Comment Kamala Harris tente de relancer le débat sur les facultés de Donald Trump
Comme une provocation. Ce samedi 12 octobre, la vice-présidente et candidate démocrate à la Maison-Blanche Kamala Harris a publié un rapport contenant des détails sur sa santé et ses antécédents médicaux. Une publication loin d’être d’anodine : si le dossier de la candidate de 59 ans expose une bonne santé, ses équipes de campagnes voudraient en réalité que le débat se déplace vers le candidat républicain, Donald Trump, âgé de 78 ans. Kamala Harris publierait ainsi son rapport médical pour convoquer un nouvel examen de la santé et de l’âge avancé de Trump, avance la chaîne américaine ABC News.
Harris "reste en excellente santé", a déclaré son médecin, le Dr Joshua Simmons, dans une lettre publiée ce samedi. "Elle possède la résilience physique et mentale nécessaire pour s’acquitter avec succès des devoirs de la présidence, notamment ceux de chef de l’exécutif, de chef d’État et de commandant en chef." Il y a quelques mois, les questions sur l’âge, la robustesse et l’acuité mentale de Joe Biden ont dominé sa campagne, jusqu’à ce que le président âgé de 81 ans jette l’éponge en juillet après un débat calamiteux face à l’ancien président républicain. Depuis, le sujet est resté relativement peu abordé dans les médias. Et n’a pas d’influence notable sur les sondages, toujours aussi serrés, en dépit de la forte différence d’âge entre Kamala Harris et Donald Trump. C’était sans compter sur les équipes de campagnes de la candidate démocrate.
Un haut conseiller de Harris a ainsi déclaré auprès d’ABC qu’ils considéraient la publication du rapport médical de la vice-présidente comme une occasion de souligner à quel point on sait peu de choses sur la santé de Trump. L’ancien président a refusé de divulguer son dossier médical lors de sa première campagne en 2016, et malgré ses promesses répétées de le faire lors de cette campagne, il ne l’a pas encore fait. La presse américaine rappelle aussi régulièrement que le milliardaire est très critiqué par ses adversaires pour n’avoir pas été transparent sur sa santé quand il était président.
Des discours de plus en plus décousus
L’ancien président, à la présence physique indéniable, a un rythme très soutenu de voyages et de meetings. Mais il ne montre pas de fatigue comparable à celle qui marquait souvent Joe Biden. Néanmoins, un récent article du New York Times suggérait que les discours de plus en plus décousus et enragés de Donald Trump, lors de ses meetings notamment, remettaient au centre des débats la question de l’âge. A travers un examen très poussé des rassemblements, entrevues, déclarations et messages sur les médias sociaux de Donald Trump, le quotidien new-yorkais a ainsi noté des signes de changement depuis qu’il a fait son entrée sur la scène politique pour la première fois, en 2015. D’après une analyse informatique du New York Times, les discours de Trump durent en moyenne 82 minutes, contre 45 minutes en 2016. Proportionnellement, il utilise 13 % de plus de termes béquille comme "toujours" et "jamais" qu’il y a huit ans, ce que certains experts considèrent comme un signe d’âge avancé.
Désormais, à mois d’un mois du scrutin du 5 novembre, les rôles pourraient bien s’inverser. Donald Trump a souvent attaqué son rival démocrate Joe Biden sur son âge, le qualifiant de "Joe endormi", de "malade" et de "faible". Mais aujourd’hui, c’est Kamala Harris, qui peut se targuer d’avoir environ vingt ans de moins que lui. Un argument qui a récemment servi ses alliés. Le colistier de la candidate démocrate, Tim Walz, a ainsi décrit la performance de Trump lors du débat télévisé du 10 septembre comme celle d’un "homme de presque 80 ans qui lève le poing vers les nuages". Tandis que l’ancien président Bill Clinton a plaisanté lors de son discours à la Convention nationale démocrate : "Il y a deux jours, j’ai eu 78 ans… Et la seule vanité personnelle que je veux affirmer est que je suis toujours plus jeune que Donald Trump."
Pour l’heure, son âge ne semble pas être déterminant dans le vote. Une enquête d’opinion Gallup publiée le 10 octobre indique que 41 % des électeurs jugent le républicain trop vieux pour être président. Le pourcentage n’a pas beaucoup changé depuis que Kamala Harris est entrée dans la course (37 % en juin).