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Pêche à Vassivière : que disent les récifs immergés au fond du lac six ans plus tôt ?

Il arrive souvent que des programmes lancés sur plusieurs années se perdent en cours de route… Pas cette fois. En plus, son retour est positif. À l’automne 2018, les Fédérations de pêche de Creuse et de Haute-Vienne menaient une opération conjointe pour immerger des récifs artificiels dans le lac.

Objectif : améliorer et diversifier l’habitat des poissons que l’on venait d’introduire massivement l’année d’avant. Le lac, qui n’est au départ qu’un réservoir artificiel, repose directement sur le socle granitique de la montagne limousine, stérile pour toute végétation aquatique.

Trente structures (des gaines en plastique souple pour imiter le buissonnement des arbres, inoffensives pour l’environnement, et montées sur des blocs de béton) avaient donc été coulées à diverses profondeurs. Auxquelles s’ajoutait l’installation de branchages, davantage sur les bords, immergés en période d’étiage puis submergés ensuite (voir sur la carte plus bas).

Des fonds lunaires où il fallait encourager la vie

Après des plongées en novembre 2023 par la société Sub Eau, spécialisée dans les écosystèmes aquatiques et leur ingénierie, la Fédération de Haute-Vienne qui a missionné l’expertise est formelle :

Les récifs sont toujours debout et accueillent différentes espèces…

« Ceux situés où la lumière parvient sont même recouverts de biofilm, type diatomées. On observe aussi la présence d’insectes dont les larves ont une phase aquatique comme les moustiques. Et même d’écrevisses », précise Pierre Pommeret, directeur à la Fédé 87.

Autrement dit, un bon garde-manger. Ainsi, les observations en plongée recoupent les images obtenues par les échosondeurs des pêcheurs : des nuées de petits poissons blancs (type gardons, brèmes), qui se cachent dans les structures ; et de gros carnassiers (sandres, brochets) qui rôdent autour…

La société spécialisée Sub Eau en mission d'expertise dans le lac. (Fédé de pêche 87)

Le schéma n’est pas plus compliqué que celui d’une chaîne alimentaire dans nos livres scolaires. Mais il fait toute la différence pour ce lac jadis lunaire : des populations fixées là où la vie était peu présente, et aussi une circulation globale qui se dessine d’un bout à l’autre de Vassivière, de récifs en récifs.

Autant de “bons spots” pour les pêcheurs. Qui voient dans la fixation des populations le complément indispensable à l’empoissonnement et à la réglementation.

Ce sont des réserves de nourriture pour les gros carnassiers.

« Combiné à la politique de protection, cela crée un potentiel pour de beaux trophées, ce que recherchent nos clients. Par exemple, les brochets supérieurs à 80 cm, que l’on devra relâcher après avoir pris une belle photo », résume Jean-Pierre Labarre, moniteur guide de pêche pratiquant le lac depuis cinquante ans. Et qui observe une amélioration de la ressource « depuis 3-4 ans ».

Recréer une chaîne alimentaire

Jean-François Lecomte, autre guide, emblématique de Vassivière, souligne de son côté la façon judicieuse dont les récifs ont été disposés : « Certains sont plus peuplés ou délaissés que d’autres en fonction des profondeurs. C’est très intéressant dans ce lac qui change au fil des saisons ».

En effet, les poissons vivent en surface l’été puis ont tendance à partir vers le fond l’hiver. Sous l’effet de l’inversion des températures, mais aussi du marnage, important durant l’automne.

 

Sur cet échosondage, des branchages artificiels et des poissons autour. Image Fédé de pêche 87. 

Les pêcheurs insistent aussi sur l'intérêt des branchages disposés plus aux bords, dont le rôle porte plutôt sur la reproduction, comme frayères.

Tandis que Jean-François Lecomte estime qu’il en faudrait davantage, Jean-Pierre Labarre souligne également l’effet positif du sentier de rive : certaines passerelles isolent désormais des criques, précisément adaptées pour la formation de frayères…

Pierre Pommeret indique que des prolongements au programme récifs sont en réflexion, au minimum de nouvelles installations de branchages, à l’horizon 2027-2028. Dix ans après le début du programme.

Exclusif ! La carte ci-dessous, communiquée par la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique 87, montre la localisation des récifs artificiels (les plus profonds en rouge, à - 20 m; les moins profonds en blanc à - 6 m; les profondeurs intermédiaires en jaune et vert). Il y en a trente : 15 dans les eaux de la Haute-Vienne et 15 dans les eaux creusoises. Ce dispositif est complété par des frayères en branchages : les branches de pin de Lawson, imputrescibles, déposées en forme de haies notamment près de l’île de Vauveix et sa passerelle ainsi que les îles du Soumeix (tirets rouge vif); les arbres abattus depuis les bords à la suite d’une sélection avec le conservatoire du littoral, sur des critères sanitaires et paysagers, et qui gisent désormais au fond des berges, tout le long du bois de Crozat, à l’ouest des presqu'îles de Pierrefitte et Chassagnas, à l’est de l’île de Vassivière (linéaires brun- rouge).Document Fédé de pêche 87

 

Floris Bressyfloris.bressy@centrefrance.com

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