Troisième titre de champion du monde Xterra pour Arthur Serrières : "J’ai des résultats car je travaille dur"
Sous une pluie battante, le 28 septembre à Trentino, dans le nord-est de l’Italie, le Puydômois Arthur Serrières passait la ligne d’arrivée en vainqueur après 2 heures et 26 minutes d’une course haletante. Le natif d’Usson venait de remporter son troisième titre consécutif de champion du monde de triathlon nature Xterra (*).
Un exploit remarquable pour le jeune trentenaire qui domine la discipline de la tête et des épaules. Mais on n’a rien sans rien. Pour atteindre ce niveau de performance, et s’y maintenir, le triathlète consacre son temps et son énergie à l’entraînement. Que ce soit à Montpellier ou à Font-Romeu, Arthur Serrières conjugue effort, routine et dépassement de soi, tout en restant humble et accessible. La marque des grands champions.
L’Issoirien Arthur Serrières conserve son titre mondial XTerra en Italie
Arthur Serrières, 30 ans, optimise ses séances d'entraînement en alititude. Comment s’est déroulée cette dernière course de champion du monde Xterra ? Les conditions étaient difficiles, il faisait 10 °C, et l’épreuve de natation, habituellement de 1.500 m, a finalement été divisée par deux. Ce titre de champion du monde est celui où j’ai le mieux géré ma course. Je n’avais aucun intérêt à partir seul, ni à vélo, ni en natation. Je suis sorti 5e de l’eau et ça s’est bien passé sur le 32 km à vélo. J’étais là où je devais être et, ensuite, sur le 10 km à pied, j’ai fait la différence.
À quel moment cette passion pour le sport a germé ? J’ai commencé à faire du VTT lorsque j’avais 9 ans pour monter au village et voir les copains. Grandir à Usson, ça aide à devenir sportif, car il faut monter et descendre tout le temps ici ! Les conditions sont dures en hiver, mais on a un terrain de jeu formidable pour s’entraîner. Ensuite, j’ai continué avec l’association de VTT d’Issoire. Puis, au lycée, j’ai commencé la natation. La compétition est venue plus tard, en première année de licence à l’UFR Staps à Clermont-Ferrand [Sciences et techniques des activités physiques et sportives, NDLR]. Et, lorsque tu roules et que tu nages, c’est assez facile de courir.
Entre 30 et 35 heures de sport par semainePuis, vous avez testé vos performances sur l’Xterra ? Oui, après avoir fait quelques triathlons sur route, j’ai essayé l’Xterra et comme j’étais plutôt performant, une chose en entraînant une autre, je me suis qualifié en amateur aux championnats du monde et j’ai pu ensuite devenir professionnel.
En quoi consistent vos séances d’entraînement ? Je m’entraîne entre 30 et 35 heures par semaine, beaucoup en altitude, à Font-Romeu, au centre national d’entraînement (CNEA), et en Andorre. Comme je réside à Montpellier, c’est ce qu’il y a de plus proche. L’entraînement en altitude marche super bien sur moi. Les conditions sont tops pour aller chercher le "rouge" [l’entraînement en altitude favorise la production de globules rouges qui transportent l’oxygène dans le sang, NDLR]. Tout y est plus difficile, notamment à vélo.
À quoi ressemble une journée de triathlète ? J’alterne entre une journée à haute intensité et une moins chargée. Par exemple, sur une journée dure, je plonge dans l’eau à 7 heures du matin. Je vais nager entre 1 h 30 et 1 h 45. Derrière, il y a une séance de VTT difficile aussi. Puis, le soir, je termine avec du trail pendant 1 h 45 à 2 heures. Le volume sur la journée est intense. C’est extrêmement monotone et j’adore ça ! Mes semaines sont à peu près identiques. Seul le contenu d’entraînement change. J’ai pu mettre en place ce programme au fil des saisons grâce à l’ancien triathlète de haut niveau, Aurélien Lebrun, qui m’a coaché pendant 5 ans. À présent, il me guide plus qu’il ne me coache.
Une tête bien faiteL'athlète revient à Usson se ressourcer auprès de sa famille, mais ne manque pas de faire du sport.La nutrition est essentielle également ? J’ai fait un master en sciences des aliments, parallèlement à un second master en sciences de la performance. Grâce à ces connaissances, je peux mettre des clés en pratique pendant les entraînements et avant la compétition. Mais je ne reste pas bloqué à faire ultra-attention à ce que je mange. Je ne suis pas cycliste pro, à compter au gramme près par exemple. Il m’arrive de manger une pizza de temps en temps avec mes amis ou ma famille. C’est important aussi pour conserver le lien social.
Quel est le programme à présent ? Lorsqu’on est champion du monde, on est invité à participer à une course organisée à Tahiti. J’y reste deux semaines. Puis je pars quinze jours aux États-Unis avec zéro sport au programme. Ensuite, je reprends l’entraînement pour une vingtaine de semaines avant la première compétition en mars.
Avez-vous un conseil à donner aux jeunes qui souhaitent comme vous atteindre le très haut niveau ? Je ne suis pas quelqu’un de talentueux à la base. Ce n’est pas arrivé tout seul. Il m’a fallu quasiment une dizaine d’années pour construire les choses. J’ai des résultats parce que je travaille dur. Et cette spirale me pousse toujours vers le haut.
(*) Xterra est un label et organisateur de courses, comme l’Ironman. Le triathlon se compose de trois épreuves dont 1,5 km de natation en eau libre, 29 km de vélo tout-terrain et 10 km de course à pied sur terre.
David Allignon