Trophées des entreprises de la Corrèze : à la rencontre des trois finalistes de la catégorie Artisanat
Un boulanger qui investit dans des locaux de 300 mètres carrés, une souffleuse de verre utilisant la méthode traditionnelle dite « à la canne », un jeune boucher-charcutier qui confectionne des pâtés 100 % gaillard… Voici les finalistes 2024 des Trophées des entreprises dans la catégorie Artisanat. Le grand vainqueur sera dévoilé, jeudi 17 octobre, au Stadium de Brive.
Laurent SauteLaurent Saute est un boulanger offensif. Il est sur tous les fronts. Mais lui se dit plutôt « défensif ». À finalement se positionner sur des marchés qui, à défaut, fileraient vers des industriels. Ainsi, la boulangerie plus que centenaire de Masseret, créée en 1908 par son arrière-grand-père mais à l’étroit dans ses locaux, a multiplié les petits pains.
Laurent Saute a d’abord repris une boutique du centre-ville d’Uzerche et, depuis deux ans, il a développé une boulangerie artisanale de zone, aux Paturaux. De grands locaux de 300 mètres carrés qu’il loue, environ 300.000 euros d’investissement dans des labos pain et pâtisserie, une offre snacking et un emplacement à ne pas laisser passer ! « Près d’une grande surface commerciale qui amène du monde et avec du stationnement, tout en gardant les mêmes recettes et les mêmes produits, à base de farine locale venue de Salon-la-Tour et Objat ». Une stratégie pour éviter l’installation d’une grande chaîne qui ne se serait pas privée de venir vendre ses produits avec des offres alléchantes.
Laurent Saute est à la tête de l’entreprise familiale depuis dix-huit ans. Mais il n’a pas toujours travaillé en boulangerie ! Aujourd’hui âgé de 52 ans, il a suivi des études en électronique avant d’embrasser une carrière dans le commerce. Il a toutefois passé aussi en 1995 son CAP boulanger en candidat libre. Un parcours professionnel sans doute pas étranger à sa vision commerciale, lui qui cherche à se mettre à la place du client. Aujourd’hui, Laurent Saute, qui a aussi commencé une formation au centre de détention d’Uzerche, dirige une équipe de quinze personnes, boulangers, pâtissiers, vendeurs, apprentis… qui sort quelque 1.200 pièces par jour.
Julie LefèbvreUne petite cour, un atelier de poche qui abrite les fours de cuisson et une foule colorée de confections verrières : l’Alchimiste Verre fait figure d’exception dans le paysage de l’artisanat d’art régional. Installée à Uzerche depuis le printemps 2019, Julie Lefèbvre indique, en effet, être la seule souffleuse de verre utilisant la méthode traditionnelle dite « à la canne » en exercice en Limousin. Originaire du Nord, d’abord interprète en langue des signes, elle s’est ensuite formée à l’art du verre à Yzeure (Allier) avant de s’installer au sortir de son CAP. « J’essaie d’être accessible, proposer un accueil de tous les publics, y compris des personnes en situation de handicap. Traditionnellement, les souffleurs de verre sont ouverts au public, partagent leurs gestes », explique l’artisane.
Dans le four de fusion, chauffé à 1.200 degrés, Julie Lefèbvre prépare sa base de verre transparent qu’elle colore selon les inspirations avec divers oxydes métalliques. Une fois sorti du four, le verre rougeoyant à la consistance de miel est travaillé à l’aide de cannes à souffler, de pinces, ciseaux et ferrets. Du verre de Bohème, sa matière première, naît une foule d’objets : bouquets de fleurs, vases, boules de Noël, distributeurs de savon liquide, lampes à huile… la souffleuse de verre allie déco et objets du quotidien. Un savoir-faire qu’elle partage aussi à l’occasion de mini-stages (payants) pour que ce travail d’artisanat d’art, et dont les gestes sont désormais inscrits au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, perdure.
Dimitri PerrenoudSur l’étiquette de ses bocaux, son petit cochon moustachu qui montre les muscles ne passe pas inaperçu. Et c’est le but ! En créant sa conserverie artisanale, il y a un an, le Briviste Dimitri Perrenoud a volontairement misé sur un packaging 100 % gaillard pour taper dans l’œil des consommateurs. Une manière d’affirmer son attachement à la Corrèze et à ses produits, mais aussi de « donner envie aux gens de regarder ce qu’il y a à l’intérieur ». Car c’est bien avec ses recettes que le jeune boucher-charcutier de 23 ans cherche à se démarquer, notamment grâce aux ingrédients qu’il utilise pour ses pâtés et ses rillettes. Mis à part le piment d’Espelette, le sel et le poivre, tous ses ingrédients sont estampillés « Origine Corrèze ».
« L’idée, c’est de mettre en valeur nos bons produits : la truffe, la noix, les cèpes, les châtaignes, la moutarde violette et bien sûr du porc IGP label rouge élevé à Vitrac-sur-Montane », énumère-t-il.
L’artisan propose sept recettes de pâtés, deux de rillettes et une de boudin à tartiner. Il vient également de se lancer dans la fabrication de conserves d’anchaud (du rôti de porc cuit dans la graisse de canard) et de terrines en frais.
« Chez moi, on peut lire l’étiquette en détail, il n’y a pas de surprise. Je travaille sans colorant, sans additif et sans conservateur », insiste-t-il. Une démarche qui a déjà séduit une cinquantaine de revendeurs (épiceries fines, boucheries, bars et caves à vin). Si la plupart sont en Corrèze, Dimitri Perrenoud commence à s’exporter puisqu’en plus d’avoir sa propre boutique en ligne, il compte également des revendeurs à l’Île de Ré, à la Teste-de-Buch et à Toulon. Pas mal en seulement un an…
Julien Bachellerie, Michaël Nicolas et Laetitia Soulier