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Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail : "Protéger notre industrie pour protéger nos emplois"

Des constructeurs chinois multiplient les annonces d’ouverture de sites de production en Europe afin de contourner une taxe à l’importation allant jusqu’à 45 % pour les véhicules électriques chinois. Face à cette offensive, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, a dit qu’il n’excluait pas de fermer des usines. Faut-il supprimer cette taxe??

Les barrières imposées par l’Union européenne sont là en réponse à des subventions chinoises non conformes et pour protéger la production européenne. Ensuite il faut comparer cette taxe de 45 % dans l’Union européenne à des taxes de 100 % aux Etats-Unis. On est dans une bataille commerciale. Il est très important que l’industrie et l’UE protègent leurs intérêts, dans la mesure où elles participent au développement des véhicules électriques. Il ne faudrait pas que nos investissements qui vont vers l’électrique et la décarbonation profitent en premier lieu aux industriels chinois.

Dans l’Allier, le projet de mine de lithium d’Echassières porté par le groupe Imerys doit permettre, s’il se réalise, de fabriquer 700.000 batteries par an pour les véhicules électriques français et européens. Mais il est très contesté, notamment en raison de ses impacts potentiels sur l’environnement. Votre position??

Il y a un débat public de bonne qualité qui a eu lieu, avec des demandes de précisions qui doivent maintenant être fournies par l’entreprise sur la question de la gestion des eaux -un sujet particulièrement sensible dans une région agricole- et sur les lignes de transport ferroviaire. Aujourd’hui, il est important de laisser ce dossier s’instruire comme il le faut afin de pouvoir répondre à l’ensemble des préoccupationset, j’espère, voir ce projet d’investissement majeur se concrétiser avec des retombées très positives pour l’emploi local.

Autre sujet, celui de la réforme des retraites. Vous avez dit que vous n’entendiez pas revenir sur l’âge de 64 ans. Pourquoi??

Ce que j’ai dit, dès 2022, c’est que cette réforme était nécessaire d’un point de vue financier, mais qu’il fallait la rendre plus soutenable et moins anxiogène. Je comprends qu’on se demande comment on va travailler deux ans de plus alors qu’en France, passé l’âge de 50-55 ans, on a l’impression de ne plus avoir tout à fait sa place dans l’entreprise. Je comprends aussi qu’on se demande comment travailler deux ans de plus quand on exerce un métier usant. Ce que nous avons dit avec le Premier ministre, c’est que nous allons préserver les équilibres financiers pour protéger notre système par répartition, pour les retraités d’aujourd’hui et pour leurs enfants demain, mais que nous souhaitons aussi traiter de ces sujets d’anxiété. Nous voulons, avec les partenaires sociaux, améliorer certaines choses. J’en vois au moins trois : les retraites progressives et le travail des seniors, les pensions des femmes et l’usure professionnelle car, j’en suis convaincue, il y a des métiers qui ne sont pas tenables toute une vie et pour lesquels il faut anticiper les aménagements de postes et les reconversions.

Dans l’état actuel du projet de loi de finances 2025, le ministère du Travail est l’un des plus touchés par les réductions des dépenses avec une baisse de 10 %, 973 postes supprimés, dont 500 pour France Travail.

Ce qui compte pour moi n’est pas des dépenses en hausse mais l’efficacité. Tous les ministères doivent participer aux réductions, y compris le mien. Mais il faut mettre les choses en perspective : le budget du ministère du Travail et de l’Emploi est passé de 12 milliards en 2017 à 20 milliards en 2025. Il représentait 3,5 % du budget national en 2019, ce sera 5 % en 2025, réductions comprises. On voit donc l’effort considérable qui a été fait. Chose très importante, nous maintenons le montant du soutien de l’Etat à France Travail, le soutien à l’insertion par l’activité économique et les crédits au contrat d’engagement jeune. Nous recalibrons ceux de l’apprentissage qui est entré dans les pratiques mais l’investissement public reste massif. Les fondamentaux restent là.

Vous avez confirmé que les négociations autour de la réforme de l’assurance-chômage allaient reprendre. La réforme portée par le précédent gouvernement, très contestée, est enterrée??

Le Premier ministre et moi avons invité les partenaires sociaux à reprendre les négociations sur la base de l’accord de novembre 2023 qui avait été signé par trois organisations syndicales et toutes les organisations patronales car nous croyons au dialogue social. Dans cette reprise de négociations, nous demandons aux partenaires sociaux de rechercher 400 millions d’euros d’économies. Je pense qu’elles existent et je leur fais confiance.

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