À Tulle, des locataires de HLM interdits d'utiliser leurs balcons, dont l'état dégradé pose question
À 16 ans, Matthéo ne joue pas les héros, mais il vient au secours de sa grand-mère, un peu désemparée, chez qui il habite au 8e étage du bâtiment A du HLM de la Botte. Ce mardi 22 octobre, deux autres retraitées sont à ses côtés, elles aussi abasourdies par le courrier reçu voilà quelques jours.
Sur celui-ci, le bailleur social Corrèze Habitat enjoint les locataires de ne plus utiliser les balcons jusqu’à nouvel ordre. « Il s’agit d’une interdiction formelle prise à titre conservatoire », y est-il indiqué, avec pour précision : « Corrèze Habitat déclinera toute responsabilité en cas de non-respect de cette consigne ».Un courrier daté du 14 octobre interdit l’usage des balcons.
Le courrier en main, Matthéo reste interdit. Tout comme Annie, 78 ans, doyenne du bâtiment installée à La Botte depuis 1971, et Colette, 70 ans, qui y réside depuis 1990. « On ne sait que faire. Aucune précision de travaux ne nous a été apportée. On nous dit simplement “on est au courant, on fait le nécessaire”. »
Chutes de gravatsLe visage grave, le petit groupe s’inquiète depuis le parking de l’état préoccupant des fameux balcons. « Je continue à y étendre mon linge, mais je ne suis pas rassurée », confie l’une des retraitées. Juste au-dessus des garages, un petit préau métallique est troué en plusieurs endroits suite à des chutes de gravats. « Ça tombe régulièrement… Il y a 2 ans, quand on avait alerté sur l’état préoccupant du bâtiment, il y avait eu des petits travaux de faits. Mais rien n’a tenu. C’était des cache-misère », lâche Matthéo avec lassitude.
Au HLM de La Botte à Tulle (Corrèze) des locataires dénoncent incivilités et insalubrité
Une fois passée la porte qui conduit dans la cage à escalier, le tableau reste identique : des murs défraîchis d’où se détachent des plaques de plâtre, un ascenseur au fonctionnement très sporadique… « Je ne sais pas si c’est à cause des multiples réparations, mais les charges ont explosé. Cette année, c’était 300 euros en plus », constate le jeune lycéen, inquiet pour le budget qui pèse sur sa grand-mère : « L’isolation pose aussi un grand souci, avec notamment de l’air qui passe sous les portes. »Comme il y a 2 ans, où des pétitions dénonçaient l'état préoccupant du bâtiment, le HLM présente toujours des signes importants de vétusté.
Une fois arrivé dans les appartements, le descriptif des balcons n’est hélas pas usurpé : sur le béton lézardé, des fers à béton rouillés affleurent à certains endroits ; à d’autres, ce sont des parties du béton qui se sont détachées. « Tout ce qui avait été fait quand nous avions alerté est aujourd’hui à refaire », déplore l’un des habitants.
Dans l’expectativeDans son courrier daté du 14 octobre, Corrèze Habitat informe également les locataires que « des devis ont été demandés à des entreprises spécialisées pour procéder au contrôle de la solidité des balcons et, si nécessaire, faire des préconisations en vue de les remettre en état et/ou de les renforcer ». Mais dans l’attente, toutes les interrogations demeurent : quand les travaux vont-ils être réalisés ? Seront-ils possibles ?
« Avec les interrogations au sujet de La Praderie, on se demande même si on ne va pas finir par nous dire de partir », s’inquiète une résidente.
(*) Contacté, Corrèze Habitat n’a pas, au moment où nous publions, donné suite à notre sollicitation.
Julien Bachellerie