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Entre 7.000 et 10.000 euros demandés pour chaque victime du scandaleux fichage des salariés d'ASF Vinci Autoroutes

Quel préjudice pour les victimes dans cette affaire hors norme ? Rappelez-vous, en février 2020, Médiapart dévoile l’existence d’un fichier informatique comprenant les noms, les prénoms et les postes de 323 salariés de la direction Centre Auvergne des Autoroutes du sud de la France (ASF). 

Pour 245 d’entre eux, des commentaires, souvent péjoratifs, sont ajoutés. On peut y lire des propos tels que "fainéant, emmerdeur, ronchon, Caliméro, relou…". Le tout créant une onde choc au sein de l’entreprise, de Pontgibaud (Puy-de-Dôme) à Libourne (Gironde) en passant par Brive. La directrice des ressources humaines de l’époque est ensuite reconnue coupable d’avoir élaboré ce fichier et condamnée à six mois de prison avec sursis en octobre 2023.

Chiffrer le préjudice

Ce lundi 14 octobre, au tribunal de Brive, il s’agissait de chiffrer le préjudice d’une quarantaine de victimes apparaissant dans ce fichier. "Les annotations qui ont pu être apportées par 'X' et Mme P., la DRH, ont créé la stupeur des salariés et des syndicats", a rappelé Me Isabelle Faure-Roche pour le compte de la CGT de Brive et de dix salariés. Lors d’une première audience, des dommages et intérêts avaient déjà été fixés entre 300 et 500 euros, "des sommes assez chiches", selon l’avocate. "Ces gens-là ont continué à travailler en sachant que pour leur employeur, ils étaient considérés comme des 'fainéants' ou 'des bons à rien'." 

« Fainéante », « Relou », « emmerdeur » : en Corrèze et en Auvergne, le fichage des salariés de Vinci Autoroutes fait scandale

Pour sa consœur Me Christine Marche, "on a l’impression que Mme P. a été le fusible d’un système chez ASF. ASF doit être reconnue civilement responsable et garantir l’indemnisation des victimes." Voilà aussi l’enjeu de cette audience. Tous les avocats des victimes demandent qu’ASF soit condamnée à verser les dommages et intérêts avec l’ancienne directrice des ressources humaines. Sauf Me Claire Doubliez, avocate d’ASF, qui, dit-elle, a "la singularité d’être à la fois victime et tenue à garantir les actes de son ancienne salariée". Elle a rappelé que Mme P. "avait reconnu avoir agi de manière autonome".

"Tractations en coulisses"

Me Jean-Louis Borie, avocat de salariés puydomois, s’est même interrogé sur "les tractations en coulisses pour qu’elle assume seule". Des propos qui n’ont pas plu à l’avocate d’ASF rappelant que l’entreprise gestionnaire d’autoroutes avait "immédiatement licencié la salariée, qu’elle avait mis ce fichier inadmissible sous scellé pour l’enquête".

Les demandes des parties civiles, salariés et syndicats (Unsa, FO, CGT, CFDT) oscillent entre 7.000 et 10.000 euros de dommages et intérêts. La décision du tribunal de Brive sera rendue le 9 décembre prochain.

Emilie Auffret

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