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Pour un coup de tronçonneuse dans les dépenses publiques

Michel Barnier prend en charge un pays qui depuis une cinquantaine d’années  a pour pratique de recourir  systématiquement à la dette pour boucler le budget de la nation. Cette dette a fini, évidemment, par devenir considérable, et avec la remontée des taux des crédits son service se trouve en passe de devenir le premier poste du budget de la nation. La Commission européenne s’agaçant  de nos incartades nous rappelle donc, maintenant, à l’ordre, et les agences de notation de la dette commencent à s’inquiéter de notre sort. On voit bien que nous sommes  parvenus au point où le recours à cet expédient pour faire fonctionner notre économie arrive à son terme, et il va donc falloir entreprendre de tailler à la hache dans nos dépenses publiques. Ce rôle ingrat échoit à notre nouveau premier ministre. Nous sommes dans une situation d’urgence où il nous faudrait un homme à la tronçonneuse, comme Javier Milei en Argentine, qui s’attaquerait à nos dépenses publiques à coups de « afuera ».  Mais on a beaucoup de peine à imaginer notre nouveau premier ministre dans ce rôle : il est beaucoup trop policé pour cela et il faudrait déjà qu’il en ait le pouvoir.

 L’assemblée nationale vient de créer une commission d’enquête pour déterminer comment s’explique le dérapage soudain de nos comptes publics : on s’attendait, pour 2024, à un déficit de 4,4 % et l’on nous annonce  qu’il se montera à 6,1 points de PIB. Et deux rapporteurs vont être nommés pour répondre à la question : « Comment nos comptes publics ont-ils pu être coulés par sept ans de macronisme ? ». Voilà donc que nos députés entreprennent, enfin, de s’occuper de nos dépenses publiques qui depuis des années sont  considérablement plus importantes que celles de tous nos voisins, en Europe : il était temps !  Cette question, en effet, est  cruciale car la situation de notre endettement est extrêmement préoccupante. Cela fait plus de 40 ans que la France s’endette chaque année pour boucler ses comptes, et cette situation ne peut plus durer : on va dépenser maintenant plus d’argent pour payer les intérêts de la dette que l’on n’en consacre à l’éducation de notre jeunesse, ce qui est une absurdité totale !

Pourquoi nos dépenses publiques sont elles aussi élevées ?

La France est le pays  qui,  en Europe, a les dépenses publiques les plus élevées, et pour l’instant aucun économiste n’en a fourni la raison. Et c’est d’autant moins compréhensible que pour faire face à toutes ces dépenses nous nous avons un taux de prélèvements obligatoires qui est le plus élevé du monde, une fiscalité très  lourde donc qui asphyxie l’économie du pays. De très nombreux rapports existent qui soulignent la nécessité de réduire nos dépenses publiques, émanant notamment de la  Cour des comptes et du Senat ; et il y a même eu un document de France-Stratégie, en 2014. On ne nous explique jamais pourquoi la France a une telle propension à accroitre chaque année ses dépenses publiques : cela résulte, tout simplement, comme l’a montré une étude récente de la Division des Statistiques de l’ONU, du fait que notre économie, dans la longue période, a des performances très inférieures à celles des autres pays européens.

Nous indiquons, ci-dessous, ce que sont les dépenses publiques dans les différents pays, en les ventilant entre dépenses sociales et dépenses de fonctionnement (investissements inclus) :

On en est à 8 points de PIB de plus que la moyenne européenne. De telles dépenses nécessitent des prélèvements obligatoires extrêmement importants, qui sont les plus élevés d’Europe :

Malgré ce taux très élevé de PO, notre pays se trouve contraint de recourir, chaque année,  à la dette, en sorte que celle-ci n’a  pas cessé de croitre : on est passé de 20 % du PIB en 1974, à 60 % en 2000, et l’on en est maintenant à 111 %.

En 2023, les dépenses publiques se sont montées à 1.617,3  milliards d’euros, et elles se son ventilées de la façon  suivante :

Les économies à réaliser pour équilibrer les comptes

Le budget de la nation s’est bouclé de la façon suivante, en 2023 :

 On voit, sur le tableau ci-dessus, deux postes où nos dépenses sont trop importantes par rapport à la  moyenne européenne : les dépenses de personnel et les dépenses sociales.

On en déduit que les économies à réaliser sont les suivantes :

Il va donc s’agir de faire 169,3 milliards d’euros d’économies, et nos dépenses publiques seraient ainsi ramenées à 1.448 milliards d’euros, soit 51,3 % du PIB, chiffre encore supérieur à la moyenne européenne.

Ainsi, le budget de la nation se trouverait en équilibre. On sait que dans le  PLF du gouvernement, Michel Barbier a prévu 40 milliards d’économies seulement, c’est-à-dire très peu par rapport à ce qui serait nécessaire. L’objectif de ramener le déficit à 3 % du PIB n’est aucunement satisfaisant, car à 3 % il faut encore s’endetter ! Il faut donc aller bien plus loin dans les économies.

Pour ce qui est des dépenses concernant les personnels de la fonction  publique, elles se montent à 347 milliards d’euros, avec des effectifs qui se ventilent de la façon suivante :

Une économie de 64,9 milliards d’euros sur ce poste signifie une réduction des dépenses de 18,7%,  c’est-à-dire une diminution des effectifs d’un million d’agents : c’est un chiffre considérable, et on ne  voit pas comment avec le parlement actuel le gouvernement pourrait s’y prendre pour y parvenir.

Et pour ce qui est des dépenses sociales, qui se sont montées à 872,5 milliards  d’euros en 2023, une économie de 104,4 milliards signifie  une réduction de 12 %, ce qui va être extrêmement difficile à obtenir des députés, vue la façon dont l’Assemblée nationale est constituée.

Tels sont les chiffes auxquels on parvient pour cesser de s’endetter, ceci avec des prélèvements obligatoires qui continueraient à être considérables : 48 % du PIB. Si l’on  avait l’ambition de ramener nos PO au niveau européen il faudrait baisser nos dépenses publiques d’encore un peu plus de 200 milliards d’euros : on en serait ainsi, en matière de dépenses publiques, au taux des Pays-Bas. Mais il est inutile de rêver !

Il faut bien voir que si le gouvernement de notre pays ne parvient pas à réaliser les économies que nous venons de chiffrer, ce sera un jour le FMI qi s’en  chargera, et ce sera extrêmement douloureux pour nos concitoyens.

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