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La vie judiciaire mise en scène

La Nuit du droit, créée en 2017 à l’initiative de Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, est un événement culturel qui vise à sensibiliser le grand public aux principes et aux métiers du droit. Cusset en a célébré, jeudi dernier, la 7 e édition autour de la compagnie Les Arts Oseurs avec le spectacle Héroïne , déroulant les audiences d’un tribunal reconstitué à l’Espace Chambon.

Héroïne est le fruit de l’immersion de l’autrice et metteuse en scène Périne Faivre, dans le cœur de la justice française entre le 18 novembre 2018 et le 27 février 2020. Quatorze mois durant lesquels elle suit une avocate (son héroïne) dans son quotidien, entre rendez-vous au cabinet d’avocats, audiences, salles d’attente et autres réunions professionnelles.

Violences

À cette même période, la France est traversée par des événements qui en secouent les fondements (Gilets jaunes, pandémie et même nomination d’un avocat au ministère de la Justice). Du carnet de notes prises par Périne Faivre résulte l’écriture du spectacle. Avec sa troupe composée de onze personnes, mêlant comédiens, régisseurs, peintre ou encore musicien, elle s’adonne à décomposer chaque affaire recueillie dans son carnet pour retranscrire des scènes qui prennent la forme d’un tribunal à ciel ouvert.

Plus de cent cinquante personnes y ont vécu, pendant quatre heures jeudi soir, des instants de grande émotion, ponctués de scènes cocasses, de danses endiablées, de chansons, de scènes ordinaires de la vie du tribunal.

L’avocate, aussi bien que la femme de ménage, devenant objet artistique. Une justice rendue à 360 degrés, les acteurs circulant au milieu du public. Des affaires de violences conjugales « où la justice n’a pas toujours à décider à la place des gens », ou face à la secrétaire du Tribunal pour Enfants (TPE), une mère hurle pour voir son fils en détention. Quant au Soudanais « sans papiers », il ne peut que constater « qu’en France ce n’est plus la règle du droit d’asile, mais celle de l’éloignement ».

Une magistrate du TPE, elle, n’a pas le temps d’être mère et n’en « a même pas envie lorsqu’elle voit des familles s’entredéchirer », tandis que l’avocate marocaine « ne peut pas être l’avocate de tous les Maghrébins de France », avocate ou pas « tu restes une Arabe ».

La justice rendue par visioconférence, apparue pendant la crise du Covid, donne l’occasion de scènes cocasses qui mettent en relief la fragilité des jugements prononcés. Se pose alors la question de la transparence de la justice rendue au nom du peuple, à l’heure où le droit mérite d’être davantage connu du public. Avec, à chaque audience, le vieil homme algérien au fond du tribunal, observateur et garant de la vérité de chaque affaire judiciaire.

Table ronde

À l’issue de la représentation théâtrale, une table ronde a réuni une soixantaine de personnes pour des débats, échanges et réflexions sur l’acte de juger. Autour des initiateurs de la Nuit du Droit à Cusset se trouvaient Cédric Bochereau, président du tribunal judiciaire de Cusset, Éric Neveu, procureur de la République, Me Dorothée Bonnefoy, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Cusset-Vichy, et Clotilde Gonthier, magistrate et coordinatrice du pôle famille.

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