Sans commerce depuis 45 ans, cette commune de Haute-Loire peut compter sur l’Épicerie du Dragon pour rétablir le lien social
L’esprit du petit village dans lequel tout le monde se connaît se réinstalle petit à petit sur Saint-Privat-du-Dragon. Pour cela, la commune altiligérienne, sans commerce depuis 45 ans, a pu compter sur la naissance de l’Épicerie du Dragon.
Un dépôt pendant le confinement devenu une épicerieCe mardi 8 octobre, trois des quatre membres permanents de cette association préparent l’ouverture du point de vente de produits locaux et biologiques. Amandine, trésorière, installe la caisse, Isabelle, présidente, met en place les derniers produits, Michelle, vice-présidente, range et installe le "goûter du mardi". Même pas encore ouvert que certains habitants passent une tête pour saluer tout le monde et discuter autour d’un café, dont la maire de Saint-Privat-du-Dragon, Agnès Jean.
Tout commence en 2020, une semaine avant le confinement total, avec la mise en place d’un dépôt. "Mireille, employée communale, allait faire les courses pour la cantine. Et, suite à l’annonce de la quarantaine, elle ramenait, le journal, le pain, la pharmacie dans ce local", se rappelle Amandine qui s’occupait de la distribution sur place.
Au fil des mois, elles ont commencé à installer quelques produits de producteurs locaux comme de la farine, des pâtes ou encore des lentilles. En septembre 2020, la cantine est délocalisée au même endroit. "Très vite, on a été dépassé par les événements et on a demandé de prendre des mesures pour créer une association", se rappelle la trésorière. Avec l’administratif, les démarches prennent un peu de temps, mais l’association finit par voir le jour, le 7 juin 2022, sous le nom de "l’Épicerie du Dragon".
Aujourd’hui, l’association est composée de six bénévoles, dont quatre présents en permanence. L’Épicerie du Dragon reçoit une soixantaine d’adhérents deux fois par semaine, le mardi de 16 h 30 à 18 h 30 et le dimanche de 8 h 30 à 11 h 30, dans ce local prêté par la mairie.
Mais, leur activité ne s’arrête pas à être une épicerie associative dans laquelle on achète des produits au prix auquel les fournisseurs les facturent. "Le dimanche matin, on va chercher du pain et des viennoiseries à Langeac, on installe la table et on sert les petits-déjeuners. Cela remplace un peu le café du village", assure Isabelle. Le mardi, l’Épicerie du Dragon offre le goûter aux adhérents. Et, à partir de novembre, ils organiseront un repas par mois. "C’est l’occasion de se faire plaisir pour les personnes de la commune qui n’ont pas l’occasion de se rendre au restaurant", ajoute la présidente de l’Épicerie du Dragon. Pour ce qui est déjà en place, Amandine parle d’un "véritable succès" avant d’ajouter : "On s’est lancé pour proposer une activité, un service, mais jamais, on aurait pensé que ça représentait un vrai besoin."
L'Épicerie du Dragon devenu un lieu de rencontreEt pourtant, l’important passage dans ce local montre que les habitants de Saint-Privat-du-Dragon avaient besoin d’un lieu de vie. Un lieu pour se retrouver, voire pour se rencontrer. "On est 167 habitants répartis sur 22 hameaux. Tout le monde ne se connaît pas. Il y en a qui ont fait connaissance, ici, au café, le mardi soir, on est le seul lieu social", s’aperçoit Amandine. "Il y a une personne qui vit seule dans un hameau. Pas de famille, pas de voisin. Alors, il est content de venir ici et de boire un café", ajoute Isabelle.
Avoir la permission de devenir un bar associatif, ça serait un rêve. On y arrivera un jour, mais il faut ramer pour obtenir la licence
Toute cette effervescence autour de l’Épicerie du Dragon motive ses membres à continuer à donner de leur temps. Amandine, salariée agricole en transformation, travaille du lundi au samedi. Mais, ce sentiment d’être utile et de rendre service donne à la jeune maman de 28 ans, la bonne humeur de se lever aux aurores pour l’association. Isabelle et Michelle, à la retraite, partagent le même ressenti. "Le temps que je passe à aider les autres a beaucoup de valeurs. J’aime m’occuper des autres, c’est gratifiant. Voir de plus en plus de monde, ça me motive", avoue la présidente.
Chaque semaine, le nombre d’adhérents ne cesse d’augmenter, les rayons sont dévalisés, les gens du village viennent jouer au Scrabble avec Isabelle, l’association obtient des prix (voir ci-dessus)... En bref, tout fonctionne pour l’association et cela donne des idées. "On veut doubler nos rayons, changer le frigo, ajouter un espace de stockage fermé pour les jeux de société, la vaisselle », énumère la trésorière. Et puis, il reste un rêve : "Avoir la permission de devenir un bar associatif, ça serait un rêve. On y arrivera un jour, mais il faut ramer pour obtenir la licence."
Rien n’a l’air de calmer les envies de l’Épicerie du Dragon. Peut-être de se retrouver avec 2.000 adhérents ? "Il n’y a pas de plafond, si un jour, on a 2.000 adhérents, on les accueillera", répond Amandine.
Il y a quelques semaines, l’Épicerie du Dragon a été lauréate des 4e trophées des retraités bénévoles Carsat Auvergne en Haute-Loire. Ce prix vise à valoriser et mettre à l’honneur les associations qui œuvrent dans l’action sociale. L’association installée à Saint-Privat-du-Dragon a remporté une subvention de 1.500 € et d’une valorisation via les moyens de communication de la Carsat Auvergne.
Félix Mouraille
Épicerie ouverte mardi, de 16 h 30 à 18 h 30 et dimanche de 8 h 30 à 11 h 30. Adhésions : 4 € et 1 € par visite pour les gens de passage. Réservation (pour les groupes) et renseignement au 06.50.66.75.47. Facebook : Épicerie du Dragon.