En Creuse, le balbuzard pêcheur fait une pause dans les Hautes Combrailles
Il est 12 h 30 et je fais un détour en passant au pas sur la chaussée de l’étang du Mondeyraud. En ce début de mois d’octobre, l’automne a commencé son minutieux et magique travail d’artiste qui consiste à poétiser à petits feux la campagne des Hautes Combrailles.
Le processus d’embellissement tous azimuts a d’abord aplati et doré les fougères avant d’illuminer les bouleaux et les hêtres en piquetant une partie de leur feuillage de fauve et de jaune. Il y a, de l’autre côté de l’étang, une longue guirlande de couleurs et de teintes mélangées qui se baignent les pieds dans l’eau en faisant miroiter des ombres dansantes.
Le spectacle sans cesse retouché par le pinceau nature m’oblige à couper le moteur pour le contempler alors qu’un grèbe huppé au plumage fané plonge au loin.
À l’endroit où le chemin quitte l’étang pour s’enfoncer le long d’un maigre bois de noisetiers, un vieux bouleau de 35 ans s’est tellement penché au-dessus des flots qu’il ressemble à un grand arc oublié. C’est en réalité un superbe perchoir pour les hérons et les aigrettes qui passent une bonne partie de la journée à se lisser les plumes et pour les martins-pêcheurs à l’affût.
Absorbé par mon regard panoramique sur l’étang, je n’ai pas remarqué qu’un drôle d’oiseau m’observe de la plus haute branche de ce bouleau couché. Visiblement, j’ai interrompu la dégustation d’une tanche fraîchement pêchée qu’il maintient sous les serres de sa patte droite. Je l’ai photographié les yeux dans les yeux pendant plusieurs minutes avant qu’il se décide à emporter sa proie un peu plus loin mais sans véritable empressement, ni peur visible. Il a pu reprendre ici des forces pour la suite de son voyage postnuptial vers le sud.