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En Haute-Loire, la filière viande bovine perd du terrain

En milieu de semaine dernière, la Chambre d’agriculture a rassemblé une centaine d’éleveurs bovins du département pour une journée d’échanges au sein de l’exploitation de la famille Cosme à Sanssac-l’Église. Conférence le matin et ateliers techniques l’après-midi : le programme était chargé. Organisée pour la première fois, cette journée a permis aux éleveurs de faire le point sur l’état de santé de la filière bovine et de parler de l’avenir.

La volaille a pris le relais au national

Car, au niveau national, la tendance n’est pas au beau fixe pour la viande rouge française. « En quelques années, le nombre total de vaches en France a reculé de 13 %. Avec la production qui baisse, c’est la consommation qui s’érode », explique Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Institut de l’Élevage à Paris. Un phénomène qui profite à d’autres viandes. « La volaille prend le relais et le bœuf comme le veau ne font que reculer. C’est encore plus vrai pour le veau, car c’est une viande plus chère et moins commune. » Cependant, la consommation baisse moins vite que la production. Une forte demande qui oblige… l’importation de viande. Un recours aux marchés étrangers qui augmente lentement. « Les grandes surfaces, principaux lieux de valorisation de la viande française, perdent peu à peu des parts de marché. Et la restauration hors domicile en gagne. » Irlande ou Pays Bas, les restaurants fast-food écoulent de gros volumes de viande de bœuf venue d’ailleurs. « Ce type de commerces consomment énormément de viande transformée et ils ne sont pas très regardants sur l’origine du produit. C’est un critère qui passe aujourd’hui au second plan », continue Caroline Monniot.Les éleveurs se sont retrouvés jeudi dernier pour une journée d’échanges.?Photo N.M. Dans les prochaines années, le nombre de têtes devrait continuer de diminuer. La démographie des élevages devrait baisser, au moins jusqu’en 2027, avec des départs à la retraite non compensés partout en France. Et les troupeaux ne vont pas s’agrandir non plus… Quel peut être alors l’avenir de la filière?? « Il va falloir essayer de limiter les pertes. C’est dommage de se tourner vers l’import. Il faut motiver les installations et travailler sur l’engraissement pour conserver les bêtes en France », ajoute l’agroéconomiste.

S’appuyer sur les filières qualité

Mais quid de la situation dans le département?? « Les effectifs baissent comme au niveau national. Sur les cinq dernières années, le cheptel a diminué de 14 % », indique Philippe Halter, conseiller référence bovins à la Chambre d’agriculture de la Haute-Loire. Et le phénomène concerne principalement le laitier. C’est moins fort sur les allaitantes. « Désormais, il faudra limiter les pertes. » Les différents épisodes de sécheresse observés jusqu’en 2022 ont incité les éleveurs à réduire leurs cheptels pour limiter les coûts et faire des économies sur l’alimentation. Une future augmentation ne pourra être que liée à la tendance climatique. Mais la Haute-Loire a des atouts à faire valoir avec des filières valorisantes présentes sur le territoire. « Veaux des monts du Velay, Fin gras du Mézenc, Label rouge… L’enjeu sera de maintenir ces filières qualité dans une période où cette plus-value est moins puissante que le conventionnel dans ce contexte inflationniste. » À l’avenir, les acteurs de la filière altiligérienne chercheront à maintenir leurs diversités de production avec des systèmes différents et vertueux « comme l’herbe de montagne ». Comment valoriser et maintenir cette diversité de débouchés?? Autant de questions auxquelles il faudra répondre dans les prochaines années. « Il faudra aussi arriver à conserver nos trois sites d’abattage du département (Brioude, Polignac et Yssingeaux, NDLR). Cela représentant beaucoup d’avantages pour l’économie locale comme pour le bien-être animal, avec moins de transports. » Autant de pistes qu’il conviendra de creuser pour pérenniser la filière bovine en Haute-Loire et ailleurs.

 

Nathan Marliac

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