Du passé, l’Occident fait table rase
Les archéologues du grief qui veulent nous débarrasser du passé deviennent invariablement et paradoxalement ses prisonniers, observe le sociologue Frank Furedi, dans un livre qui s’attaque aux idéologies décoloniales en vogue et à la « cancel culture ».
Frank Furedi est un sociologue britannique d’origine hongroise, professeur émérite à l’université de Kent. Il a entrepris l’écriture de son livre[1] après avoir assisté, à distance, au déboulonnage de la statue d’Abraham Lincoln à Portland en octobre 2020, par une foule lyncheuse cherchant à prendre sa revanche sur le présent en esquintant le passé. Malgré l’absence de coordination et de déclaration de guerre, c’est bien d’une guerre contre le passé qu’il s’agit. Jonathan C.D. Clark, dans Our Shadowed Present (2004), voit dans cette attaque du passé une entreprise de « déshéritement historique ». Frank Furedi parle d’archéologie des griefs pour décrire ce processus de délégitimation du passé qui vise à le reconditionner en fonction des valeurs et objectifs des politiques identitaires actuelles. Les enfants et adolescents sont les cibles principales de cette entreprise d’éloignement moral de l’héritage culturel, favorisée par un « climat » culturel qui rencontre peu de résistance. Les élites occidentales ont peu fait pour défendre leur héritage historique. Elles l’ont souvent renié et ont été à l’avant-garde de son éradication.
Un long processus de détachement du passé
Jusque récemment, la gauche et la droite cherchaient à interpréter le passé pour nourrir leur idéologie, en y cherchant des traces validant leurs positions. Au 19ème siècle, le passé cessa d’être vu comme une réserve de solutions pour le présent, avec l’émergence d’un culte de la jeunesse qui s’est vite imposé au tournant du 20ème siècle. On perçoit alors le passé comme un obstacle à la poursuite du progrès et l’on se prend à rêver d’un nouveau monde, remodelé selon des principes scientifiques. Après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale l’histoire, pour les élites, n’avait plus rien de positif à dire à la société. Les idéaux et valeurs dans lesquels elles avaient été socialisées avaient perdu tout sens. Durant les premières décennies du 20ème siècle, gauche et droite firent, chacune à leur manière, la promotion d’un homme nouveau (Trotski et Hitler). La distanciation du passé fut graduelle jusqu’à la fin des années 1960, mais, avec les années 1970, les attaques se firent plus explicites.
Frank Furedi découpe cette évolution en quatre phases :
- Perte de pertinence du passé pendant le 19ème siècle ;
- Le passé est un obstacle au présent : idée qui apparaît à la fin du 19ème siècle, gagne en influence après la Première Guerre mondiale et trouve un nouvel élan après la Seconde ;
- Le passé est principalement malveillant : dans les années 1960-70 se développa une méfiance à l’égard du passé qui fut redirigée vers le statut d’adulte avec, en parallèle, une obsession de l’identité. La montée de la contre-culture des années 1960 fut propice à la dévalorisation du passé ;
- Le passé représente un danger : Il serait une menace pour le présent. Tout est à jeter jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (Bald Old Days). 1945 est, en quelque sorte, l’année zéro. Mais ce passé continuerait de contaminer le présent et de blesser les minorités. En cherchant dans le passé les sources d’un malheur actuel, on le réintroduit dans le présent, tout en prétendant s’en détacher. C’est tout le paradoxe de vouloir à la fois rompre avec le passé et lui régler son compte.
L’idéologie « Année Zéro »
Dans le passé, cette idéologie désignait la naissance de quelque chose de nouveau. Ce fut l’objectif de la Révolution française, de celle des Khmers rouges en 1975 et d’une certaine manière de la Révolution américaine qui voulait créer un nouveau monde. Aujourd’hui cette idéologie a tourné son regard vers l’arrière. Elle cherche à éliminer les influences du passé et à s’en venger au nom des maux contemporains qu’il aurait engendrés. Le mouvement décolonial, qui réduit l’héritage occidental à une histoire de domination et d’oppression, est l’agent le plus performant de propagation de l’idéologie « Année Zéro ». Aristote n’aurait été qu’un raciste qui continue de sévir, la Déclaration d’indépendance des États-Unis, une charte d’esclavagistes, le colonialisme, le précurseur de la Shoah… C’est un mouvement qui résonne avec l’esprit du temps et a muté dans une rhétorique pouvant s’appliquer à n’importe quoi. Il a même servi à justifier les massacres d’Israéliens le 7 octobre 2023.
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La continuité historique, cet élément décisif de la construction identitaire, est devenu un fléau et son rejet n’est plus réservé à une élite progressiste. La création de l’Union européenne a concrétisé cette idéologie « Année Zéro » sans avoir à en parler tant celle-ci était déjà prégnante, bien avant le mouvement décolonial et la guerre culturelle.
