Valéry Elophe, élu RN de la Corrèze, a-t-il injurié la CFDT ? La justice tranchera dans un mois
Un élu et représentant politique peut-il tout écrire sur ses réseaux sociaux sous couvert de la liberté d’expression ? En l’occurrence, Valéry Elophe a-t-il injurié la CFDT en la qualifiant, comme d’autres syndicats, dont la CGT, « d’idiots collabos des terroristes du Hamas » ? Ou en écrivant « qu’un jour, ils sortent épuisés d’être dans la haine des juifs ? »
« Je ne regrette pas mes propos »Ces propos, tenus sur Facebook et X, le 4 novembre 2023, au moment d'une manifestation pour la paix au Moyen-Orient, après les attaques du Hamas contre Israël, l’élu d’extrême droite a dit ne pas les « regretter ».
« Dans le contexte de l’époque, un mois après les attaques ignobles du 7 octobre, demander un cessez-le-feu, c’était mettre sur un pied d’égalité un État démocratique et une organisation terroriste. C’était un commentaire purement politique. Moi-même, je subis des attaques », s’est-il défendu.
« Quel était l’intérêt de le faire sous cette forme ? », l’a interrogé la présidente. « J’ai réagi de manière impulsive, mais je ne le regrette pas. Je pense que j’ai été juste dans mes propos », a affirmé l’élu.
« Limites franchies »Pas pour Grégory Gaudel, secrétaire général de la CFDT Nouvelle-Aquitaine, qui juge « insupportables » les termes utilisés. « Ça se saurait si la CFDT était sur ces thèmes. Ces publications nous accusent d’un antisémitisme très loin de nos idées. »
Pour Me Desarnauts, l’avocat du syndicat, ça ne fait aucun doute, le propos est « intrinsèquement injurieux », ne serait-ce que par l’utilisation du terme « collabos » qui tisse un lien « avec l’idéologie condamnée qu’est le Nazisme ». « Les limites qui s’imposent à tout le monde ont été franchies, pas parce qu’on cherche à bâillonner M. Elophe […]. Comment peut-il croire qu’il peut se permettre ce type de langage parce qu’il est un homme politique ? »
« C’est ça la politique, a rétorqué Me Journé, l’avocat de l’élu RN. Ça heurte, ça choque, ça déplaît. » Selon lui, ces propos entraient dans le cadre « d’une controverse politique ». « Et en matière politique, la liberté d’expression est quasi absolue, comme l’ont souvent rappelé la Cour de cassation et la Cour européenne des Droits de l’Homme », a-t-il plaidé.
La décision attendue le 14 novembreSi elle n’a rien requis, la procureure de Brive a déploré l’usage de réseaux sociaux « devenus des vecteurs d’idées à tout-va, sans réfléchir aux mots qui peuvent blesser les gens ».
Le tribunal a un peu plus d’un mois pour trancher. Dans ce dossier, la CFDT réclame en tout 10.000 euros de préjudice et de frais de justice, que Valéry Elophe soit interdit de publier les mêmes propos et qu’il soit condamné à une publication judiciaire sur sa page Facebook.
Michaël Nicolas