les Libanais".

Nouvelle prise de distance du PS

Problème : tous au sein du Nouveau Front populaire (NFP) n’accueillent pas l’injonction avec le même enthousiasme. Ces derniers mois, la gauche semble d’ailleurs avoir adopté deux nouvelles règles. La première consiste à ce que les insoumis, s’ils souhaitent le rester, montrent une loyauté sans équivoque à l’égard de Jean-Luc Mélenchon. La seconde impose aux autres formations politiques de se distancier rapidement de La France insoumise, dès lors qu’elle s’engouffre dans une énième polémique. Règle que le chef du parti à la rose n’oublie pas.

Ainsi Olivier Faure s’est-il empressé ce samedi d’asséner un camouflet à Jean-Luc Mélenchon. "Nous n’appellerons pas, nous, à déployer des drapeaux palestiniens dans les universités, parce que tout simplement nous n’opposons pas les morts aux morts", a-t-il déclaré à l’occasion de la rentrée politique des socialistes du Nord. Et le député de Seine-et-Marne de lancer une pique au député de Marseille retraité : "Nous devons être des gens qui fabriquent de la paix plutôt qu’être des gens qui alimentent le conflit".

Pour Sandrine Rousseau, Mélenchon fait "de la provoc"

Quelques heures plus tôt, l’eurodéputé PS-Place Publique Raphaël Glucksmann fustige quant à lui "la quête du buzz permanent" de LFI, dont le "but n’est pas que l’on parle de la situation en Palestine, mais que l’on parle d’eux". Des accusations qui résonnent avec celles des certains au sein des Écologistes. Invitée dimanche sur le plateau de LCI, Sandrine Rousseau a estimé que les déclarations de Jean-Luc Mélenchon "faisaient partie des choses qui provoquent". Et la députée écologiste de conclure : "je pense qu’il y a d’autres manières" d’alerter sur "ce qu’il se passe à Gaza".

Comme le fait par exemple, d’aller manifester "dans la rue pour exprimer un soutien à telle ou telle cause", fait valoir François Hollande qui lui aussi, sans surprise, s’est désolidarisé de la sortie de son allié au sein de la coalition de gauche. Et le septième président de la Ve République, élu en juillet dernier député de Corrèze, de souligner : "Les drapeaux qu’on doit porter dans des lieux publics, ce sont les drapeaux français. Le reste, c’est une propagande qui n’a pas sa place dans des lieux publics."

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