Anachronisme et présentisme, outils de fabrication d’un éternel présent
L’anachronisme marche dans les deux sens, soit pour légitimer le présent, soit pour condamner le passé. Il lit l’histoire à l’envers et ne voit dans le passé que son reflet. Il transporte des concepts à la mode dans des époques où ils n’avaient aucun sens. Ainsi, la tenue de Jeanne d’Arc aurait-elle manifesté son identité non binaire[2] ! Il arrive que des archéologues refusent de classer par sexe des os, car ils ne savent pas comment les gens à qui ils appartenaient se seraient identifiés eux-mêmes. Certaines œuvres se voient soumises à une réécriture. Ce fut le cas du Titus Andronicus de Shakespeare, mis en scène au Globe Theatre de Londres en 2023, par Jude Christian. Ce dernier avait à cœur de dévoiler le racisme masqué par la langue de Shakespeare. En manipulant l’histoire de manière sélective, les théoriciens critiques de la race ont cherché à faire de la blanchité (whiteness) un crime culturel perpétuel.
Le présentisme[3] coïncide avec l’érosion de l’orientation positive vers l’avenir des sociétés occidentales et permet de recycler les inquiétudes contemporaines. Le passé n’est qu’un appendice du présent. Le présentisme permet de cultiver une supériorité morale à défaut d’aider à redresser les injustices actuelles. Richard Dworkin parle à ce propos d’anachronisme moral. L’histoire devient un instrument d’autosatisfaction narcissique. En faisant de leur métier une archéologie des griefs revenant à confirmer leurs a priori, dans une grotesque parodie de justice, les historiens présentistes anéantissent toute idée de progrès. C’est aussi le présentisme qui nourrit la culture de l’annulation. Il fait de l’héritage historique un terrain de jeu pour militants narcissiques en colère. Ainsi, l’élu local « Vert », Ian Driver, se filma-t-il en train d’écrire sur le mur du Musée Charles Dickens : « Dickens racist » !
Politisation de l’identité
Le passé a été transformé en un territoire sans frontières où les injustices attendent qu’on les découvre pour valider l’autorité des groupes se déclarant victimes. C’est dans les années 1950 que l’identité devint un idiome récurrent permettant de se comprendre soi-même. C’est aussi la période pendant laquelle le sens de la continuité morale céda le pas à un sentiment de déconnexion. Les sociétés occidentales n’ont plus de récit convaincant pour socialiser les enfants, d’où le développement de crises identitaires chez les jeunes. Avec les années 1970, l’identité individuelle fusionne avec l’identité groupale qui exige une reconnaissance continuelle dans les institutions et les rituels. L’obsession même de l’identité est un symptôme d’insécurité. La demande de reconnaissance et la recherche d’injustices historiques, comme forme de thérapie collective, sont donc sans fin. À partir de la fin des années 1980, s’y ajouta la demande d’invalidation de l’identité des opposants soutenue par le mouvement décolonial qui connut un certain succès grâce à l’appui des élites culturelles et économiques occidentales. Ces dernières se sont volontairement distanciées du passé et ont adopté des programmes DEI (diversité, équité, inclusion). Il est courant que certaines institutions prestigieuses s’échinent à rechercher leurs méfaits passés. Ainsi, dans son rapport de 2020, le National Trust, qui a en charge la conservation du patrimoine, dresse, à propos de Chartwell, l’ancienne résidence de Winston Churchill, un portrait très négatif de son propriétaire: un méchant impérialiste sans cœur. Ce dernier fut d’ailleurs traité de nazi par le mouvement Black Lives Matter. Comme avec Shakespeare, s’en prendre à Churchill, c’est viser l’identité britannique. De même, il n’y aurait rien à retenir de la démocratie athénienne si ce n’est son oppression des femmes, sa masculinité toxique et sa pratique de l’esclavage.
Le concept de blanchité, aujourd’hui d’usage courant, fut inventé par les théoriciens critiques de la race qui racialisent l’histoire et éternisent ainsi l’identité des blancs en lui donnant une connotation négative. D’ailleurs, « trop blanc » est une expression devenue synonyme de toxique, répugnant, problématique. C’est ainsi que l’identité juive est perçue comme une identité hyper-blanche, perception à l’origine d’un antisémitisme propre au 21ème siècle. Un privilège juif serait ainsi une déclinaison du privilège blanc.
