Israël-Hezbollah : "ligne bleue", fleuve Litani... Ce que dit la résolution 1701 de l'ONU
"Cessez-le-feu", "règlement au plus vite" du conflit entre Israël et le Hezbollah… Les appels à mettre fin à la guerre entre les deux parties au Proche-Orient se multiplient. L’émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, a affirmé ce lundi 21 octobre à Beyrouth que Washington œuvrait pour un règlement "au plus vite" du conflit sur la base de la résolution 1701 de l’Organisation des nations unies (ONU).
"L’engagement que nous avons est de résoudre ce conflit sur la base de la résolution 1701 de l'ONU, c’est à cela que la solution va devoir ressembler", a-t-il déclaré. Cette résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée à l’unanimité le 11 août 2006, a acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah. Celle-ci, survenue en juillet 2006 pour une durée de 33 jours, avait déjà conduit l’armée israélienne à mener une offensive terrestre dans le sud du Liban, accompagnée d’intenses bombardements partout dans le pays.
"Solution à long terme"
La résolution 1701 stipule notamment que seuls les Casques bleus (la Finul) et l’armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d’Israël. Comme le rappellent les Nations unies sur leur site, cette résolution "appelle Israël et le Liban à soutenir un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme", notamment "le respect total par les deux parties de la 'ligne bleue' et des dispositions de sécurité visant à empêcher la reprise des hostilités".
S’étendant sur 120 kilomètres le long de la frontière sud du Liban et de la frontière nord d’Israël, la "ligne bleue" n’est pas une frontière mais "une ligne de retrait temporaire fixée par les Nations unies en 2000 dans le but pratique de confirmer le retrait des forces israéliennes du sud du Liban", indique l’ONU. Cette "ligne bleue" est l’un des éléments centraux de la résolution 1701 depuis la guerre de 2006, la Force intérimaire des Nations unies au Liban en étant les gardiens temporaires.
Après la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, l’armée libanaise s’est déployée au sud du fleuve Litani en application de la résolution 1701, qui y interdit théoriquement le déploiement de toute autre force militaire. Le Hezbollah, qui aurait dû, lui aussi, quitter la zone, selon le texte de l'ONU, a cependant conservé une présence dans la région. Israël a régulièrement demandé l’application réelle de la résolution 1701 du conseil de sécurité de l’ONU, souhaitant que le mouvement chiite libanais pro-iranien se retire au nord du fleuve Litani.
Le texte de l'ONU n’a pas résisté à la nouvelle escalade qui a éclaté à la suite des attaques du Hamas sans précédent contre Israël, le 7 octobre 2023. Le 30 septembre 2024, l’Etat hébreu a lancé ce que l’armée israélienne a décrit comme une incursion terrestre "limitée" dans le sud du Liban. Une "évolution extrêmement dangereuse" selon la Finul. "Toute entrée au Liban constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’une violation de la résolution 1701", estime la Finul. Celle-ci, forte de 10 000 hommes dont un contingent de 700 Français, a accusé les troupes israéliennes de tirer "de façon répétée" et "délibérée" sur ses positions.
"Personne n’a rien fait pour la mettre en œuvre"
"La résolution 1701 a réussi à mettre fin à la guerre en 2006 mais […] personne n’a rien fait pour la mettre en œuvre", a déploré Amos Hochstein ce lundi. Selon l’émissaire spécial du président américain, "l’engagement des deux parties à respecter la résolution 1701 n’est pas suffisant". A Beyrouth, Amos Hochstein a également rencontré le Premier ministre libanais Najib Mikati, qui a appelé l'ONU à adopter une résolution pour un "cessez-le-feu immédiat" et renouvelé l’engagement d’appliquer la résolution 1701.
Le 19 octobre dernier, Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a suggéré de renforcer le mandat de la Finul, actuellement dans l’incapacité de s’interposer entre le Hezbollah et Israël. Josep Borrell a lui aussi appelé à l’application de la résolution 1701 des Nations unies. Cette position est également partagée par la France. La diplomatie française, par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, appelle régulièrement au "cessez-le-feu", au "respect du droit international et humanitaire" et à la "mise en œuvre de la résolution 1701".
Mais cette mission s’avère particulièrement difficile en plein conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah, comme l’a rappelé le 19 septembre à l’AFP Calev Ben-Dor, un ancien analyste au ministère israélien des Affaires étrangères. "Ni la France ni les Etats-Unis ni même le gouvernement libanais ne semblent avoir d’influence sur le retrait du Hezbollah de la frontière et sur le respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies", a-t-il indiqué.