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La thérapie Vojta reste méconnue en France, alors qu’elle a fait ses preuves ailleurs

Alors qu’il cherchait à développer un traitement pour les enfants atteints de paralysie cérébrale, le professeur Vàclav Vojta, médecin en neurologie et neuropédiatre tchèque, découvre un nouveau principe de rééducation qu’il nomme "la locomotion réflexe". Il met alors une méthode de soin portant aujourd’hui son nom : la thérapie Vojta. C’était en Allemagne, dans les années 1970.

Aujourd’hui, la thérapie Vojta a fait ses preuves dans le monde entier, du nourrisson à l’adulte. De nombreuses études scientifiques attestent de ses effets bénéfiques. De ce fait, en Allemagne, elle est reconnue par les caisses d’assurance maladie. En France, cette thérapie demeure très peu connue. Moins d’une dizaine de masseurs-kinésithérapeutes l’exercent. L’une de ces professionnels, à Clermont-Ferrand, Guillemette Moreau-Pernet, est devenue présidente de l’association Vojta France. Elle nous éclaire sur cette thérapie.

Quel est son principe de base ?

"Il s’agit d’améliorer le comportement musculaire et le tonus postural par l’intermédiaire du cerveau. La thérapie stimule le cerveau l’aidant ainsi à activer des programmes moteurs, c’est-à-dire des mouvements innés, puis à acheminer ces informations jusqu’ à la musculature."

Comment ?

"Cette technique manuelle consiste à aller chercher les zones d’appui décrites par le Pr Vojta ; une fois repérées, on maintient un appui et on observe. Nos yeux scrutent la surface du corps du patient, à la recherche de contractions musculaires. Le système nerveux sensitif envoie via les nerfs jusqu’au cerveau cette information d’appui qui arrive dans des zones cérébrales spécifiques du déclenchement du mouvement. À l’origine d’une motricité inconsciente, involontaire."Cette technique manuelle consiste à aller chercher les zones d’appui décrites par le Pr Vojta ; une fois repérées, on maintient un appui et on observe.

Et ensuite quelle conséquence cela a-t-il ?

"Ce stimulus des points d’appui jusqu’au cerveau déclenche de manière autonome des programmes moteurs dont le « ramper réflexe » et le « retournement réflexe ». On va ainsi actionner des connexions synaptiques qui à force d’être recrutées, deviennent une nouvelle voie conductrice de l’information motrice. C’est comme si on créait une nouvelle route."

Quels effets concrets obtient-on ?

"Selon la pathologie, on peut obtenir une évolution positive de la posture, et de la motricité spontanée. Par exemple, chez les nourrissons, les différentes connexions du système nerveux central sont souvent mal exploitées, mais sont bien disponibles. On peut ainsi activer la motricité idéale de l’individu. La thérapie est en ce sens un outil remarquable. Le kiné devient “l’allumette” qui permet au cerveau d’autocorriger la fonction locomotrice du patient. D’où l’importance de pratiquer la thérapie dès la naissance. Le plus tôt sera le mieux dans tous les cas."

Pour qui est-ce indiqué ?

"Du nourrisson, en passant par l’enfant, l’adolescent, à l’adulte, au vieillard… Avec une contre-indication pour les femmes enceintes, les personnes ayant de la fièvre, ou encore dans le cadre de cardiopathies sévères." 

Quelles pathologies ?

"Pour toute personne souffrant de pathologies neuromotrices : paralysie cérébrale, maladie de Parkinson, sclérose en plaques, myopathies, ou plus simplement orthopédiques de torticolis congénitaux, dysplasie de hanche, entorses, énurésie, sciatiques…"

Pouvez-vous donner deux exemples de cas qui ont eu un bénéfice dans votre pratique ?

"Un enfant avec une paralysie cérébrale, à 11 mois, pour lequel nous avons réussi, avec les parents, à corriger sa posture et toute la motricité. Aujourd’hui, il a 7 ans et il fait du tennis. Il a gardé une démarche un peu particulière. On a changé son devenir. Une dame atteinte de la maladie de Lyme qui souffrait d’une très grande fatigue avec perte d’équilibre, difficultés motrices au quotidien. Les séances lui ont permis d’avoir des bénéfices l’autorisant à refaire de la randonnée."

Pourquoi cette technique est-elle si peu connue en France ?

"Probablement pour des raisons géopolitiques. La thérapie Vojta est née dans un contexte d’après-guerre, en Allemagne, dans les années 1950 à 1970… En France, les soins kiné chez les enfants se développent plus tard. Dans les écoles de kinésithérapies françaises, c’est le NEM (Niveau d’évaluation motrice) du kinésithérapeute Michel Le Métayer qui est enseigné comme approche de rééducation pour les enfants. La barrière de la langue n’a pas aidé non plus à l’émergence de cette technique."

Qui est Vàclav Vojta ?

Découvreur de la locomotion réflexe et créateur du diagnostic et de la thérapie Vojta, le professeur Vàclav Vojta est neurologue et neuropédiatre tchèque. Il a immigré en Allemagne en 1968, où il a travaillé à l’hôpital universitaire orthopédique de Cologne et au centre pédiatrique de Munich avant d’enseigner à nouveau à Prague, à partir de 1990.

Michèle Gardette

michele.gardette@centrefrance.com

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