La politisation des identités conduit chaque groupe identitaire à se découvrir dans les contextes les plus improbables. On impose ainsi à des morts une identité qu’ils sont bien en peine de contester. Comme l’écrit Frank Furedi, même les Soviétiques n’ont pas osé faire de Spartacus un commissaire politique en puissance. Cette recherche de validation identitaire incessante dans le passé perpétue un état de souffrance qui empêche toute réconciliation avec ce qui vous arrive sous peine d’annihilation.
Le contrôle de la langue pour invalider le passé
Si les langues évoluent avec le temps, c’est autre chose d’imposer des mots de l’extérieur pour transformer la vision que les gens ont du monde. Déclarer inacceptable l’usage de certains mots affecte la capacité de se souvenir de ce qu’ils signifiaient. C’est remettre en cause les valeurs culturelles qu’ils exprimaient et contribuer ainsi à une amnésie sociale visant à transformer les attitudes culturelles et les normes en vigueur. Frank Furedi raconte son expérience de la chose lorsqu’il se rendit à l’hôpital où sa mère avait été conduite après un AVC. Alors qu’il se présenta comme son fils, il fut enregistré comme « carer » (aidant). L’archevêque de York, lui-même, trouve problématique le début de la prière « Au nom du père ». Elle pourrait rappeler les pères abusifs !
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Certains mots sont ainsi déclarés « outdated », c’est-à-dire périmés. Mais cette qualification a elle-même pris une tonalité morale synonyme d’offensant, de problématique. Des guides des bons usages linguistiques, proposant des listes de mots préférés à ceux jugés problématiques, se sont multipliés. La Colombie britannique considère que mégenrer quelqu’un est une violation des droits humains pouvant conduire à la perte de son emploi. Sont déclarées problématiques des œuvres parce que vieilles. Si bien qu’elles sont de plus en plus souvent accompagnées d’avertissements inutiles et infantilisants. Ainsi prévient-on le lecteur potentiel de The Sun Alson Rise d’Hemingway paru en 1926 que ce livre « reflète les attitudes de l’époque ». Comment pourrait-il en être autrement ? Certains livres sont rangés dans des lieux inaccessibles, ou carrément supprimés des bibliothèques, quand ils ne sont pas réécrits lors de nouvelles éditions. Les livres pour enfants sont particulièrement visés avec des avertissements qui les empêchent de se faire une idée par eux-mêmes et les conditionnent. Cela vaut pour la déclaration d’Indépendance des États-Unis qui exprimerait des vues périmées, biaisées et offensantes, laissant croire ainsi que la nation a été viciée dès son origine. À l’Université Brandeis, le mot « picnic » a été banni pour avoir été associé au lynchage des Noirs. En Australie, en 1995, dans la crèche de l’université La Trobe, 20 mots ont été bannis, dont « garçon » et « fille ». Tout usage de ces « mots sales » entraîne une amende à glisser dans une boîte à cet usage. Au Royaume-Uni, une association de lutte contre le cancer a décidé de renommer le vagin « bonus hole » (trou de la prime ?)!
Cette entreprise d’estrangement par la langue, qui fausse la capacité à se rappeler du passé, de son enfance, fait obstacle à la communication entre générations.
Déshériter les jeunes de leur passé
Pour John Dewey en 1922, comme pour ses disciples aujourd’hui, il fallait libérer l’éducation du passé et apprendre, au contraire, aux enfants à contester des normes et pratiques dépassées. Le psychiatre Brock Chisholm, premier directeur de l’OMS de 1948 à 1953, voulait qu’on libère les enfants du poids du contrôle des adultes qui s’étaient tellement trompés. Avec la déclaration de guerre au passé du tournant du 21ème siècle, les écoles ont connu un degré d’endoctrinement sans précédent qui a peu attiré l’attention, restée concentrée sur la culture de l’annulation. Il a fallu le confinement, lors du Covid, pour que les parents se rendent compte de l’étendue de l’endoctrinement de leurs enfants, que l’on encourage à se croire plus éclairés que leurs parents arriérés. Aux États-Unis, des parents se sont mobilisés et ont fini par gagner des soutiens politiques. En 2021, la révolte des parents en Virginie a conduit à la défaite électorale du gouverneur démocrate Terry McAuliffe.
Le « décolonialisme » a envahi les salles de classe, au détriment de la littérature classique, mais pas seulement. Pas de pause lors des repas à la cantine pendant lesquels on explique aux enfants l’origine des aliments. À Londres, le National Education Union a déclaré en 2021 qu’il fallait décoloniser tous les sujets à tous les niveaux, y compris les sciences qui doivent être l’occasion pour l’enfant d’explorer son identité. Charles Clarke, ancien Secrétaire d’Etat à l’éducation du Labour, déclarait en 2003 à l’University College de Worcester que l’histoire médiévale était un gaspillage d’argent public. Un critère de pertinence a ainsi remplacé l’idée selon laquelle l’étude du passé était un moyen de cultiver une vue commune du monde. L’emphase mise sur l’expérience vécue par les élèves conduit à leur enseigner une version du passé qui reflète leur vie présente au lieu d’apporter des réponses aux questions qu’ils ne se sont pas encore posées.
