Big 10 : Bpifrance et Cap Créa réitèrent leur soutien aux entrepreneurs des quartiers
Pour sa dixième édition, Big était placé sous le signe du Progrès. Les entrepreneurs sont venus en nombre à l'Accor Arena de Paris pour évoquer le progrès sous toutes ses formes - économique, social, environnemental, technologique, etc. - et dans tous les territoires de l'Hexagone, y compris les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). " Dans ces territoires comme ailleurs, les entrepreneurs sont vecteurs de progrès ", tient d'ailleurs à rappeler Marie Adeline-Peix, directrice exécutive des partenariats régionaux, de la création et de l'action territoriale chez Bpifrance, au moment de lancer la keynote annuelle de Cap Créa. Un propos qui illustre bien les convictions portées par ce collectif lancé il y a un peu plus de deux ans. Fédérant 26 réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise et Bpifrance, le collectif Cap Créa s'est fixé pour objectif de multiplier par deux le nombre de créations d'entreprises pérennes, génératrices d'emploi et de valeur ajoutée en France. Dans le cadre de ce plan stratégique, le collectif Cap Créa s'adresse à tous les entrepreneurs, en mettant un accent particulier sur le soutien de la dynamique entrepreneuriale des quartiers prioritaires de la ville (QPV) face aux freins récurrents observés dans ces territoires. Opéré par Bpifrance et financé par l'Etat et la Caisse des Dépôts, le programme Entrepreneuriat Quartiers 2030 ambitionne ainsi d'accompagner 100 000 entrepreneurs des QPV. " Ce programme est fait pour et par les entrepreneurs, affirme Marie Adeline-Peix. Cet engagement collectif va contribuer à faire en sorte que le progrès se déploie dans ces territoires dits fragiles. "
" Aller-vers " : la mobilisation des acteurs institutionnelsLes initiatives entrepreneuriales sont en premier lieu soutenues dans les quartiers par des acteurs institutionnels garants de la vitalité de l'écosystème entrepreneurial français. " Pour nous, c'était une évidence qu'il fallait non seulement pérenniser le programme Entrepreneuriat Quartiers 2030, mais aussi passer à l'étape supérieure, témoigne Kosta Kastrinidis, directeur des prêts de la Banque des Territoires (Caisse des Dépôts, ou CDC). On a besoin les uns des autres pour réussir. C'est en étant chacun dans son rôle respectif qu'on arrivera à faire bouger les choses pour les habitants des quartiers ", estime-t-il, rappelant le rôle historique de la Caisse des Dépôts dans la politique de la ville et la naissance des premiers logements sociaux dès la fin du XIXe siècle. Selon ses dires, le travail sur le renouvellement urbain porté par la CDC ne peut pas aller sans " un travail sur le développement économique " des quartiers, avec et au service de ses habitants. " Pour y arriver, martèle-t-il, on a réellement besoin de faire émerger des entrepreneurs issus de ces territoires. C'est grâce à cela qu'on arrivera à faire venir les investisseurs privés qui restent encore souvent persuadés que c'est plus difficile et plus risqué qu'ailleurs d'investir dans les quartiers. " C'est dans ce sens que la Caisse des dépôts a renforcé le rôle de Bpifrance dans le soutien à l'entrepreneuriat dans les quartiers, via des dispositifs tels que les CitésLab.
" Les préfets de département et de région sont associés au déploiement de ce programme ", note Antonin Quillévéré, directeur du programme emploi, formation et développement économique à l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT). Il convient en effet de rappeler le double maillage territorial entre le réseau régional de Bpifrance d'une part et les référents régionaux du programme Entrepreneuriat Quartiers 2030, nommés par les préfectures au sein des DREETS (Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités), d'autre part. " C'est une ambition de faire-ensemble et de faire-collectif pour aller encore plus loin dans l'accompagnement des habitants des quartiers ", affirme le directeur de programme de l'ANCT. " On ne va pas toujours au bout de son idée quand on veut créer son entreprise. L'enjeu c'est aussi donc de faire le lien avec les acteurs de l'emploi pour ne laisser personne au bord de la route. " Clara Chappaz, Secrétaire d'Etat chargée du Numérique et de l'Intelligence artificielle, défend quant à elle la nécessité " de sortir du schéma classique de l'entrepreneuriat. " L'ex-présidente de la mission French Tech, récemment entrée au gouvernement, était présente lors de Big pour rassurer les entrepreneurs et réaffirmer le soutien de l'Etat, tout en prenant acte des progrès (c'était après tout la thématique de Big 10) à faire en matière d'inclusion. " Quand on regarde les entrepreneurs dans cette course, on se retrouve encore face à la même difficulté : ce sont des gens qui se ressemblent, déplore-t-elle. Mais je sais à quel point on peut compter sur Bpifrance pour faire avancer le sujet de l'inclusion dans l'entrepreneuriat. "
Entrepreneuriat Quartiers 2030 : de nouvelles avancées 1206 QPV touchés (90 % de couverture du territoire) 200 000 personnes potentiellement concernées +50% de CitésLab, pour un total de 173 structures 53 incubateurs French Tech Tremplin 10 000 entreprises accélérées dans les accélérateurs Entrepreneuriat Quartiers 2030 26 nouveaux bus de l'entrepreneuriat (+ 30 %) 38 carrefours de l'entrepreneuriat 28 000 entrepreneurs vont bénéficier d'un accompagnement renforcé Des témoignages d'entrepreneurs engagésCette keynote a également été l'occasion de mettre en lumière des entrepreneurs engagés, à commencer par Walé Gbadamosi-Oyekanmi, fondateur de l'agence de communication Dare.win, champion de la communication digitale. Ce dernier a pu constater, en tant que chef d'entreprise ayant recruté pas moins de 300 talents au cours de ces dix dernières années, " l'énergie présente dans ces quartiers et qui ne demande qu'à émerger. " À en croire son expérience, une partie des entrepreneurs de demain commence tout simplement par être des salariés qui ont trouvé des role models à leur image. " La question de la représentation est fondamentale ", déclare le fondateur de Dare.win, précisant qu'une demi-douzaine de ses collaborateurs se sont eux-mêmes engagés sur le chemin de l'entrepreneuriat. Cependant, l'entrepreneur, qui investit massivement dans le mentorat, ne manque pas de pointer du doigt le manque d'informations, de soutien administratif, d'accès au financement et au capital que peuvent rencontrer les porteurs de projets dans ces territoires. Or, avec Entrepreneuriat Quartiers 2030, " on passe de l'ambition affichée politiquement à des outils concrets ", soutient-il.
