Égalité femmes-hommes : la secrétaire d'État Salima Saa décline ses priorités en Corrèze
La secrétaire d'État en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes Salima Saa est en Corrèze ce vendredi 25 octobre. Une visite qui la conduit de Chameyrat à Sainte-Fortunade en passant par Objat et Brive. Rencontre avec l'ancienne préfète du département, venue prendre le pouls sur le terrain et faire remonter les besoins en matière d'égalité.
Pourquoi avoir choisi la Corrèze comme premier déplacement en Province ? C'est un département dans lequel j'ai été préfète et auquel je suis extrêmement attachée. C'était important pour moi de mettre en lumière les femmes du milieu rural, les femmes agricultrices. Il y a des spécificités aux femmes quand elles travaillent dans les fermes comme ici et c'est important d'être à leur contact, de les écouter, de comprendre leurs difficultés. J'ai rencontré des jeunes femmes motivées pour reprendre des exploitations, qui sont accompagnées par la Chambre d'agriculture composée ici de manière assez égalitaire.
Que ressortez-vous de ces échanges ? Il reste encore des freins comme elles l'ont dit. Des freins psychologiques avec parfois moins de crédibilité qu'un homme quand elles vont voir le banquier. Il y a aussi un sujet que je ne mesurais pas : c'est l'adaptation des machines agricoles aux femmes. Je pense que les fabricants de ces machines doivent s'accompagner d'ingénieures femmes pour prendre en compte les corpulences et adapter les machines aux femmes. On aura alors fait de gros progrès. Autre marge de progrès, l'aide à la gestion des enfants, à l'accès aux soins, aux services publics, il faut développer le "aller vers".
Vous êtes aussi venue aujourd'hui parler de violences faites aux femmes, tristement illustrées ces jours-ci par le procès des viols de Mazan ? Que va-t-il en sortir selon vous ? Les violences faites aux femmes est un sujet majeur qui nous touche tous les jours et ce procès Mazan choque tout le monde à la fois avec ce sentiment d'horreur, de dégout et de stupéfaction. Ça met en avant la soumission chimique, la notion du consentement et s'il doit y avoir un débouché politique à ce procès, c'est de travailler sur cette définition du viol.
Êtes-vous favorable à introduire la notion de consentement dans la loi ?
On y travaille avec le Garde des sceaux. Il faut être prudent sur la rédaction et que ça reste dans l'intérêt des victimes. C'est ça la préoccupation : être prudent sur la façon dont ça va être écrit dans le texte afin que les victimes restent toujours protégées.
La maison de soie à Brive accueille des victimes de violences intrafamiliales
Comment faire en sorte que les plaintes pour violences sexuelles soient davantage poursuivies ? Il y a un sujet sur le recueil de preuves et un sujet sur le montage des dossiers. Je souhaite travailler sur une meilleure formation des forces de l'ordre ou des associations qui accueillent ces victimes pour que les dossiers soient bien montés et permettent d'aller au bout de la procédure.
Faut-il éduquer les garçons différemment aujourd'hui ?
L'éducation pour moi, c'est le sujet phare. Il ne s'agit pas uniquement des garçons mais il s'agit d'éduquer tout le monde. Il y a cette loi de 2001 avec ces trois séances scolaires obligatoires, qui n'est pas appliquée. Je travaille avec la ministre de l'Éducation nationale pour les mettre en place. Pour moi, ça passe vraiment par l'éducation et le triptyque : protéger, éduquer et agir.
La cause de l'égalité entre les hommes et les femmes peut-elle être freinée par des restrictions budgétaires ?
La bonne nouvelle pour mon secrétariat d'État qui est un secrétariat d'État de combat, c'est que j'ai réussi à avoir une augmentation de budget de 10%. On va continuer le combat et les actions.
Concernant les associations, on va en discuter aussi avec le préfet en charge des enveloppes départementales, pour les financer, mais aussi évaluer les actions, corriger ce qui ne fonctionne pas, continuer celles qui fonctionnent. C'est important d'évaluer, car c'est de l'argent public.
Recueillis par Laetitia Soulier