L'association Cyclopède milite pour rendre le centre-ville de Montluçon plus accessible aux personnes à mobilité réduite
Alors que les besoins en accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ont été largement évoqués lors des Jeux paralympiques de Paris cet été, l’association Cyclopède s’engage sur cette question depuis plusieurs années à Montluçon (Allier). Et beaucoup de points restent à améliorer dans la ville.
Via son « parcours du combattant », organisé en juin avec des bénévoles en fauteuil ou avec des poussettes, elle pointe les difficultés à se déplacer. « La rue des Forges est assez symbolique des difficultés en centre-ville. Elle est impraticable à cause de l’étroitesse de trottoirs à certains niveaux, qui en plus sont parfois en dévers. Il y a aussi la présence de plots, des bacs de poubelles... », explique Brigitte Berdugo, l’une des membres de Cyclopède. « Pour les personnes à mobilité réduite, il suffit qu’une partie d’une rue soit impraticable pour que cela les oblige à faire un détour par d’autres », ajoute-t-elle.
Moins de liberté pour se déplacerL’association met en avant que ces problèmes d’accessibilité contraignent énormément la liberté de circulation des personnes à mobilité réduite.
Elles ont moins de liberté qu’une personne valide. Elles doivent toujours anticiper leurs trajets pour être sûres que le chemin qu’elles veulent emprunter est accessible en fauteuil.
« L’un de nos membres, qui est en fauteuil, est un actif qui travaille. Et pourtant, quand il doit se déplacer, il faut toujours qu’il anticipe voire qu’il soit accompagné. Ce qui a un côté infantilisant », poursuit Brigitte Berdugo.
Brigitte Berdugo a participé au "parcours du combattant" organisé par Cyclopède.
Cyclopède met aussi en avant que ces problèmes d’accessibilité ne touchent pas que les personnes en fauteuil. Les seniors rencontrant des difficultés à marcher sont gênés par les mêmes obstacles.
Nous avons beaucoup de retours de la part des personnes âgées sur les dévers des trottoirs. Beaucoup ont peur de tomber et du coup, elles préfèrent marcher sur la chaussée.
Des aménagements qui profitent à tousL’association sait qu’avec un centre ancien, l’accessibilité de Montluçon n’est pas un sujet simple. En contact avec la mairie, Cyclopède évoque des pistes de réflexion. « Il faudrait revoir le plan de circulation et passer certaines rues en sens unique. Cela permettra d’élargir les trottoirs. Quand on aménage une ville, il faut toujours que les piétons, qui sont les usagers les plus fragiles, aient le trajet le plus court et le plus facile. Viennent ensuite les cyclistes. Les automobilistes peuvent se permettre de faire un détour, car justement ils sont en voiture », résume Brigitte Berdugo.
Le banc et le quai de l'arrêt de bus rue des Forges sont deux aménagements très utiles selon Cyclopède.
En outre, Cyclopède apprécie les avancées qu’elle constate, comme les quais que Montluçon communauté a installés à certains arrêts de bus : « C’est vraiment super, tout comme l’installation d’un banc rue des Forges ». Brigitte Berdugo complète :
On nous reproche souvent que l’on demande des pistes cyclables ou des aménagements pour une minorité et qu’ils sont utilisés par très peu de personnes. Mais ce n’est qu’un début. Plus la ville sera aménagée et accessible, plus les infrastructures seront utilisées. Ce qui freine fréquemment leur utilisation, ce sont les ruptures d’aménagement, quand il n’y a plus de pistes cyclables au bout d’une rue par exemple.
« Les études prouvent que ce que l’on fait pour une minorité est souvent bénéfique à tous. Une meilleure accessibilité aux transports en commun, et de manière sécurisée, bénéficie aussi aux personnes âgées et aux jeunes », renchérit l'adhérente de Cyclopède.
Des recommandations parfois contradictoiresLes collectivités ont d'ailleurs bien conscience de l’importance de ce sujet. « Dès que nous faisons des travaux, on travaille sur l’accessibilité. L’une des difficultés, pour nous, est que les recommandations suivant les types de handicap sont parfois contradictoires entre elles », souligne Frédéric Laporte, maire de Montluçon et président de Montluçon communauté.
Et l'élu d’illustrer : « On a mis aux passages piétons des bandes avec petits cercles pour les personnes malvoyantes. Or ces mêmes bandes gênent les fauteuils roulants et les personnes âgées qui peinent à marcher ».
Florence Farina : texteFlorian Salesse : photos (sauf mention)