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Récoltes en Creuse : 2024, une année à vite oublier

Déjà, l’automne dernier avait été exceptionnellement pluvieux, gênant la mise en place des semis. Et le printemps/été qui viennent de s’écouler n’ont rien arrangé à l’affaire. Au bout du compte, la campagne qui s’achève dans la “ferme Creuse” n’est pas bonne. Si ce n’est calamiteuse.

Herbe

Le foin, principale source alimentaire de l’élevage creusois pour l’hiver, a été très difficile à récolter. Les plages de beau temps n’ont pas été assez longues pour permettre un travail correct, en juin, lorsque l’herbe est à son optimum quantité + qualité.

Le gros de la récolte est souvent survenu avec un mois de retard : « Pas avant le 14 juillet, et parfois jusqu’en août, ce qui n’est pas habituel, commente Philippe Ducourthial. Des périodes tardives où le volume est certes au rendez-vous, mais plus la qualité. D’un point de vue nutrition et digestibilité, c’est passé ! ».

Légère consolation, le technicien souligne que ces conditions bien arrosées entraînent de bonnes repousses d’herbe qui font le bonheur des troupeaux au pré, contrastant avec ces dernières années marquées par la sécheresse : « Durant la fin de l’été, et encore maintenant, tard en saison, nous avons de bonnes conditions de pâtures ».

Orge/blé/triticale

« Les rendements sont très moyens voire catastrophiques, avec une baisse globale de 50 % par rapport à l’année dernière, qui était plutôt bonne. » Les difficultés d’implantation l’automne dernier sont directement en cause.

Et la situation est aggravée selon la conduite des cultures, décrypte Philippe Ducourthial : « la pluie du printemps favorisait le développement des maladies, d’avantage dans des cultures qui suivaient d’autres cultures que dans des cultures qui suivaient des prairies, les parasites étant déjà dans les terres ».

Le technicien estime le rendement creusois cette année autour de 30 quintaux/hectare, avec des pics à 20 q/h, là où la Creuse peut habituellement espérer autour de 60 q/h. 30.000 hectares de céréales étaient en place cette année.

Colza et tournesol

 Même si la mise en place et la conduite ont aussi été compliquées pour le colza, la fin de  cycle pour cette culture est mieux tombée d’un point de vue météo : au final, c’est sans doute la production qui s’en sort le mieux en termes de rendement… Dommage : c’est aussi la moins étendue avec 2.300 hectares.

 Il y avait 2.700 hectares de tournesol après une augmentation des surfaces liée à une stratégie opportuniste ces dernières années. Or c’est la culture qui a sans doute le plus souffert en 2024 : « après des difficultés d’implantation en début de saison, elle se termine avec des têtes actuellement gorgées d’eau et qui peuvent donc pourrir sur pied, si ce n’est des pieds couchés par la tempête ».

 D’autant plus navrant quand on sait que beaucoup d’agriculteurs avaient essayé de se replier sur le tournesol, semé en fin d’hiver, faute d’avoir pu semer des céréales durant l’automne humide…

Maïs

 Encore plus dommage est le sort réservé au maïs : malgré des implantations tardives, cette culture s’était bien rattrapée, estime Philippe Ducourthial. Elle a cependant fait les frais de la météo tempétueuse qui a touché la région fin septembre : les maïs prêts à être récoltés ont été couchés, voire cassés sous l’effet conjugué de la pluie et du vent.

 Les cultures dans notre département étant essentiellement destinées à l’autoconsommation des élevages, des questions peuvent désormais se poser quant aux capacités des exploitations à nourrir les troupeaux durant la mauvaise saison : le recours à l’achat d’aliments pourrait être accru. Ce qui fait autant de dépenses de fonctionnement supplémentaires…

 

Floris Bressy

floris.bressy@centrefrance.com

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