Puy-de-Dôme : percutées de plein fouet par une voiture, dix-huit brebis avaient été tuées
Plus de deux ans après les faits, les éleveurs de ce GAEC situé sur la commune d’Égliseneuve-près-Billom ont encore du mal à cacher leur émotion à l’évocation de l’accident survenu le 14 juillet 2002.
Ce jour-là, il est environ 7?h?30 lorsqu’ils conduisent et encadrent leur troupeau de brebis jusqu’à un pâturage, comme ils le font très régulièrement, depuis des années. Pour cela, les animaux doivent traverser pendant quelques dizaines de secondes une route départementale.
Un choc à près de 90 km/hTandis qu’une partie du cheptel a déjà atteint son pré, une Audi surgit, à 80 ou 90 km/h (cette portion, alors limitée à 80 km/h, était repassée à 90 km/h une semaine plus tard, NDLR). Peut-être plus. Son conducteur, un homme de 55 ans, n’a pas le temps de réagir et ne peut éviter les animaux. Il les percute de plein fouet. Dix-huit brebis sont tuées dans le choc.
Le quinquagénaire quitte les lieux peu après, laissant son véhicule accidenté sur place. Il se présentera spontanément, le lendemain, à la gendarmerie.
Face au tribunal correctionnel, devant lequel il était jugé, ce mardi 15 octobre, il a reconnu avoir "réagi trop tard" le jour des faits, notant cependant que "le troupeau n’était pas signalé".
"La voiture roulait vite et n'a jamais freiné"Amenés à témoigner à la barre, les deux éleveurs, qui se sont constitué parties civiles, tout comme leur GAEC, rappellent que la voiture "roulait vite et n’a pas freiné". "Juste avant le choc, insiste l’un d’eux, j’ai même entendu le conducteur accélérer et monter les vitesses. Ce sont quatre de nos brebis restées coincées sous la voiture qui l'ont stoppée... ».
Leur avocat, Me Pierre Lacroix, tout comme la procureure de la République, Fabienne Cancelier, ont admis que l’accident "reste en partie inexplicable". "Sa vitesse était très vraisemblablement excessive", a suggéré le premier, avant que la seconde ne rappelle que l’accident "est de toute évidence la conséquence d’infractions au Code de la route et de manquements aux règles de sécurité". Elle a requis quatre mois de prison avec sursis.
"Il n'est pas l'homme sans coeur que l'on veut décrire"Pour Me Sophie Pujo, en défense, "le défaut de maîtrise et une vitesse inadaptée n’ont jamais été contestés". "En revanche, il est faux de présenter le prévenu comme un homme sans cœur et sans scrupule qui a fui les lieux et ses responsabilités. Il a été et reste profondément marqué et choqué par cet accident".
Son client n'a finalement été reconnu coupable que de deux infractions : le défaut de maîtrise (400 euros d’amende) et l’atteinte involontaire à la vie ou à l’intégrité d’un animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité (300 euros). Mais il devra verser, à titre de réparation des différents préjudices subis, un total de 22.123 euros aux deux éleveurs et au Gaec.
Christian Lefèvre