"Rien ne me destinait à être maire d'Aubusson", déclare Stéphane Ducourtioux... qui a déjà pris sa décision pour 2026
Était-il prévu, aux dernières municipales, que ce soit vous qui succédiez à Michel Moine à mi-mandat ?Moi, non. Michel n’était pas très chaud pour repartir pour une quatrième mandature en 2020. Et il nous avait dit : “Je vais repartir mais je laisserai la place à l’un d’entre vous à mi-mandat, pour passer le flambeau”. Puis, quand il a pris la décision de la date, il nous a consultés et on a décidé, entre nous, que ce serait moi.
Est-ce que vous appréhendiez de lui succéder ?Oui, oui. On se dit surtout, passer après Michel Moine… Quelqu’un qui a une prestance, qui a une culture, qui a vingt ans de pratique. Passer derrière lui, vous vous dites : le costume, il va être un peu large pour moi quand même.
D’autant plus que moi, je ne suis pas issu de ces milieux-là : souvent, les maires d’Aubusson ont été des chefs d’entreprise ou des médecins ou des notables. Moi, je viens d’un milieu ouvrier.
Rien ne me destinait à ça. D’ailleurs, Gilles Pellegrin, le sous-préfet à l’époque, m’avait dit que je démystifiais la fonction, de par mon parcours justement.
Vous avez hésité ?Oui, forcément, on hésite. C’est la charge, elle est lourde. J’étais adjoint, alors certes, c’est du boulot aussi, mais être maire, c’est autre chose.
En travaillant à côté…En travaillant à côté, en étant salarié à la Scène nationale. Bon après, sur l’aspect travail, je savais que je pourrais m’organiser.
Un peu plus d’un an après, est-ce que vous vous dites : “bon, finalement, ce n’est pas si dur que ça, parce que je suis bien entouré”, ou “mais dans quoi je me suis embarqué” ?Un peu des deux. Effectivement, on est super bien entouré. Ce n’est pas une petite commune. Il y a un staff autour de vous. Des services administratifs, techniques, il y a 60 salariés à la commune, donc vous n’êtes pas seul. Et heureusement qu’on peut s’appuyer sur un directeur des services techniques, une directrice générale des services, des services com… que des petites communes n’ont pas. D’ailleurs, on se compare souvent quand on discute entre maires. La charge est différente. Le maire d’une petite commune est quasiment seul. Moi, on peut me solliciter de la même manière, mais très vite, j’ai la ressource sous la main pour déléguer rapidement.
Mais c’est aussi une certaine responsabilité que d’avoir l’avenir d’une petite ville entre ses mains. C’est une sacrée responsabilité. Mais j’ai une équipe, les adjoints, les conseillers. Donc, les décisions se prennent collectivement.
Et j’ai aussi cet avantage d’être un enfant du pays. Je suis né à Aubusson, j’ai toujours travaillé à Aubusson. Je connais très bien le territoire. Et je le vois avec mes interlocuteurs : le dialogue est plus simple. Je suis le petit-fils du cordonnier et ça, ça y fait beaucoup dans le rapport à la population.
Les gens m’abordent beaucoup plus facilement.
Certains projets sont abandonnés par manque de financements. Depuis que je suis maire, on avait un projet phare : le hall polyvalent. On l’a abandonné parce que, suite aux diagnostics, on était à un budget de rénovation qui équivaut à une construction neuve. Et l’Agence nationale du sport ne finance pas de restructuration. Donc on ne va pas mettre 4 millions d’euros sur un hall polyvalent juste pour le rénover.
Les travaux auraient dû démarrer cette année, du coup, on a avancé d’autres chantiers. Mais on va le rendre étanche et donc refaire la toiture. Il restera utilisable. Mais c’est vrai qu’il serait utile de faire un vrai complexe sportif sur Aubusson.
