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Macron, Barnier, Le Pen: chassé-croisé inédit à Bruxelles

Le Premier ministre français avait rendez-vous avec les dirigeants du Parti populaire européen (PPE, droite), sa couleur politique, dont la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Le PPE a renforcé son poids au sein de l'exécutif bruxellois depuis les européennes de juin.

Michel Barnier, nommé le 5 septembre après le séisme de la dissolution de l'Assemblée nationale, a fait volontairement profil bas, esquivant micros et caméras, alors que beaucoup s'interrogent sur le partage des rôles avec le chef de l'Etat au niveau européen dans un contexte de semi-cohabitation.

L'ancien commissaire européen et négociateur du Brexit ne cache pas son intérêt pour les affaires européennes et évolue en terrain connu, notamment au PPE, où il a reçu des soutiens appuyés.

"Le PPE est très heureux de le voir parmi d'autre Premiers ministres ici. Il représente la voix de la France. C'est un homme politique très expérimenté", s'est félicité le président du groupe PPE, l'Allemand Manfred Weber.

Au même moment, Marine Le Pen, figure emblématique du Rassemblement national, débarquait à la première rencontre au sommet des Patriotes pour l'Europe, le nouveau groupe de droite radicale du Premier ministre hongrois Viktor Orban.
Nouvelle donne
Emmanuel Macron a clos ce ballet politique peu banal en passant une tête à la réunion de Renew (centre), sa formation politique, avant de rejoindre le sommet des Vingt-Sept, où il continuera à représenter seul la France.

A priori la routine pour un jour de sommet, avec les réunions de groupe en guise de "pré-sommets".

Sauf que d'ordinaire, côté français, seul le président fait le déplacement. Et que la chef de file des députés RN à l'Assemblée n'a pas vocation à venir à chaque occasion à Bruxelles.

Le Premier ministre non plus, sauf cohabitation pure où il détient alors la majorité au Parlement et siège, au côté du chef de l'Etat, à la table du Conseil européen.

Michel Barnier a donc inauguré une nouvelle donne "présentielle", en assistant non pas au sommet mais à une réunion de groupe, en tant que Premier ministre LR.

Si chacun est resté dans son rôle, la venue de Marine Le Pen, qui a promis de garder le gouvernement Barnier "sous surveillance", notamment sur l'immigration, n'est pas passée inaperçue.
"Double discours"
Sur ce sujet, un des gros morceaux du sommet, "il semblerait que face à la réalité" les dirigeants de l'UE "sortent peu à peu du déni", a-t-elle lancé en arrivant.

Le patron des eurodéputés RN et président des "Patriotes", Jordan Bardella, a dénoncé le "double discours de Michel Barnier et de son ministre de l'Intérieur (Bruno) Retailleau".

Ils multiplient "les annonces très dures sur l'immigration en France sans doute pour faire plaisir" au RN, "à quelques jours du vote du budget et de l'autre se ruent à Bruxelles pour mettre en œuvre le pacte pour les migrations qui va accélérer les flux migratoires en Europe", selon lui.

Les Patriotes constituent désormais la troisième force au Parlement européen derrière la droite pro-européenne (PPE) et les sociaux-démocrates, et devant Renew.

A l'Elysée comme à Matignon, chacun est resté dans son couloir, évitant soigneusement toute surenchère susceptible d'installer l'idée d'une rivalité.

La France, affaiblie par l'explosion des déficits et l'attelage fragile à la tête de l'Etat, doit aussi avancer unie si elle veut convaincre ses partenaires de sa volonté de revenir à plus de sérieux budgétaire.

Un message relayé sans ambages côté européen. "Il ne faut pas diviser Macron et Barnier", estime le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, également PPE.

"La France a un président qui la représente mais aussi un Premier ministre fort désormais pour représenter ses intérêts dans la grande famille du PPE", pointe de son côté Manfred Weber.

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