Après les inondations dévastatrices en Haute-Loire, les dégâts estimés à "au moins 2 millions d’euros" à Brives-Charensac
La commune de Brives-Charensac a beaucoup appris des précédentes crues qui l’ont meurtrie. Quatre jours après l’épisode cévenol du 17 octobre dernier, les élus commencent tout juste à souffler et à se projeter.
Jeudi dernier, le directeur général des services brivois a passé la nuit à scruter les données collectées à Goudet sur Vigicrue, tout en restant en lien avec l’astreinte de la préfecture. À 3 heures, la Loire atteignait la hauteur de 4,37 m à Goudet. Il décidait alors d’alerter le 1er adjoint Jean-Paul Bringer. Ensemble, ils activaient la cellule de crise, comme le prévoit le plan communal de sauvegarde. « Nous savons que l’eau met 3 heures entre Goudet et Brives », précise l’élu. À 4 h 30, une alerte était envoyée à la cinquantaine de personnes identifiées dans la 1re zone à risque. Des barrières étaient installées pour éviter que des personnes ne se mettent en danger au bord de la Loire. L’alerte définitive d’évacuer était donnée à 10 h 30. Le pic de crue était atteint à 11 heures à Goudet, avec une hauteur de 6,60 m (il était de 5,16 m en 2008). Les prévisions à Chadrac ont permis de faire évacuer les voitures stationnées dans la résidence Le Picardie.
« Notre grosse appréhension, c’était la digue »
« Notre grosse appréhension, c’était la digue. L’eau est montée à 60 centimètres du haut. » La phase critique s’est concentrée en une demi-heure, entre 12 h 30 et 13 heures avec « une montée plus rapide de l’eau. Cela vient d’un redoublement de la pluie. » Certains ont émis l’hypothèse d’un lâcher d’eau du barrage de Lapalisse (Ardèche), mais « ce barrage n’a pas lâché », assure Jean-Paul Bringer. Au moment de la décrue le 1er bilan ne faisait état d’aucune victime et de 2 personnes hélitreuillées. Seulement 3 voitures ont été noyées. « Heureusement qu’il y a eu les travaux du Plan Loire qui ont permis de creuser le lit du fleuve de 3,50 m entre le camping et le seuil de la Minoterie, sinon nous aurions eu les mêmes dégâts qu’en 1980. » Les débits du fleuve n’ont pas été les mêmes sur les crues de 1980 (2.000 m³) et la semaine dernière (1.300 m³).
Les dégâts ne sont pas chiffrés, mais la commune les estime à « au moins 2 millions d’euros ». Certains dommages devraient être pris en charge par les assurances, mais pas tous. Cela n’empêche pas les élus de penser à la reconstruction. « J’aimerai que l’on retrouve Brives pour l’été prochain » confiait, lundi, le 1er adjoint avant de recevoir les premiers experts des assurances. Les priorités sont d’ores et déjà établies. La principale est de rétablir la passerelle de La Chartreuse, il faudra ensuite s’occuper du Boulodrome (la chaudière et l’installation électrique ont été touchées). Pour les stades il faudra attendre les résultats des analyses et l’autorisation de l’Agence régionale de la santé. Les dégâts causés à la voirie de la route du Monteil et les jeux arrivent en dernier sur la liste.
Céline Demars
Le phénomène décrypté par Lachainemeteo.com
Inondations à Brives-Charensac, 17 octobre 2024Le contexte météorologique montre qu’une dépression est venue se positionner sur la péninsule ibérique en début de semaine, faisant remonter de l’air subtropical chaud sur le pays (27°C dans le Puy-de-Dôme). L’épisode de pluie s’est mis en place sur les Cévennes mardi soir et a perduré toute la journée de mercredi avec des intensités fortes, mais classiques. C’est surtout dans la nuit de mercredi à jeudi que la situation s’est aggravée, avec le creusement d’une dépression sur le sud-ouest du pays.
Les premières prévisions laissaient entrevoir des cumuls estimés autour de 300 à 350 mm, soit un mois de pluie. Les modèles météo ont sous-estimé la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère, et donc le potentiel d’eau précipitable. En effet, combinée à l’ancien cyclone tropical Leslie, la dépression était gorgée d’humidité en provenance des tropiques. De mercredi à vendredi, les cumuls ont été exceptionnels des Cévennes gardoises aux Cévennes ardéchoises, en passant par la Lozère. Il est ainsi tombé jusqu’à 864 mm à la Croix-de-Bauzon (Ardèche) et 562 mm à Villefort (Lozère). Ces lames d’eau représentent 2 à 2,5 mois de pluie pour ces stations. Des crues rapides et dévastatrices.