Cette habitante de Haute-Loire raconte le véritable calvaire de la maladie mentale
La maladie mentale et les troubles psychiques touchent près d’une personne sur cinq en France. Trouver le traitement adapté peut prendre des années, y compris quand on est volontaire aux soins comme l’a été Charlotte Carugati. Enfant, on lui disait qu’elle était mal élevée. Puis elle a été traitée pour une dépression chronique alors qu’en fait, elle est bipolaire. Installée près de Monistrol-sur-Loire depuis deux ans, elle veut apporter son expérience de rétablissement à ceux qui souffrent comme elle. Elle s’est formée pour devenir pair-aidant.
« J’avais l’impression d’avoir un handicap invisible »La vie de Charlotte Carugati s’est longtemps écrite sur des pages froissées par la maladie mentale. Sa prise en charge a commencé dans la petite enfance. « J’avais une hypersensibilité émotionnelle, des terreurs nocturnes, une dépendance affective. » Ces traits de personnalité sont mis sur le compte de la naissance de son premier frère, de 4 ans son cadet, et cela en reste là.Autour d’elle on la pense « capricieuse, mal élevée, impulsive ». « Je ressentais beaucoup de mal-être, de souffrance. J’avais l’impression d’avoir un handicap invisible. » Ses parents en parlent au médecin de famille, l’emmènent chez le pédiatre puis au centre médico-psychologique.Sa santé mentale flanche de façon pathologique à partir de sa majorité. Elle fait une grosse chute dépressive, se retrouve hospitalisée et déscolarisée. Les dépressions deviennent chroniques et les épisodes s’enchaînent. « Mais à chaque fois, elles sont liées à un événement : une séparation, la perte d’un emploi. » Ses débuts dans la vie d’adulte sont instables.
J’avais 20 ans, je couchais avec tout le monde, mais ce comportement à risques n’était pas pris pour un symptôme. On me disait que je souffrais de troubles de la personnalité de type borderline.
Et puis à l’âge de 25 ans, elle vrille et traverse son premier virage maniaque qui permettra de poser, enfin, un diagnostic sur sa maladie.Charlotte Carugati vivait sur la Côte-d’Azur. « J’avais fêté mes 25 ans. J’avais invité toute ma famille pour un moment joyeux après une longue période d’hospitalisation. » Le traitement qu’elle prend pour soigner la dépression et faire remonter son humeur la précipite dans une euphorie folle que la psychiatrie appelle « une phase maniaque ». La fête a tourné au cauchemar. Charlotte s’est mis en tête d’aller rejoindre son petit ami en Picardie. Elle est partie de Cannes « en pyjama avec mon lapin dans les bras. »Arrivée à Paris, elle a pris une chambre d’hôtel de luxe avant de commander un taxi pour poursuivre son périple. « J’étais dans un délire et ça a duré une semaine. » Sept jours durant lesquels elle est restée dans la même tenue, sans dormir, à dilapider l’argent qu’elle n’avait pas. « Tout le monde était heureux de me voir dans cet état car j’avais été longtemps en dépression. Ils savaient que j’étais suivie en psychiatrie, mais personne n’a pensé à avertir le milieu médical de ce nouvel état. » Sa belle-famille finit par appeler ses parents pour venir la chercher. « Je les embarrassais, ils voulaient se débarrasser de moi. Mais j’étais vraiment en détresse. »
Des conséquences encore 9 ans aprèsAprès cet épisode, elle se retrouve hospitalisée sans consentement. La jeune femme connaît la contention attachée à un lit, l’isolement et les médicaments injectés par piqûres. C’était il y a 9 ans. Aujourd’hui Charlotte Carugati en subit encore les conséquences. « Depuis, je suis sous curatelle et j’ai été reconnue travailleur handicapée. » Cette phase maniaque a permis au centre expert fondamental de Monaco de poser un diagnostic en 2015 qui n’a pas changé depuis : Charlotte Carugati est bipolaire.Avec le recul, elle se rend compte que de ses « 18 à 25 ans, il y a eu une montée en puissance de ma maladie. Je voyais des médecins deux fois par semaine. Ils me donnaient un traitement pour soigner la dépression, mais finalement les médicaments ont fait passer mon humeur au-dessus du seuil de normalité, cela a accéléré ma bipolarité. »À présent, elle prend des régulateurs d’humeur. Elle est mariée et installée dans l’est de la Haute-Loire. Elle voudrait que son parcours médical soit utile à d’autres personnes qui souffrent de maladie mentale. Charlotte Carugati a validé un diplôme universitaire de pair-aidant en santé mentale, pour devenir un maillon essentiel dans la chaîne de rétablissement des personnes perdues dans les méandres de la maladie mentale.
Céline Demars
Contact. Par mail à l’adresse charlotte.pairaidant@gmail.com.
Le programme des rendez-vous gratuits et tout public
Mercredi 9 octobreEvénement participatifRandonnée bien-être. Sur un tronçon du chemin de Saint-Jacques. Départ à 8 heures, place Michelet. Organisé par le centre communal d’action sociale. Chacun emmène ce qu’il a envie de partager pour le déjeuner qui se tiendra à 12 heures, salle Didier Azas, au Puy.
Quiz bien-être. Pendant la randonnée. Proposé par Addictions France. Pause café. Au retour de la randonnée, au P’tit café, place du Marché-Couvert au Puy.
Stands. Des stands et des ateliers de partenaires seront accessibles de 12 à 15 heures. Avec la participation du CCAS, GEM chat typique, GEM La Galaxie, Unis-cité, Cdos, EPGV Montplaisir, Service mobilité agglo, Services de sports et ressources humaines Le Puy-en-Velay, Centre hospitalier Sainte-Marie, MGEN, Addictions France, Ufolep, Le P’tit Café, Unafam.
Activités convivialesBalade douce. De 9 à 10 heures au départ du centre hospitalier Sainte-Marie pour aller jusqu’au GEM La Galaxie.
Atelier cuisine. De 10 heures à 11 h 30, au GEM La Galaxie, 1 chemin de Sainte-Catherine au Puy, confection de tartes à partager durant le repas convivial au centre Roger-Fourneyron. Sur inscription au 04.71.06.02.93.Jeu “KARAocoeur” (autour du karaoké). De 15 à 17 heures au GEM La Galaxie 1 chemin de Sainte-Catherine au Puy.
Vendredi 11Chorale. Venez chanter avec votre bonne humeur de 14 à 16 heures, salle de la Citoyenneté au Puy avec le GEM La Galaxie.
Mardi 15Conférence-débat. Trans’identité, quelle place pour les professionnels ? A 18 heures au centre Pierre-Cardinal, au Puy, animé par l’association Trans’Aide.
Jeudi 17Spectacle théâtral. Les ados mode d’emploi. A 20 heures à la salle polyvalente de Lamothe. Sur réservation auprès de La Maison des ados 43 (04.71.06.60.70). Ciné Débat. A 18 heures, projection de La machine à écrire et autres sources de tracas, de Nicolas Philibert suivi d’un débat avec Muriel Quiniou, psychologue. Au ciné Grenette à Yssingeaux.
Vendredi 18Spectacle Théâtral. Les ados mode d’emploi. A 20 heures à la salle polyvalente de Saint-Maurice-de-Lignon.