Abibatou Soumaré, fondatrice d'Ozé-Pros, lauréate Talents des Cités et du concours 101 femmes entrepreneures, rappelle pour sa part l'importance d'être accompagnée. " C'est un filet de sécurité indispensable. BGE m'a aidé à mettre les choses en place ", témoigne-t-elle. Romane Petagna, fondatrice de la marque charentaise de tricot Romando (lauréate régionale Talents des Cités 2024), confirme : " Je me rends compte de l'importance de rencontrer des personnes précieuses sur mon parcours. " Un accompagnement qui repose sur un continuum de solutions poussées par le collectif Cap Créa, à l'instar de Fast Track to Cash ou le PH Quartiers. Embarquer les porteurs de projets, les accélérer, c'est finalement le mot d'ordre de ce mouvement porté, par exemple, par l'association Les Déterminés. " Ce qu'on propose à l'entrepreneur, explique le fondateur de l'association, Moussa Camara, c'est de le faire monter en puissance, de le connecter à un certain réseau et de faire en sorte qu'il puisse émerger. " Parmi les entrepreneurs que Les Déterminés ont contribué à faire émerger figure Mido Soliman, créateur d'AtmosGear, les premiers rollers électriques au monde. Il témoigne : " Chaque programme apporte sa brique à l'édifice. Il faut juste les suivre au bon moment. " Selon l'entrepreneur de 27 ans, il est impératif de fournir un important travail de communication, notamment sur les réseaux sociaux, afin de toucher les entrepreneurs de demain. " Grâce à ces programmes, j'ai réussi à développer les premiers rollers électriques au monde. Et ce n'est pas une réussite seulement régionale ou française, c'est une réussite internationale ", souligne-t-il.
" Faire-savoir " : en route vers Quartier GénéralAprès l'" aller-vers ", les acteurs de cette keynote ont tenu à insister sur une autre dimension essentielle du Programme Entrepreneuriat Quartiers 2030 : le " faire-savoir ". Comme le rappelle justement Marie Adeline-Peix, " c'est bien de faire émerger les entrepreneurs, mais il faut aussi les financer et les accompagner vers la réussite ", et donc lever les freins au financement. Sur scène, Kelly Massol, fondatrice de la marque à succès Les Secrets de Loly - 25 M de chiffre d'affaires en 2023 - rappelle avoir lancé sa marque seule, en 2009, dans sa cuisine. Fraichement élue présidente du réseau d'accompagnement Les Premières, l'entrepreneure, auto-financée jusqu'en 2012, insiste sur la nécessité de trouver des financements et de l'accompagnement. " La difficulté, c'est de se mettre en avant et d'avoir des role models, et qui ne sont pas forcément issus des quartiers, quelqu'un en qui on peut se reconnaitre et se retrouver. " Amadou Dabitao, fondateur du média Banlieusard Nouveau, s'inscrit dans cette ambition et dénote l'importance de " renouveler les récits venant des quartiers populaires " et de " changer les représentations, montrer aux habitants des gens qui leur ressemblent et qui ont réussi à accomplir des choses qu'on n'a pas l'habitude de voir là-bas. " Dans son parcours personnel, Amadou Dabitao s'est personnellement raccroché à des histoires inspirantes comme celle de Moussa Camara des Déterminés. " Quand je parle avec les jeunes de mon quartier, je m'aperçois que ce dont ils ont besoin, c'est d'entendre d'autres histoires, car ils ont eux aussi quelque chose à créer. " Lui-même a commencé par rejoindre l'accélérateur des Déterminés, ce qui lui a permis de propulser Banlieusard Nouveau dans une autre dimension. " En six mois, j'ai réussi à m'équiper de tout ce qu'il fallait pour continuer à développer mon projet et passer à quelque chose de viable. " Convaincu par la nécessité d'accompagner les porteurs de projets dans les QPV, Amadou Dabitao est d'ores et déjà annoncé comme l'un des ambassadeurs de Quartier Général, un rendez-vous inédit entièrement dédié aux entrepreneurs des quartiers, le 5 décembre prochain à la Communale Saint-Ouen. " C'est une suite logique, il nous fallait un événement de ce type-là, reconnait le fondateur de Banlieusard nouveau. Aujourd'hui, on rencontre des problématiques assez spécifiques dans les quartiers populaires. C'est important de créer quelque chose de fort et de marquant pour leurs habitants. "
Quartier Général : le 5 décembre 2024 à la Communale Saint-Ouen Inscris-toi gratuitement Cet article a été publié initialement sur Big Média Big 10 : Bpifrance et Cap Créa réitèrent leur soutien aux entrepreneurs des quartiers