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"Je n’en ai pas dormi de la nuit" : le tragique épilogue de l'affaire Lina à Sermoise-sur-Loire

Le corps de Lina, cette adolescente de 15 ans disparue dans le Bas-Rhin, le 23 septembre 2023, a été retrouvé, mercredi 16 octobre, dans les eaux du Peuilly, un ruisseau de Sermoise-sur-Loire, à proximité du Bois Merle. Les gendarmes de Strasbourg l’ont localisé le long de la route des Tuileries, en contrebas d’un talus, à une dizaine de kilomètres au sud de Nevers. Route qui rejoint l’ancienne nationale 7, à Magny-Cours.

« C’est impensable », réagit Manuel de Jésus, le maire, en apprenant la terrible nouvelle, jeudi 17 octobre, aux premières heures d’une grise matinée arrosée d’une pluie intense. « S’arrêter à Sermoise-sur-Loire, une petite commune de 1.600 habitants… », s’interrompt-il, ému. Comme ses collègues, il ignorait encore, la veille au soir, que la localité de la « région de Nevers », évoquée par le parquet de Strasbourg après la macabre découverte, était la sienne. La Ford Puma du principal suspect y avait été géolocalisée au lendemain de l’enlèvement de la jeune fille. Comme elle avait été localisée à Corancy, près de Château-Chinon, à quatre-vingts kilomètres à l’est.

Près de 70 gendarmes

L’imposant dispositif déployé autour de la zone a été levé en milieu d’après-midi. Depuis la veille, près de 70 gendarmes de Strasbourg et des trois compagnies de la Nièvre bouclaient le périmètre et fouillaient le secteur aux côtés des spécialistes de l’Institut de Recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). Les riverains s’étaient étonnés d’un va-et-vient incessant sans se douter que l’affaire Lina connaissait son tragique dénouement à côté de leur porte.

« À une question d’un fermier du coin, les gendarmes ont répondu que c’était un entraînement. » Guy, croisé dans sa maison du hameau des Tuileries, s’est interrogé, mercredi 16 octobre après-midi, quand il a vu « passer une dizaine de voitures de gendarmerie et des motos tout-terrain » devant chez lui. « J’ai fait le rapprochement avec l’affaire Lina quand j’ai entendu aux informations, dans la soirée, que son corps avait été localisé dans la région. »

« J’ai peut-être vu dix véhicules. Sans gyrophare », commente Françoise. Andrée note que « ça grouillait de partout » dans le secteur où traînaient « des hommes en treillis ».

Que se passe-t-il ?, s’est encore étonnée Fany, en quittant son logement en début de matinée pour conduire sa fille sur son lieu d’apprentissage, à Magny-Cours. « Vers 8 h 45, il y avait plein de voitures de gendarmes sur la route et même deux gros fourgons blancs de l’identification criminelle et des véhicules banalisés. » À son retour, toujours autant de mouvement. Fin de matinée, toujours de l’agitation. « Nous les avons vus défiler jusqu’à 21 h-21 h 30. Nous avons su, dans la soirée, que la petite Lina avait été retrouvée. Nous avons tout de suite compris. » Non sans se demander : pourquoi abandonner le corps à Sermoise-sur-Loire ? Un élu du conseil municipal, de passage à proximité du barrage dressé par les forces de l’ordre, estime que le suspect « a dû se dire que personne ne la trouverait là ». Selon le maire, le bois est « peu fréquenté ». « Il n’y a pas de champignons et pas de muguet », ajoute un retraité.

Un dépôt de terre

Les enquêteurs ont frappé à plusieurs portes, le jour de la découverte du corps, pour emprunter un engin de type minipelle, capable de déposer de la terre dans le ruisseau pour bloquer l’écoulement d’eau, préjudiciable à la préservation des indices. « En voyant l’enseigne d’entreprise de maçonnerie, ils se sont arrêtés chez mes parents », raconte Stella. Leur demande n’a pu être satisfaite. Ils ont sollicité un agriculteur. Équipé d’une tractopelle, il a exécuté la mission en début d’après-midi. « Par devoir de citoyen », raconte-t-il, refusant de s’exprimer sur cette assistance apportée à l’enquête. « Je n’en ai pas dormi de la nuit », conclut-il, marqué par ce moment « difficile ».

Avant d’arriver dans la zone du Bois Merle, les enquêteurs ont effectué des recherches dans un bois du lieu-dit Aglan, sur la commune limitrophe de Challuy, pendant trois journées de la semaine passée. Un barrage bloquait l’accès des riverains. « Il y avait une quarantaine de véhicules », se remémore Dominique. « Nous nous doutions qu’il se passait quelque chose de grave sans penser à la petite Lina ». Une voisine, Françoise, a entrevu « des camions, des camions… et les voitures étaient toutes pleines de gendarmes. On ne nous disait rien du tout ». La discrétion reste de mise depuis la découverte du corps…

 

 

Ludovic Pillevesse ludovic.pillevesse@centrefrance.com

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