Un point sur les chantiers
La coulée verte : les travaux ont débuté, allée Jean-Marie Couturier.Le centre de santé : les locaux seront opérationnels d’ici la fin de l’année.La passerelle : une demande de DETR sera redéposée en 2025 mais « même si on n’a pas de financements de l’État, on la fera sur des fonds propres. C’est un élément indispensable pour désenclaver le Pôle enfance. La renaturation du parking, c’est un gros projet, 700.000 d’euros d’investissement. Le fonds vert auquel on peut prétendre est spécifique, il vient de l’Agence de l’eau qui, en début de semaine dernière, nous a annoncé qu’elle nous suivait sur ce projet-là à hauteur de 80 % ».L’église : une convention est signée avec une association dédiée au patrimoine creusoise qui va lancer des chantiers d’insertion sur l’église Sainte-Croix afin de la rénover.
Qui pourrait être porté par la Com-com ?Les équipements sportifs, une commune ne peut pas porter ça. Au même titre qu’une piscine intercommunale, je pense qu’il faut qu’un hall dédié au sport – qui a une vocation plutôt intercommunale que communale – soit porté à l’échelle de la Com-com, voire du Département.
L’hôtel de ville… Est-il prévu qu’un jour la mairie réintègre ce bâtiment ?Je ne suis pas sûr qu’il redevienne le siège de la mairie.
Mais il peut devenir autre chose, c’est tout l’objet du Copil que nous allons lancer. Auquel on va associer un maximum de personnes (commerçants, population, tissu associatif…) pour essayer de trouver un avenir à ce bâtiment.
Savoir ce qu’on veut en faire avant de le rénover.
Autre grand “chantier” sur Aubusson, la démographie. L’opposition en parle régulièrement… Vous avez parlé de logements lors du dernier conseil. C’est un sujet plus départemental, qui n’est pas propre à Aubusson. L’OPAH, l’ORT sont des dispositifs qui sont faits pour attirer justement des personnes, pour réinvestir le cœur de ville. Autre opération importante pour le cœur de ville, c’est le partenariat avec Creusalis. Ils vont reconstruire la maison Lenoir, y faire du logement social et garder le rez-de-chaussée en surface commerciale.
L’un de vos adjoints a parlé d’un débat qu’il faudrait avoir à propos de la vidéo protection…Des gens la demandent. La population vieillissante a besoin de se sentir en sécurité, la gendarmerie nous en parle, donc ça devient un vrai sujet. Mais c’est un sujet tellement sensible, tellement clivant, autant en débattre tous ensemble.
Serez-vous le maire d’un demi-mandat ou envisagez-vous d’être candidat en 2026 ?On parlait du passage de flambeau tout à l’heure : je ne l’ai pas pris pour deux ans. Donc, oui, je me représenterai.
Reconnaissant aussi apprécier des séances plus sereines en conseil municipal : « Mais il n’y avait pas de mal à avoir un climat plus apaisé », lâche celle qui « réfléchit » à se représenter en 2026.« L’ambiance au conseil municipal a totalement changé, abonde Jean-Luc Léger. Aujourd’hui, on est dans le respect réciproque, comme ça devrait d’ailleurs être le cas dans toutes les instances. En tout cas, j’apprécie beaucoup ce nouveau climat, serein et les Aubussonnais aussi. Voilà pour la forme. Sur le fond, on s’était abstenu pour le vote du budget parce qu’il y avait des éléments intéressants : la poursuite du désendettement, les travaux prévus au hall polyvalent et sur l’église. Le maire avait dit qu’il formerait une commission pour l’avenir de l’hôtel de ville… »
"Pour autant, il y a des éléments sur lesquels nous ne sommes pas d’accord comme la pression fiscale. Avec l’augmentation brutale des taux de base par l’État depuis trois ans, une pression fiscale importante n’est peut-être pas le mieux pour accueillir de nouvelles populations. Nous, notre grande priorité, c’est vraiment d’enrayer la chute démographique d’Aubusson : ça devrait être la priorité de chaque instant. On a encore des marqueurs de différence."
Sur lesquels s’appuiera le chef de file de l’opposition de gauche à la prochaine campagne municipale ? « J’ai pris ma décision mais je la ferai connaître plus tard. »
Propos recueillis par Séverine Perrier