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"On n’avance pas encore assez vite" regrette la présidente de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale

Députée MoDem de la Nièvre, réélue présidente de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale au début du mois, Perrine Goulet est une militante de la protection de l’enfance. L’affaire jugée à Châteauroux et l’avis rendu par le conseil économique, social et environnemental, la semaine dernière, ne font que conforter ses alertes.

Que révèle le procès des familles d’accueil à Châteauroux ?

Qu’il y a encore de gros dysfonctionnements, une parole qui n’est pas écoutée… Il faut aussi qu’on tente d’améliorer le partage d’informations entre Départements. Vous pouvez avoir, dans un département, des familles d’accueil agréées par un autre département, que le Département hébergeur ne connaît pas. Dans cette affaire, on entend même parler de familles sans agrément, c’est très étonnant. On verra ce qui ressortira du procès.

Au même moment, le conseil économique, social et environnemental a rendu un avis alarmant sur la protection de l’enfance.

Le rapport du CESE vient confirmer ce qu’on porte au sein de la délégation aux droits des enfants à l’Assemblée nationale. Il faut mettre les Départements et l’État autour d’une même table. J’ai un dialogue constructif actuellement avec l’Association des Départements de France. Dix départements expérimentent des comités départementaux de la protection de l’enfance, avec un copilotage État-Département et un référent « droits des enfants » en préfecture. On avance…

« Faire des auditions, c’est bien, mais maintenant, il faut agir »

Que pensez-vous des préconisations ?

Ce sont des préconisations que je défends depuis longtemps, comme l’assistance de l’enfant par un avocat, qui n’est toujours pas une obligation. À chaque loi, on avance, mais on n’avance pas encore assez vite. Faire des auditions, c’est bien, mais maintenant, il faut agir. Les lois votées en 2007, 2016 et 2022 ont permis d’affirmer davantage les besoins de l’enfant, mais elles ne sont pas toujours appliquées. Or, notre rôle est de proposer, mais aussi de contrôler l’application des lois. On va donc interroger les ministères. Que faut-il traiter en priorité ?

Il faut qu’on diversifie les modes de prise en charge, pour diminuer les files d’attente. On ne regarde pas assez dans la famille élargie s’il y a des tiers dignes de confiance ; c’est pourtant dans la loi, mais ça ne se développe pas. Si un parent est défaillant, ça ne veut pas dire que toute la famille est défaillante. Je plaide également pour des assistants familiaux à temps partiel. Il faut aussi fixer un taux d’encadrement dans les établissements, qui peut être différent aujourd’hui d’un département à l’autre. Le métier d’éducateur attire de moins en moins, et n’est pas payé au juste prix. Enfin, il faut arriver à l’assistance systématique d’un avocat pour un enfant qui passe devant le juge.

Alain Gavriloff

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