La dignité des familles des deux victimes cantaliennes des attentats de Beyrouth
Deux familles soudées face à un monument aux morts. Le matin à Saint-Cernin, l’après-midi à Polminhac. Celles de Jean-Pierre Meyer et de François Raoux, deux parachutistes cantaliens morts lors de l’attentat de l’immeuble Drakkar, à Beyrouth, le 23 octobre 1983.
Un immeuble soufflé par l'explosionCe dimanche-là, aux alentours de 6 heures, les murs qui accueillent 99 parachutistes français en opération extérieure et une famille libanaise au rez-de-chaussée tremblent sous l’explosion. Les planchers s’effondrent. Huit étages disparaissent dans un souffle. Un bilan lourd : 58 morts, quinze blessés, les cinq enfants et l’épouse du concierge libanais tués.
Un vétéran creusois se souvient
La télévision relaie l’information : quelques instants auparavant, un autre attentat a visé le casernement des Marines américains, toujours à Beyrouth.
Jean-Pierre Meyer, mort pour la FranceLes familles cantaliennes apprennent ainsi la nouvelle et attendent, les sauveteurs continuant la recherche de survivants. Jusqu’à l’annonce du décès.
« On l’a su la nuit d’après, les gendarmes et le colonel nous ont réveillés pour nous l’apprendre, ça a été un choc », se souvient Bruno Meyer, l’un des frères de Jean-Pierre. Il avait 16 ans ; Jean-Pierre, 19. « On est une fratrie de cinq enfants, une famille modeste, un besoin d’argent et Jean-Pierre est parti pour cette première et dernière opération, il avait le goût de l’aventure, l’envie de voir autre chose. Je me souviens quand je l’ai vu la dernière fois, ici, à Saint-Cernin. » La maman, Madeleine, 86 ans, est là, soutenue par ses enfants pour l’hommage. Digne.
François Raoux, mort pour la FranceTout près d’eux, une famille qu’ils ont rencontrée lors de l’hommage aux Invalides, après l’attentat. Celle de François Raoux, l’autre Cantalien mort pour la France et originaire de Marmanhac. « Il allait avoir 21 ans et il est mort le jour des 20 ans de Daniel », expliquent Isabelle et Pascal devant leur frère, Daniel. Là aussi, une fratrie de cinq. François envisageait une formation d’ébéniste. Et il a accepté l’opération extérieure au Liban. Les deux Cantaliens sont partis en septembre 1983. Il est porté disparu jusqu’au mercredi. Le papa, parachutiste, les prépare au pire. Le jeudi matin, ils savent. Aux Invalides, les deux familles cantaliennes se soudent. Elles se retrouvent depuis, 41 ans après, chaque année, à Saint-Cernin et à Polminhac, autour des autorités militaires et des représentants de la préfecture, du Département, des communes et de l'Union régionale des parachutistes d'Auvergne, pour honorer la mémoire de leurs disparus, ce 23 octobre 1983.
Texte : Magali RochePhotos : William Duran