"Je suis attiré par la folie du monde" : un Ponot condamné pour avoir détenu des images pédopornographiques
L’échange électronique sur le site controversé Coco.gg (*) n’avait duré que 15 minutes. Le 8 mai 2020, en début d’après-midi, le prévenu avait discuté sur un chat avec l’homme qui répondait au pseudo « Camille1978 ». La conversation était « absolument répugnante », a résumé la présidente d’audience, Marianne Berthéas, en épargnant les détails aux personnes présentes dans la salle. Après des photographies sexuelles impliquant des animaux, il avait reçu des clichés d’enfants soumis à des actes de nature sexuelle. Il avait franchi un autre palier en étant invité à regarder « en direct » un bébé être violé. Il ne se rendra compte que bien plus tard, en janvier 2024, alors qu’il est placé en garde à vue à l’Hôtel de police du Puy, que l’acte criminel dont a été victime le nourrisson était réellement en train de se dérouler près de Clermont-Ferrand. Près de 4 ans plus tard, il s’était dit soulagé d’avoir été démasqué par les policiers, se justifiant en expliquant qu’il n’avait « pas d’attirance particulière pour les enfants », qu’il n’avait d’ailleurs éprouvé aucun « plaisir » en voyant ces images et que pour lui « derrière un écran, ce n’est pas vraiment réel ». Qu’en fait, ce qu’il recherchait, c’était « de regarder la perversité du monde. Je suis attiré par la folie du monde. Mais j’ai honte de moi et je compte bien changer. »
Son expertise psychiatrique n’a pas retenu de trouble « psychiatrique actif », mais « des carences affectives qui remontent à l’enfance ». Le prévenu a livré sa propre analyse le jour de son jugement. « Je suis rentré dans l’escalade de la consommation d’images pornographiques en 2013 et elle m’a amené à regarder celles pour lesquelles j’ai été poursuivi. Mais ce ne sont pas des choses que je fais au quotidien. […] Je vais faire en sorte de me soigner et d’avancer. » Le tribunal a tenu compte des garanties de sa personnalité, de la stabilité dont il a fait preuve et aussi des démarches qu’il a entreprises pour se soigner. Il a été condamné à une peine de 2 ans d’emprisonnement entièrement assortis d’un sursis probatoire durant une période de 2 ans. Il devra respecter l’obligation de se soigner et l’interdiction d’exercer toute activité sociale et professionnelle en lien avec des mineurs durant une période de 5 ans. Il est à présent inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).
Céline Demars
(*) Il a fait l’objet d’une fermeture judiciaire en juillet 2024.