Brigitte Maccioni (UGC) : " Le cinéma français a tous les atouts pour se projeter vers l'infini "
" Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout ", disait le réalisateur Jean-Luc Godard. Et c'est bien de septième art qu'il s'agissait ici, le 10 octobre 2024 à l'Accor Arena, lors du passage de Brigitte Maccioni sur la scène du Bang. La PDG du groupe UGC y a exposé son point de vue sur son secteur d'activité au regard du progrès, la thématique de l'événement. Extraits.
Les films et les séries peuvent avoir un impact dans la vie réelleVous êtes-vous déjà identifié à un personnage de film au point de vouloir lui ressembler ? Avez-vous déjà pris une décision personnelle après qu'une projection vous ait touchée ? Le cinéma a-t-il déjà participé à forger votre opinion sur un sujet de société ?
Si oui, vous avez déjà expérimenté l'impact du cinéma dans la vie réelle. Et pas seulement à l'échelle d'une personne, mais aussi parfois d'un pays. Sur la scène du Bang, Brigitte Maccioni prend notamment l'exemple du film Les Chatouilles, d'Andréa Bescond, sorti en 2018 et produit par UGC. " Ce film a permis de faire évoluer la loi, portant à trente ans le délai de prescription applicable aux crimes sur mineurs ", rappelle l'intéressée.
Le cinéma, un vecteur de progrès ? " Une arme d'émotion massive ", dirait l'acteur Vincent Lindon. Un avis partagé par la présidente directrice générale, pour qui le cinéma est capable tantôt d'alerter, tantôt de soulever les coeurs et les esprits... en un mot : d'émanciper. " C'est un instrument du progrès ", affirme-t-elle, recommandant au passage le documentaire Tehachapi de l'artiste multidisciplinaire JR, une expérience artistique réalisée avec les détenus de cette prison de haute sécurité américaine.
Dans le secteur du cinéma, le modèle français est gagnant
Le cinéma en France, en 2023, c'est 180,4 millions d'entrées, soit + 18,6 % par rapport à 2022, selon cette étude du CNC. Et 2024, sans doute, ne sera pas timide, avec des triomphes tels qu'Un p'tit truc en plus, réalisé par Artus, qui a dépassé la barre symbolique des 10 millions d'entrées cet été, ou encore le Comte de Monte-Cristo, qui a quant a lui dépassé les 9 millions d'entrées. Le cinéma français est aussi leader en Europe : en comparaison, le marché allemand a enregistré 100 millions d'entrées en 2023, ce qui signifie que son homologue français a beaucoup mieux performé que l'Allemagne sur l'année 2023, selon cette étude du CNC. Le cinéma français s'exporte également, avec 37,4 millions d'entrées enregistrées pour les films tricolores à l'étranger en 2023, soit + 38,5 % par rapport à 2022, selon cette étude Unifrance.
Brigitte Maccioni l'assure : la bonne forme de notre 7ème art est favorisée, d'une part, par une politique volontariste de l'Etat dans le secteur du cinéma, preuve qu'un investissement stratégique dans la culture peut avoir un impact global. Et, d'autre part, par la capacité de tous les acteurs du secteur à s'adapter constamment à de nombreuses évolutions du marché : les nouvelles technologies et l'émergence des plateformes numériques en sont quelques exemples. " Le cinéma français a toujours su s'emparer avec réussite du progrès technologique ", établit la cheffe d'entreprise, qui rappelle toutefois que dans cette industrie, le succès n'est jamais garanti.
L'intelligence artificielle est une opportunité pour le cinéma français
Brigitte Maccioni voit d'un bon oeil l'avènement de l'intelligence artificielle dans le cinéma. Selon elle, son utilisation représente une opportunité supplémentaire, pour le cinéma français, de s'ouvrir davantage au marché mondial. " Nous sommes à l'aube d'une aventure extraordinaire ", résume-t-elle.
Que va permettre l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le cinéma ? Par exemple, de s'affranchir des contraintes liées au langage et au sous-titrage. Des outils existent déjà. Il est désormais possible de générer automatiquement des sous-titres, réduisant le temps et les efforts pour les intégrer manuellement. Mais aussi, de traduire plus aisément ces derniers dans plusieurs langues sans en dénaturer le sens originel, tout en élargissant les fonctionnalités d'édition et la qualité de la synchronisation avec l'audio. Dans ces domaines, la technologie va continuer de s'améliorer.
Brigitte Maccioni souhaite aussi que l'utilisation de l'intelligence artificielle aide le cinéma français à embrasser certains genres de cinéma sur lesquels elle estime que " nous nous aventurons encore trop timidement " comme la science-fiction, l'heroic fantasy ou le film de guerre. Ces genres sont en effet plutôt réservés à l'heure actuelle au cinéma anglo-saxon, dont les marchés, plus conséquents, permettent d'amortir ces productions parfois très coûteuses. L'intelligence artificielle pourrait changer la donne, mettant entre les mains des cinéastes français des outils leur permettant d'élargir leurs ambitions créatives. Comment ? Il pourra s'agir d'aide à la création d'effets visuels (VFX), d'animation et de motion capture... le champ des possibles est large.
Oui, le cinéma français a tous les atouts pour se projeter, et la présidente directrice générale du groupe audiovisuel est là pour confirmer son enthousiasme. L'intéressée, qui rappelle que le cinéma est un art populaire, conclut son intervention par la célèbre expression du personnage Buzz l'éclair de la saga Toy Story, qu'elle appelle de ses voeux : " Vers l'infini et au-delà ! "
Sources :
CNC :
Bilan 2023 du CNC | CNC
A 181 millions d'entrées, la fréquentation des salles en 2023 confirme sa forte dynamique | CNC
Unifrance :
Chiffres et tendances du cinéma et de l'audiovisuel français à l'international en 2023 - Unifrance
Cet article a été publié initialement sur Big Média Brigitte Maccioni (UGC) : " Le cinéma français a tous les atouts pour se projeter vers l'infini "