Cet indispensable devoir de mémoire
Verrouillé, le container posé sur le parvis de l’hôtel de ville laisse à penser à une prison sans échappatoire possible. Miracle d’un aménagement astucieux, les cloisons se déploient et ouvrent des espaces. Des vérités historiques peuvent alors s’évader vers les consciences d’aujourd’hui et la Mémoire indispensable.
« Face à la montée des extrémismes, aux idéologies les plus dures qui n’hésitent plus à s’afficher, à l’antisémitisme qui gangrène nos sociétés, nous ne pouvions que saisir l’opportunité d’accueillir cette exposition. » Le propos de Frédéric Aguilera, maire, se voulait ferme lors de l’inauguration de StolenMemory.
« Le monde est une chaudière, la guerre est aux portes de l’Europe »« Le monde est une chaudière, la guerre est aux portes de l’Europe, nous nous devons de poursuivre notre engagement dans la dénonciation de l’État français. Nouveau monument, partenariat avec le Mémorial de la shoah, dénomination de nouvelles rues, hommages divers etc, StolenMemory s’inscrit dans le cadre du 80 e anniversaire de la libération de Vichy. Ces objets divers que vous conservez tout en cherchant à les restituer aux familles des victimes ne sont pas que des objets, ce sont autant de mémoires volées. »
À Vichy, où nombre de lois favorables à cette entreprise d’extermination systématique ont été promulguées par l’État français dirigé par Pétain, la municipalité reste très sensibilisée sur cette période de l’histoire. Ici plus qu’ailleurs certainement, on tient à un travail pédagogique précis sur des faits qui sont le fait de l’Europe entière.
L’expositionLorsque les prisonniers arrivaient dans une prison, ou pire, dans un camp de concentration, ils étaient sommés de se débarrasser de leurs montres, bijoux, portefeuilles, photos, peignes et autres menus ustensiles qu’ils avaient pu emporter au moment de leur arrestation. Tous ces objets étaient confisqués au profit du Reich.
L’exposition StolenMemory vise à informer le plus large public que nombre de ces objets retrouvés peuvent être restitués aux familles des anciens prisonniers. Plus de 900 familles ont déjà été retrouvées depuis le lancement de l’opération, en 2016. L’exposition présente des photographies des souvenirs volés et explique le destin de dix victimes de la persécution nazie.
les Archives ArolsenC’est quoi les Archives Arolsen ? En fait, un centre de documentation, d’information et de recherche sur la persécution nationale-socialiste, le travail forcé et la Shoah. Il se trouve à Bad Arolsen, en Allemagne. Ses tâches principales sont d’éclaircir le destin d’anciens persécutés du régime nazi, la recherche de parents proches, la délivrance d’informations aux survivants et aux familles des victimes, la recherche ainsi que la préservation de documents.
Depuis 2013, les documents originaux conservés ont été classés dans le patrimoine documentaire mondial de l’Unesco « Mémoire du monde ». Le fonds global des archives s’étend sur des kilomètres linéaires de documents (feuilles sur chant).
Les fonds d’archives se divisent essentiellement en trente millions de documents, c’est l’une des plus grandes collections du monde de documents relatifs à des victimes civiles du régime nazi. L’une des tâches de la structure est de rendre accessible la documentation conservée dans ses archives à un large public.
Pratique. Exposition du samedi 12 au mercredi 30 octobre, sur le parvis de l’hôtel de ville, de 10 h 30 à 17 h 30.