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« Maintenant, je vois le risque ! » : Marine Le Pen bousculée au procès des assistants parlementaires du FN

La justice soupçonne le parti d'extrême droite d’avoir eu recours à des emplois fictifs au Parlement européen de 2004 à 2016 : des assistants parlementaires d’eurodéputés FN auraient, en fait, travaillé pour le parti. Le procès s'est ouvert lundi 30 septembre à Paris, avec notamment Marine Le Pen, Julien Odoul et Bruno Gollnisch sur le banc des 26 prévenus. Le délibéré est attendu le 27 novembre.

Pas de robe d'avocate, mais un tailleur noir et de nombreux dossiers multicolores sous le bras. Ce lundi 14 octobre 2024, Marine Le Pen était bien convoquée en tant que prévenue au tribunal judiciaire de Paris dans le cadre du procès des assistants parlementaires des eurodéputés du FN. Elle devait s'expliquer sur les contrats passés avec Catherine Griset, son assistante personnelle, puis sa cheffe de cabinet.

Un travail qui ne serait pas que parlementaire

Tout au long d'un interrogatoire de plus de cinq heures, Marine Le Pen a martelé le même message, à savoir « le caractère indissociable de l'activité politique d'un député européen ». C'est ce qui justifierait, selon elle, que le travail fourni par les assistants parlementaires ne se limite pas au seul volet législatif. Et que donc, il n'y a aucun détournement de fonds au préjudice du Parlement européen.

« Je n'ai absolument pas senti avoir commis la moindre irrégularité. » À plusieurs reprises, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle a tenté de faire preuve de bonne foi. Comme lorsque la présidente du tribunal lui a reproché un contrat d'« assistante parlementaire accréditée » avec Catherine Griset : cette dernière devait travailler à Bruxelles, Luxembourg ou Strasbourg, mais officiait depuis Paris en tant que cheffe de cabinet de la présidente du parti à Paris :

« Catherine ne voulait plus travailler là-bas, ça devenait de plus en plus difficile pour elle, j'avoue, j'ai traîné pour la faire passer en tant qu'assistante parlementaire locale (en circonscription). »

La présidente l'a aussi interrogée sur la présence du nom de Catherine Griset dans les organigrammes du Front national alors qu'elle était embauchée en tant qu'assistante parlementaire. « Si, dans notre esprit, il y avait un problème à l'époque, pourquoi aurait-on publié ces organigrammes ? Pourquoi les aurait-on partagés à la presse ?, s'est interrogée Marine Le Pen. À l'époque, il n'y avait aucun risque à avoir une fonction politique en plus d'être un assistant parlementaire. Mais maintenant, je vois le risque ! »

L'ancienne présidente du RN s'est lancée à quelques reprises dans des envolées lyriques, des interprétations théâtrales, parlant parfois d'elle-même à la troisième personne. Mais Marine Le Pen s'est aussi, plusieurs fois, agacée après des questions de la présidente Bénédicte de Perthuis. La magistrate s'est attaché à recentrer le débat, pour parfois pousser l'élue d'extrême droite dans ses retranchements.

Malgré le long interrogatoire, Marine Le Pen n'a pas dérogé à sa ligne : « Le travail que Catherine Griset a fait pour moi était essentiel et incontestable. » Une défense qu'elle devrait marteler deux jours encore, alors que seront évoqués les contrats de trois autres assistants parlementaires : Thierry Légier, Guillaume L'Huillier et Micheline Bruna.

Antoine Compigne et Sophie Bardin

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