Elle tourne à plein régime avec les fortes pluies : zoom sur la station d'épuration de la Loue à Montluçon
Il s’agit de la plus importante des 14 que compte l’Agglomération de Montluçon : la station d’épuration de la Loue dépollue en moyenne 7 millions de mètres cubes d’eau par an (des communes de Montluçon, mais aussi Désertines, Lavault-Sainte-Anne et en majeure partie celles de Prémilhat, Domérat, Saint-Victor). Ce débit peut fluctuer de manière significative selon les années, en fonction de la pluviométrie.
Le site, qui s’étend sur 10 hectares, traite chaque jour l’équivalent de la consommation de plus de 110.000 habitants. Une petite dizaine d’agents de Montluçon communauté gère ce site stratégique construit en 1961 mais réhabilité aux normes entre 2000 et 2004.
Étape 1 : un traitement via deux filesLa station de la Loue gère les eaux usées domestiques et industrielles, mais aussi pluviales, avant de les rejeter dans le Cher à des normes jugées suffisantes pour ne pas nuire à la faune et la flore. La technique utilisée privilégie un traitement biologique, même si l’utilisation de produits chimiques reste nécessaire quand la nature n’offre pas de solution. Le site se divise en deux files de bassins jumeaux, pour assurer le flux en cas de problème technique. À l’entrée se trouve un bassin d’orage d’une contenance de 10.000 m3 qui récupère et stocke les fortes eaux pluviales.
Étape 2 : un désableur/déshuileurEn arrivant, les eaux usées traversent des grilles qui arrêtent les déchets les plus imposants. Puis elles passent dans un désableur/déshuileur. Nettoyés, les sables finissent notamment pour des travaux de voirie. Quant aux graisses, plus légères, elles remontent à la surface grâce à une injection d’air. Puis servent à alimenter une usine de méthanisation à Moulins. De la sorte, chaque année en moyenne, la collectivité récupère 30 tonnes de graisse et 350 de sable.
Incivilités :En moyenne, le site traite plus de 180?tonnes de déchets par an. Les lingettes jetées dans les toilettes constituent 80 % de ces derniers. Des bouteilles, des canettes, etc., jonchent le reste. D’où aussi la nécessité de mener de l’éducation en amont, estime Robbe Cornelis, éducateur du Cap Tronçais, qui anime des visites depuis quatre ans
Étape 3 : des bactéries purificatricesLe circuit se poursuit vers les bassins extérieurs. Des tuyaux introduisent des bactéries. Par un système ingénieux de privation puis de réintroduction d’oxygène, à l’origine de l’apparition de bulles à la surface de l’eau, les micro-organismes vont consommer les pollutions dites carbonées (schématiquement les selles) et azotées (les urines). Reste celles phosphatées (les produits ménagers et les lessives), détruites grâce à l’apport de chlorure ferrique.
Étape 4 : opération clarificationAprès dégazage, l’eau transite vers deux autres bassins pour une opération de clarification. Elle repose, la décantation se mène naturellement pendant une trentaine de minutes. Les dernières bactéries qui tombent finissent par se voir recyclées dans les premiers bassins. Rien, ou presque, ne se perd. L’eau apparaît alors transparente, malgré des résidus. « Les normes restent encore un peu plus élevées, mais la nature va poursuivre l’épuration de l’eau », précise Robbe Cornelis.
Étape 5 : des contrôlesEn fin de traitement, un contrôle permet de s’assurer de la conformité de l’eau rejetée dans le Cher, sans risque pour le milieu aquatique. Le circuit prend deux heures au total. « C’est rapide, mais ça se fait à flux tendu », souligne Robbe Cornelis. En parallèle, les boues produites pendant le processus se voient transformées : séchées, elles servent à l’épandage. La collectivité se charge de les transporter gratuitement aux agriculteurs, rapporte l’éducateur du Cap Tronçais : « Ça coûte moins cher que de les faire brûler et ça arrange tout le monde. »
Texte : Julien Pépinot
Photo : Florian Salesse (avec Cécile Champagnat)