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Pire, il ne suffit pas d’éloigner les enfants du passé, il faut leur apprendre à le noircir et à s’en méfier. Dans leur rapport fondé sur une enquête auprès de 300 enseignants britanniques, les chercheurs Michael Hand et Jo Pearce préconisent de présenter le patriotisme comme une question controversée. Pour certains historiens, la fierté qu’éprouvent les Britanniques à propos du comportement de leur pays pendant la Deuxième Guerre mondiale reposerait sur un mythe. Comment s’étonner alors que des élèves de l’école Pimlico Academy au sud de Londres aient demandé et obtenu en 2021 que soit enlevé l’Union Jack. Ils furent même félicités par le directeur qui les a trouvés courageux et intelligents !
Pour l’historien Yuval Noah Harari, l’Ancien Testament serait la source de l’irresponsabilité environnementale. Dans The Guardian, en 2022, il déclarait qu’apprendre l’histoire devrait servir à s’en libérer et non à s’en souvenir. On est loin de la conception de Gibert K. Chesterton pour qui « l’éducation est simplement l’âme d’une société qui passe d’une génération à la suivante » (The Observer, 6/7/1924).
Dans la conclusion de son livre, Frank Furedi met en garde contre cette guerre contre le passé : « Paradoxalement, ceux qui veulent se débarrasser du passé deviennent invariablement ses prisonniers ». Se priver de la perspicacité acquise au fil des essais et erreurs des siècles précédents, c’est remettre en cause le statut de l’humanité tout entière. Si tout a été mauvais avant pourquoi en irait-il autrement dans l’avenir ? Cette diabolisation du passé favorise un éloignement de la sensibilité humaine et, dans ses formes les plus extrêmes, la perception de l’humanité comme une nuisance menaçant la survie de la planète. Elle conduit aussi au fatalisme et à la dilution de la notion de responsabilité.
Au purgatoire présentiste, les gens ont du mal à forger les liens essentiels à la solidarité sociale. Et, « quand on oublie ce qui nous a fait, ce que nous sommes et ce qui nous lie, la société ne peut malheureusement que se fragmenter et se polariser. » Le passé représente un fonds d’expérience humaine à travers lequel l’humanité a été forcée de se confronter aux horreurs dont elle porte la responsabilité mais il est aussi une source d’apprentissage à faire le bien. C’est en Europe que les idées de liberté et de libre arbitre ont pris racine. Bien des figures historiques critiquées aujourd’hui furent déterminantes dans le développement d’un comportement civilisé associé à l’épanouissement moral de l’humanité. Notre monde d’aujourd’hui est bien plus influencé par l’esprit démocratique d’Athènes que par son recours à l’esclavage.
Cet héritage doit être protégé de l’assaut des archéologues du grief à la recherche d’une punition collective. « Notre rôle est d’apprendre des expériences passées et pas de les soumettre à une expérimentation idéologique et politique rétrospective […] Les jeunes qui grandissent avec un lien fragile et trouble du passé sont les pertes humaines de la guerre contre le passé ».
Avec un livre pareil, il n’y avait aucune raison pour que Frank Furedi échappe à la culture de l’annulation. Alors qu’il devait venir présenter son livre dans la librairie PiolaLibri à Bruxelles, il reçut un email du libraire annulant l’événement. Ce dernier ne pouvait avoir lieu en raison des connotations politiques qu’il aurait nécessairement prises, contraires à la vocation inclusive de la librairie[4] ! Manifestement pas pour tous les points de vue.
THE WAR AGAINST THE PAST Why the West Must Fight For Its History, Frank Furedi, Polity, 2024, 382 p.
Cet article a été publié sur le blog de Michèle Tribalat.
[1] THE WAR AGAINST THE PAST, Why the West Must Fight For Its History (Polity, 2024)
[2] Il en irait de même du roi Arthur, héros légendaire de la littérature occidentale, LGBTQ avant l’heure, d’après un Conseil régional gallois. Il se serait déguisé en fille pour approcher une jeune fille. « Queering the Past », Mark Tapson, Frontpage Magazine, 21/10/2021.
[3] D’après Frank Furedi, ce concept aurait été inventé par François Hartog en 2017. Rappelons néanmoins que ce dernier eut un précurseur : Pierre-André Taguieff, dans son livre L’effacement de l’avenir, publié en 2000 aux éditions Gallilée.
[4] https://www.spiked-online.com/2024/09/26/why-did-a-brussels-bookshop-cancel-my-book-launch
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